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Art de vivre

La petite histoire du fétichisme des nombrils

Les ombiphiles sont des adorateurs du nombril, qui voient en lui un mini vagin à remplir d’un pollen doré. Vous y penserez la prochaine fois que vous crierez « Pillsbury » en enfonçant votre doigt dans un nombril.

Dans le livre Guide To Getting It On, l'auteur Paul Joannides rappelle qu'un fétiche est utilisé pour s'exciter et jouir. Il compare l'exaltation provoquée par le fétiche au sentiment d'une personne affamée, assise à table et rassasiée simplement à jouer avec une serviette en papier. Une portion de la population trouve effectivement son plaisir non pas sous les draps avec leur voisin, mais grâce à un objet en particulier, comme des souliers en faux cuir vert tendre qui sentent les marguerites, un scénario ou une partie du corps, qui sont alors investis de qualités érotiques. C'est le cas du nombril, qui, en 2012, était le deuxième fétiche le plus populaire sur le moteur de recherche Google.

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Une obsession qui remonte à la Bible

Dans le Cantique des cantiques, le passage de la Bible le plus répété lors des mariages, le nombril était déjà célébré : « Ton nombril est une coupe arrondie, où le vin aromatisé ne manque pas. » Depuis, il inspire des poètes et auteurs à déclarer leur audace. Par exemple, la poète May Swenson écrivait dans Little Lion Face, publié dans le recueil In Other Words, en 1987 : « Maintenant j'ose toucher ton cou gonflé, poser des lèvres attentionnées sur des pétales lisses, et remplir d'un pollen doré ta coupe nombrillique. » Ou encore, l'auteur Jay Hahn-Lonne qui a écrit Navel Revue, un essai sur sa propre obsession des nombrils. L'actrice Keira Knightley est aussi certaine que son nombril lui a mérité le rôle de Juliet dans Love Actually, grâce au cinéaste Richard Curtis, troublé par cette partie du corps glorifiée dans Bend It Like Beckham, un film dans lequel l'actrice anglaise avait précédemment joué. Lorsque Juliet se marie dans Love Actually, sa robe de mariage expose son nombril comme la tenue des danseuses du ventre.

Un petit vagin ou un troisième mamelon?

Le nombril représente le centre du monde, qui nous lie à tous les commencements possibles. Il est le symbole de notre autonomie, gagnée, mais aussi de la force de la connexion que chacun de nous avons entretenue avec notre mère, in utero. Pour certains ombiphiles, le voir apparaître comme le Messie lorsque Paris Hilton porte des pantalons taille basse est un rappel du vagin. Le psychologue Elmar Basse affirme qu'il est en effet difficile de résister au nombril d'un point de vue hétérocentrique, car ce petit trou a juste la bonne forme pour la langue, les doigts ou même un pénis qui pourrait s'y détendre. Parfois, il est aussi comparé à un troisième mamelon.

Des plumes et des glaçons pour satisfaire les adorateurs de nombrils

Les fétichistes du nombril doivent parfois être en constant contact visuel avec le nombril pour maintenir leur excitation lors d'un acte sexuel. Afin de satisfaire leur passion, plusieurs se plaisent à inclure dans leurs habitudes sexuelles des coups de langue dans le creux du nombril ou des massages s'attardant à cette partie du corps chérie. D'autres y ajoutent des gouttes de champagne, du miel, du Nutella, de la crème fouettée ou un glaçon. La torture du nombril en utilisant cire, huile chaude, aiguilles ou encore plumes pour chatouiller est aussi une forme de jeu érotique prisée.

Castration et controverses

Être contenté peut s'avérer particulièrement compliqué pour ceux qui vénèrent les 10 % de nombrils sortis. En 1975, le psychiatre Gert Heilbrunn racontait, dans la revue The Psychoanalytic Quaterly, sous un angle freudien, le cas d'un enseignant au secondaire de 27 ans. À l'âge de quatre ou cinq ans, le patient du Dr Heilbrunn avait remarqué que le nombril ressorti de sa mère différait de celui de son père. Comme le patient avait un nombril comme celui de son père, il a généralisé que le nombril de tous les hommes était rentré et que celui des femmes ressortait. Préoccupé, le patient, inconsciemment, aurait eu l'impression qu'il lui manquait quelque chose, que son père ou sa mère l'avait castré en lui retirant une partie de son nombril. Son grand-père aurait fait la même chose à son père. Obsédé, il aurait alors tenté toute sa vie de redonner à son nombril sa protubérance, désirant ainsi, sous la puissance du complexe d'Œdipe, surpasser son père dans sa masculinité. Un cas controversé plus récent est celui de la journaliste et actrice Maria Menounos. En 2012, lors de son passage à The Howard Stern Show, elle a avoué avoir été aux prises avec un gynécologue qui a abusé d'elle, totalement obsédé par son nombril, qu'il disait très beau. Il l'aurait touché comme si ça faisait partie du déroulement normal de son examen médical.

Zone érogène et moins tabou

Dans des situations où le plaisir et le consentement vont de pair, le nombril peut aussi être fortement érogène, sensible à toute aiguille, guimauve ou pénis qui s'y enfonce. La chanteuse Madonna rapporte qu'y mettre un doigt lui fait ressentir comme si un éclair traversait sa colonne vertébrale. Lisa Donahue, une participante victorieuse de la téléréalité Big Brother aux États-Unis, a même déclaré qu'elle pouvait atteindre l'orgasme si son nombril était touché de la bonne façon.

Tabou et caché dans l'émission I Dream of Jeannie, le nombril est percé ou orné de pierres précieuses pour les performances de danseuses du ventre. Doté à la fois d'un pouvoir érotique et mystique, indécent pour certaines périodes de la civilisation ou pour Vogue, on le montre plus qu'auparavant. Il symbolise pour les ombiphiles la sensualité féminine, la beauté de la déesse Aphrodite et la crainte ou le réconfort de la mère.