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Illustration: Ken Kagami pour PABF

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Culture

La Paris Ass Book Fair fait mouiller le Palais de Tokyo

VICE est partenaire de cette foire internationale dédiée aux livres d'art et aux fanzines parlant de cul et de désir qui se tient du 5 au 7 avril au Palais de Tokyo, haut lieu de l'art contemporain.

Les meilleures idées viennent parfois de simples traits d’esprit anodins voire même, dans certains cas, de jeux de mots carrément débiles. C’est en multipliant les visites de foires dédiées aux livres d’art (en anglais art book fair) que Mahieddine Bachtarzi a eu un déclic. « Je trouvais qu’il y avait beaucoup de foires aux livres d’art qui se développaient et que ça n’était pas forcément toujours très drôle ou très intéressant », confie cet auteur et collectionneur de fanzines connu sous d’innombrables alias. Associé à l’éditeur Vincent Simon, il a donc lancé il y a trois ans la Paris Ass Book Fair, une foire dédiée aux livres d’art explorant « les sexes, les genres et les sexualités, leurs troubles, leurs expressions et leurs représentations, comme des sujets ludiques, poétiques, politiques », c’est-à-dire pleine de livres de cul, de t-shirts arty, de BD libertaires, de fanzines DIY, de posters queers et de sérigraphies post-porn.

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Hébergée pour la deuxième année consécutive au Palais de Tokyo, la Paris Ass Book Fair réunira du 5 au 7 avril une soixantaine d’exposants internationaux, parmi lesquels AA Bronson, cofondateur du groupe d’artistes General Idea, les New-Yorkais de la librairie Printed Matters mais aussi de nombreux artistes, libraires ou éditeurs inconnus du grand public.

Mêlant éditeurs de livres d’art installés et amateurs de micro-édition DIY, la foire sera l’occasion pour ces derniers de faire connaître leurs oeuvres originales sinon marginales, et produites à toute petite échelle. « La micro-édition, c’est surtout une démarche artistique, une pratique collective qui permet de défendre l’objet-livre comme oeuvre d’art qu’on peut diffuser à bas prix », explique Stéphanie Pfister, cofondatrice des éditions Ripopée, qui exposeront notamment un texte de l’artiste Jean-Luc Verna lu par Béatrice Dalle, et diffusé sous la forme d’une cassette vendue avec un livret : « On n’arrive pas à faire exposer la plupart de nos artistes. Pour eux, c’est une autre manière d’exposer leur travail via les livres, mais ce sont pas des projets qui sont vendables, ça ne s’inscrit nulle part », poursuit l’artiste suisse. Un point de vue partagé par Antoine, fondateur de la librairie Lame, qui rappelle : « Les livres, les fanzines et la micro-édition ont toujours permis de diffuser des cultures alternatives, des années punks jusqu’à aujourd’hui ».

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© Scott Ramsay Kyle

Plus habitué des squats et des tiers-lieux culturels que des grosses institutions, ce passionné explique : « Il y a une dimension vraiment militante dans le sens où c’est un pied de nez au marché de l’art, qui fait coter des oeuvres très chères parce que limitées : certains vendent des sérigraphies 500 euros et produites en dix exemplaires, moi je vends des fanzines six euros et produits en trente exemplaires ». Interrogé sur le modèle économique de sa librairie en ligne spécialisée dans la diffusion de cultures plutôt « en marge » qu’en marche, Antoine glisse : « On ne peut pas vivre de la micro-édition. Quand on arrive à ne pas perdre d’argent, c’est qu’on a déjà gagné. Le fait que ce soit désintéressé ajoute d’ailleurs une dimension intéressante ».

Et en effet, reposant davantage sur l’énergie d’esprits obsédés que sur la recherche du profit, la culture du fanzine permet de donner naissance à des œuvres spontanées et sans filtre qui ne trouveraient pas facilement leur place dans les circuits plus classiques : « La micro-édition permet de sortir des sentiers battus, de proposer des choses ultra-personnelles et pointues qu’on ne voit nulle part ailleurs », explique l’artiste Fred Morin, pour qui la découverte du fanzine, lors d’une exposition AA Bronson mettant en avant des fanzines queers, a fait l’effet d’une révélation. « Ça a été incroyable. Ça m’a permis de décloisonner une pratique où je ne faisais plus trop de photo, mais me suis mis à dessiner sur ordinateur. La micro-édition a été pour moi une manière de montrer un travail qui n’aurait pas pu être montré autrement », confesse l’artiste qui, notamment connu pour ses collages gays explicites, regrette qu'« à partir du moment où on montre la sexualité de manière crue, ça n’est pas considéré comme de l’art ».

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En squattant le Palais de Tokyo, la Paris Ass Book Fair permettra donc non seulement de faire découvrir par hasard des sérigraphies queers aux visiteurs de ce musée du 16ème arrondissement, mais aussi de célébrer cette contreculture dans un centre d’art contemporain de renommée internationale. « Je veux que ce soit mis au même niveau, montrer que ça peut être aussi fort et intéressant, présenté aussi sérieusement que des formes d’art plus traditionnelles » explique Mahieddine Bachtarzi, qui conclut : « Le jour où on mettra des fanzines dans un musée, ils changeront de statut. D’ailleurs, je pense que c’est en train de changer, la micro-édition et le fanzine intéressent beaucoup de monde : les gens ont besoin de revenir à quelque chose de plus physique ». C’est le cas de le dire.

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Dans le cadre du partenariat entre Paris Ass Book Fair et VICE, de nombreux zines et tirages (de cul) sont à gagner ! Envoyez nous vos coordonnées à concours@vice.com

- cinq t-shirts officiels Paris Ass Book Fair #2019
- un tirage signé/numéroté du photographe Fred Morin (Paris)
- un exemplaire du livre " Another Excess" du photographe Spyros Rennt (Berlin)
- un t-shirt sérigraphié, dans sa boîte sérigraphiée, accompagné de son fanzine par Matt Plezier de MonoRhetorik (La Haye)
- un wank rag du brodeur et collagiste Scott Ramsey Kyle (Londres)
- une petite culotte "MERCI" pour toi ou pour ta petite copine, de Misha Golebska chez Statice editions - un t-shirt produit en collaboration avec le curateur anglais Paul Clinton, par Miskina le label de Kevin Blinderman - un exemplaire de l'édition " Je me masturbe en pensant à des choses abstraites" de Typhaine Faunières (Rouen)
- une exemplaire numéroté de ''Wayne'' par Aïda Bruyère x The Bells Angels (Paris)
- le fanzine "Claire" édité à 25 exemplaires par la photographe française Marine Peixoto - un tirage A3 de "L'explosion nucléaire" de l'artiste-illustrateur Jules Magistry (Montreuil)
- la série de multiple Again He Holds Me By The Hand, de Davide Meneghello (Londres)
- un exemplaire des "ebabes/eboys" qui documentent des membres de la communauté d’eBay qui se servent de leurs corps pour vendre des objets, de Callum Leo Hughes - Daddy et Splash, les fanzines de l'artiste colombien installé à Vienne Carlos Vergara - un livre à gratter POV du collectif parisien Païen -Lia Pradal & Camille Tallent- (Pantin)
- une gravure Homotopia Print numérotée par l'artiste Huo Rf (Istanbul)
- un exemplaire du fanzine "Free Time" du studio de design graphique parisien Faye and Gina en collaboration avec l'illustrateur catalan Pol Anglada - un exemplaire de In the Pink, Porn is Personal publié par Sean Burns (Londres)
- le livre A Queer Anthology of Rage édité par Pilot Press (Londres)
- un éventail risographié de Margaux Bigou (Paris)
- un tirage de Torso, collage photographique de l'artiste Aaron Krach (Brooklynn)
- Un livre d'artiste soutenue par la plateforme Studio HAP fondé par Jiwoo Han (Montrouge)

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