FYI.

This story is over 5 years old.

Indonésie

Serge Atlaoui reste dans le couloir de la mort indonésien

Condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue en 2007, Serge Atlaoui a vu son dernier recours rejeté ce lundi par un tribunal administratif de Jakarta.
Photo via Flickr Pemerintah Provinsi DKI Jakarta

Le président Indonésien Joko Widodo en 2014. Photo via Flickr Pemerintah Provinsi DKI Jakarta

La Cour administrative de Jakarta, la capitale de l'Indonésie a rejeté, ce lundi, un recours de Serge Atlaoui, un Français condamné à mort en 2007 pour trafic de drogue par la justice indonésienne. Le parquet national indonésien a annoncé dans la matinée que son exécution n'aura pas lieu pendant le mois du ramadan, qui dure jusqu'à la mi-juillet, rapporte l'AFP.

Publicité

Les défenseurs de Serge Atlaoui et les autorités françaises ont annoncé ce lundi qu'ils poursuivraient respectivement leur action judiciaire et diplomatique, sans donner de précision sur la forme de ces démarches. Du côté indonésien l'incertitude domine aussi quant à la date de l'exécution. Les autorités n'en ont donné aucune.

Serge Atlaoui, 51 ans, est détenu depuis dix ans en Indonésie. Son dernier recours en date contestait le refus, par le président indonésien, Joko Widodo, de lui accorder la grâce.

Le marathon judiciaire de Serge Atlaoui a débuté en novembre 2005, quand celui-ci est arrêté à Tangerang, près de Jakarta, dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy. Ce soudeur de profession, père de quatre enfants, a toujours dit qu'il ignorait l'activité réelle de cette entreprise. Il affirme qu'il a accepté un emploi de soudeur et qu'il croyait que l'usine fabriquait de l'acrylique.

Serge Atlaoui avait d'abord été condamné à la prison à perpétuité, puis à la même peine en appel. Finalement, en 2007, la Cour suprême indonésienne le condamne à la peine de mort, en cassation.

Le président indonésien Joko Widodo, élu en octobre 2014, à la tête de l'État qui compte le plus de musulmans au monde, avait refusé de gracier Serge Atlaoui en janvier 2015. Il avait fait campagne sur la fermeté en matière de lutte contre la drogue, et annoncé, comme le rappelle le journal Le Monde, qu'il n'accorderait aucune grâce aux condamnés à mort pour trafic de drogue, peu importe leur nationalité.

Publicité

L'Indonésie a repris les exécutions de prisonniers en 2013, après quatre années sans exécutions. En 2015, quatorze personnes ont été exécutées pour trafic de drogue, dont douze étrangers. C'est le chiffre le plus élevé depuis près de vingt ans, selon le site Death Penalty Worldwide, qui en 2013 estimait à 134 le nombre de condamnés à mort en attente d'exécution, dont 71 pour des infractions à la législation sur les drogues.

La législation indonésienne en matière de lutte contre la drogue est considérée par de nombreux médias et experts comme l'une des plus sévère au monde. Yann Bisiou, spécialiste du droit de la drogue, déclarait dans Le Figaro en avril dernier que « l'Indonésie a fait le choix politique de se montrer implacable. »

C'était cette demande de recours, finalement rejetée ce lundi, qui avait a priori évité à Serge Atlaoui de se faire exécuter, le 29 avril dernier, avec huit autres condamnés à mort pour d'autres affaires de trafic de drogue — trois Nigérians, deux Australiens, un Ghanéen, un Brésilien et un Indonésien. Les autorités indonésiennes avaient invoqué la procédure en cours pour motiver le retrait du Français de la liste des condamnés à exécuter, au dernier moment. À cette période, les autorités françaises déclaraient faire « tout l'effort diplomatique » pour éviter l'exécution de Serge Atlaoui.

À lire : Exécutions en Indonésie : La France poursuit ses efforts diplomatiques pour éviter celle de Serge Atlaoui

La décision de la Cour administrative de Jakarta était attendue, puisqu'elle est similaire à d'autres décisions antérieures dans de pareils cas.« La Cour administrative n'a l'autorité de statuer que sur des décrets émis par des responsables administratifs, » a déclaré le président de la Cour, Ujang Abdullah, selon un média indonésien. Serge Atlaoui et ses avocates indonésiennes reprochaient au président indonésien de ne pas avoir examiné le dossier du Français avant de refuser sa demande de grâce.

« Nous sommes déçus par cette décision mais nous allons trouver d'autres voies de recours, » a annoncé l'une des avocates de Serge Atlaoui, Nancy Yuliana, après l'annonce de ce rejet. Les défenseurs du Français n'ont pas précisé quels seraient ces autres recours. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a quant à lui affirmé dans un communiqué : « Nous sommes totalement mobilisés en faveur de notre compatriote Serge Atlaoui. » Il ajoute être « en contact avec [sa] famille et [ses] avocats », et rappelé « la ferme opposition de la France à la peine de mort ».

Suivez Matthieu Jublin sur Twitter : @MatthieuJublin

Le président Indonésien Joko Widodo en 2014. Photo via Flickr Pemerintah Provinsi DKI Jakarta