Un mois sur Internet en France : rentrée 2018

La rentrée a été synonyme de bouleversement dans le petit monde des influenceurs, puisqu’un sujet d’Arrêt sur images sur le dernier jeu vidéo Spider-Man et sa campagne promo nous a appris qu’en fait, un influenceur est plus ou moins un homme-sandwich qui vend ses services aux plus offrants avec une absence d’âme caractérisée. Pire, on a découvert coup sur coup que l’industrie du tabac passait quant à elle par les stars d’Instragam pour rendre les cigarettes tip top cools auprès des jeunes. Dans les deux cas vous allez dire « mais c’est pas un scoop du tout » et vous aurez entièrement raison puisqu’a priori même l’étymologie du mot influenceur stipule que son unique fonction est de faire acheter des produits à un public jugé trop idiot pour comprendre ce qu’est une publicité.

Ce qui est plus surprenant en revanche, c’est que les influenceurs eux-mêmes ne semblaient pas du tout au courant de la définition de leur métier. Des internautes ont donc pris un malin plaisir à leur plonger les narines dans leur caca, et en réaction à tout ce remue-ménage on a eu droit à un échantillon des différentes étapes du deuil psychologique.

Le déni

La colère

Le marchandage

La dépression

Bon par contre pour l’acceptation, ce n’est pas encore d’actualité. Bref au regard de tout ce divertissant bordel, on comprend mieux qu’il existe désormais des formations pour devenir influenceuse Instagram, même si on ne sait toujours pas quel genre d’attardé de compétition aurait besoin de payer pour ça. Et c’est là qu’intervient Damien Saez qui après toutes ces années n’a toujours pas compris comment s’adresser à ses fans sur les réseaux sociaux.

Comme si tout ceci ne suffisait pas, Emmy Makeup s’est viandée la gueule.

Mais finalement tout n’est pas tout noir puisque Minute Buzz a apparemment gagné un pin’s porte-bonheur, et on les en félicite chaleureusement.

Au niveau des petites annonces, on trouve parfois son bonheur là où on ne l’attendait pas du tout.

Sans parler des offres d’emploi qui laissent miroiter des possibilités de carrière inespérées.

Cet élan va d’ailleurs jusqu’au plus haut sommet de l’État, puisque l’Elysée a lancé sa propre boutique en ligne, dont on a déjà longuement vanté les mérites ici. Malheureusement des opportunistes ont jugé utile d’en faire une parodie pour reverser les bénéfices à des associations d’aide aux migrants. Comme quoi il est toujours aussi mal vu d’entreprendre en France. Heureusement notre jeunesse est suffisamment vaillante pour ne pas se laisser décourager à la première raillerie.

Le web est également un moyen de faire appel aux instincts les plus nobles, et de rappeler à tous que la solidarité n’est pas qu’un concept abstrait. La love army de Jérôme Jarre n’est que l’arbre qui cache la forêt, il existe de nombreuses autres initiatives, certes plus modestes, mais tout aussi impactantes.

Par exemple, comme l’année dernière ça avait pas mal marché pour lui, un dénommé Lokan a lancé une cagnotte pour se faire offrir l’iPhone XS Max avant de se rabattre sur l'Apple Watch Series 4. Malheureusement il faut croire que le cynisme et l’avarice ont désormais envahi les coeurs, et ce sont seulement 96,73€ qui ont été récoltés alors que l’objectif était de 900. Courage Lokan.

À l’inverse, Clémentine, ex-aventurière de Koh-Lanta, est parvenue à rassembler 10 000 euros pour un tour du monde (Afrique non incluse, faut pas déconner), ce qui rappelle un principe fondamental : peu importe le degré de fanatisme de votre communauté sur Internet, il reste encore difficile d’égaler la stupidité d’un public de télévision.

Rappelons que même si la cause est juste, la façon de demander compte énormément pour toucher les sentiments du public.

Et il faut bien évidemment savoir cibler son audience. Plaisir d’offrir, joie de recevoir.

Internet est plus que jamais devenu le lieu où les rencontres se font. Mais il faut bien évidemment se méfier des apparences, parce que la vie ce n’est malheureusement pas Ready Player One.

Et puis il faut prendre garde aux obsédés. Dès la rentrée, Alexandre Jardin, dit « le maniaque des librairies » a encore récidivé en toute impunité.

Décidément Cyril était en petite forme ce mois-ci.

En même temps on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher.

…ou pas.

Et bien sûr, il y a Tinder, sorte d’eldorado 2.0 pour tous les romantiques.

Quant à celles et ceux qui n’ont toujours pas trouvé chaussure à leur pied ou pire, été victimes de déceptions amoureuses, ils n’oublient jamais d’abreuver les autres des perles de sagesse que l’expérience leur a offertes.

Apparemment Nabilla sur Snap était plus motivée pour répondre à Eric Zemmour que l’ensemble des chroniqueurs d’à peu près tous les plateaux qu’il a fait en un mois, et on ne sait pas trop quoi faire de cette information.

La team Macron est tombée dans un guet-apens de haute voltige.

Super Dupont a enquêté pour vous.

Le documentaire « Pascal Praud : d’handicapé mental à maître du débat » s’annonce grandiose.

Un membre du Rassemblement National a testé pour vous l’utilisation des fake news à l’international et n’a pas été déçu du voyage.

Vous pouvez mettre tous les filtres que vous trouverez, toutes les innovations en matière d’effets numériques, vous ne duperez jamais cet homme. Jamais.

De passage en France, Lindsay Lohan a tenté d’engager le dialogue avec une famille de sans-abri pour les convaincre de la laisser leur payer l’hôtel, puis a tenté de prendre de force un de leurs enfants, et s’est mangé une patate. On ne fera pas mieux.

Une humoriste a montré sa poitrine à la radio (et c’était filmé, parce que sinon c’est clair que ça sert à rien), ce qui lui a valu sur la toile des commentaires qui proposent globalement de la mettre face à des pénis pour rétablir l’équilibre de la force. Comme quoi la nudité passe moins bien que les blagues de Kev Adams, et ça on l’avait pas vu venir.

Parfois, il arrive que l’on s’emporte dans son rôle d’entertainer, mais ce sont les risques du métier et c’est aussi ça être acteur : rester dans le personnage quoi qu’il en coûte.

L’industrie du cinéma a finalisé son pacte avec les services de VOD et, après la mise en images d’un internaute dévoué, il s’avère que toute cette histoire n’était qu’un canular depuis le début. Ou alors c’est juste des cinglés.

La rentrée c’était avant tout la reprise de trucs assez chiants : le travail, les cours, et Michael Youn.

C’est dommage, surtout quand on sait qu’il suffit de peu pour réussir une blague :

Slate a tenté la mise en abyme, pour un gag meta assez réussi.

Quelqu’un a appris à ses dépens que dire « je suis youtubeur » après une blague de merde n’est pas un bouclier invincible quand on est dans la rue.

Des membres d’En Marche ont fait un mannequin challenge, deux ans après le reste du monde. Si ça c’est pas de l’humour je ne sais pas ce que c’est.

Heureusement, pour un rab de bonne humeur, il nous reste l’équipe de France. Car quand il s’agit de s’amuser, finie la terreur ils sont là pour rigoler.

Dans la catégorie on-aurait-tellement-aimé-être-à-la-réunion-des-génies-qui-ont-validé-cette-campagne, le spot « pas pipi dans Paris » remporte la victoire haut la main tellement rien ne va à tous les niveaux, mais l’important c’est qu’une agence de com se soit sucrée aux frais de la ville.

À la seconde place, il y a du lourd. Entre la musique, la réal et les poses de mecs qui écoutent du Eddy de Pretto entre deux sessions de djembe, le spectateur lambda se demande tout naturellement « c’est quoi ce truc de fils de pute encore », puis arrive le logo Danone, et là tout devient grandiose puisque la quasi-totalité des commentaires peut se résumer à « non mais vous vous foutez de la gueule de qui avec vos emballages en plastique ».

Carrefour a de son côté lancé le programme Act For Food, pour une meilleure alimentation bio (ou un truc comme ça) mais là encore, le public reste à convaincre.

Alors qu’on ne le dira jamais assez, dans un monde aussi connecté que le nôtre, la meilleure campagne de prévention reste celle qui allie ludique et subtilité.

Le métier de community manager est parfois difficile. Les bougres doivent incarner eux-même les marques pour lesquelles ils bossent, et ce n’est pas de tout repos.

Ainsi ils doivent parfois s’improviser nutritionnistes, pour le meilleur et pour le pire.

Et parfois c’est juste un brigadier qui a envie de faire un big up aux collègues sans s’apercevoir que se vanter d’une prise aussi ridicule est plus une preuve d’incompétence qu’autre chose, mais c’est aussi ça la fougue de la jeunesse.

Dans des cas plus rares, le CM peut se venger de son employeur, notamment si celui-ci est réputé pour être un gros con. Par exemple en choisissant des photos qui illustrent très mal le propos de base.

Enfin, ce fut un triste mois pour la profession à qui on a durement rappelé que la notoriété virtuelle a des limites puisque Benjamin Lemaire a été condamné pour corruption de mineurs (le pluriel est important). Comme dirait Michel Drucker « salut mon pote ».

On se revoit le mois prochain et d'ici là, une question à méditer : que donnerait le générique de Rick & Morty si c'était un anime ?

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