"Moss" prouve une bonne fois pour toutes qu'un casque VR est un bon investissement
Image : Polyarc

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"Moss" prouve une bonne fois pour toutes qu'un casque VR est un bon investissement

En bon testeur de jeux vidéo, je possède trois casques VR qui prennent la poussière depuis plus d'un an. "Moss" a changé la donne.

Il y a quelques jours, je me suis abîmé dans une profonde réflexion en observant le morceau de verre et de plastique au prix scandaleux qui traîne près de ma PS4. Le précieux casque Playstation VR, que j'avais convoité pendant des mois, était désormais couvert de toiles d’araignée. J’avais bien, à un moment, emprunté le câble USB qui permet de le recharger, mais je ne l’avais jamais rendu à son propriétaire.

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Parce que je fais partie de la race immonde des journalistes jeux vidéo, il y a trois casques VR chez moi en tout, et je ne me souviens même pas de la dernière fois où je m’en suis servi. À chaque tentative d'immersion dans la sacro-sainte réalité virtuelle, les efforts requis pour installer tout le bazar – brancher les câbles, déplacer les meubles, calibrer les trucs – me rebutaient tellement que je finissais par renoncer et à attraper ma Nintendo DS.

Et pourtant, j'ai fait partie de ces personnes surexcitées par l’arrivée de la VR sur le marché à un prix abordable. Même si je n’ai pas contribué à la cagnotte Oculus Rift sur Kickstarter, j'ai cédé à la hype comme n'importe quel trublion technophile et ai harcelé ma famille et mes amis pendant des semaines en leur enfonçant mon casque VR sur la tête à n'importe quelle occasion. Enfin, j'ai soigneusement inventorié les jeux et expériences VR pour exposer les capacités de la réalité virtuelle sur Internet, avant de dépenser 800$ pour un Vive qui a fini de me transformer en insupportable prosélyte.

Ma passion pour la VR a été marquée par la sortie de Resident Evil 7, extraordinaire réinvention de la franchise de jeux d’horreur, un genre qui s'est trouvé transcendé par ce nouveau format. J’avais soif de nouvelles sensations et étais certain que Resident Evil 7 marquait le début d’une nouvelle ère pour la VR. Pourtant, le temps a fait son oeuvre, les jeux moyens se sont succédés et mon casque a finalement été abandonné à côté du canapé. Aucun des jeux sortis en VR – sur PlayStation ou une autre console – ne sont parvenus à retenir mon attention depuis.

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Tout a changé à l'E3 l'an dernier, lorsqu'on m'a fait tester la démo d'un nouveau jeu baptisé Moss.

« Moss est irrésistible. Un vrai bonheur à prendre en main. Gardez bien ce nom en tête ! » écrivais-je alors sur les réseaux sociaux, tout à mon enthousiasme.

J’ai joué à Moss avec l’émerveillement d’un enfant parce qu'il me rappelait le potentiel énorme que j'avais fantasmé pour la VR (vous avez probablement entendu cette phrase d’innombrables fois), puis je l'ai oublié jusqu'à ce qu'un code miraculeux n'arrive dans ma boite mail un beau matin. C'est comme ça que j'ai dépoussiéré mon pauvre casque mis au rebut.

Le jeu commence par l’ouverture d’un livre, qui dévoile un univers plongé dans le chaos par un serpent mortel du nom de Sarffog, dont la taille et les pouvoirs magiques ont neutralisé le royaume voisin et forcé les habitants à vivre cachés. Le personnage principal, Quill, fait partie d’une société semblable à celle des souris dans le dessin animé Brisby et le secret de Nimh. Quill et les siens sont protégés par une ancienne magie qui a refait surface pour désigner le héros – ou dans ce cas précis, l’héroïne – capable de repousser le Mal. Dans le jeu, vous êtes le « lecteur » et vos pouvoirs mystérieux vont permettre à Quill d'avancer dans son épopée.

Après avoir tourné quelques pages virtuelles, vous aidez Quill à résoudre des énigmes et à combattre des ennemis. Quill ne peut pas vous voir, mais elle peut sentir votre présence ; tandis qu’elle se penche au-dessus d'une flaque d’eau, un reflet trouble esquisse une créature similaire à l’inquiétant Sans-Visage du Voyage de Chihiro. Vous êtes beaucoup avenant que ce monstre néanmoins ; plutôt que de vampiriser les émotions des autres, vous tordez, tournez, soulevez les objets de votre choix dans l'univers du jeu.

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Parallèlement, vous contrôlez le personnage de Quill de manière particulièrement ingénieuse. La plupart des jeux pour PlayStation VR utilisent uniquement la caméra pour déterminer la direction dans laquelle vous regardez, mais Moss exploite également la manette. Le DualShock est symbolisé par une sphère bleue que vous pouvez manier en levant la manette et en la déplaçant dans l’espace. Quill, quant à elle, est contrôlée par des moyens plus traditionnels – grâce au stick et aux boutons. Le jeu exige que le joueur associe en permanence ces différents types d’interactions pour progresser, en lui demandant par exemple d’explorer l'environnement pendant que Quill attaque un ennemi.

Ce n'est là qu'une des manières innovantes dont Moss exploite la VR pour créer de nouvelles formes d'interactivité et de gameplay – et c'est cette inventivité qui manque cruellement à la plupart des jeux en réalité virtuelle.

Avez-vous déjà fabriqué un diorama ? Moss utilise ce concept pour mettre en valeur ses décors tout au long de la partie. Chaque nouvelle zone d'exploration s’ouvre avec la caméra dirigée sur une perspective fixe définie par les concepteurs. Si vous devez résoudre une énigme, la caméra vous offrira un tableau global relativement simple de ce qui se trouve face à vous. En revanche, si vous vous promenez dans un village, vous adopterez le point de vue de Quill de façon à ce que le lieu se dévoile progressivement par l'intermédiaire des bruits, détails, apparitions de personnages et autres éléments composant une atmosphère foisonnante et subtile.

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Le parti pris de Moss est de choisir de vous montrer (ou non) certains éléments afin de récompenser les joueurs plus curieux. Afin de saisir complètement le monde qui s’offre à vous et de dénicher certains passages, vous devrez vous pencher, contorsionner, et bouger la tête comme si vous examiniez une maquette 3D miniature.

L'une des énigmes du jeu m'a particulièrement marqué. Quill doit monter plusieurs étages pour atteindre une sortie, mais la caméra ne montre que les deux premiers étages. En ajustant la hauteur de mon siège, une nouvelle portion du sol virtuel est apparue devant mes yeux ébahis et j’ai découvert que le jeu suivrait mes mouvements en cas de surélévation. Je suis rapidement passé d’une position à genoux à une position debout : le niveau entier s’est soudain révélé à moi et la solution est devenue évidente. C’était incroyable.

Ces moments de grâce sont moins fréquents si vous ne cherchez pas à collectionner tous les objets du jeu, des petits bouts de papier nichés dans les recoins de la perspective. À chaque niveau, et avant de m’inquiéter du sort de Quill, je me contorsionnais dans tous les sens pour tenter de repérer ces trésors.

On peut bien sûr imaginer une version du jeu qui ne nécessiterait pas de casque, mais l’expérience serait totalement différente. Moss fait partie de ces rares jeux de réalité virtuelle qui s’amendent de tous les gimmicks de la VR, au-delà de l’expérience d'immersion.

Ce que j’aime le plus dans Moss réside dans les menus détails. Par exemple, la façon dont on peut faire un high-five à Quill en déplaçant la manette près de ses mains minuscules, ou lui faire peur en se faufilant derrière elle. Ou encore la possibilité de vivre l’histoire du point de vue de plusieurs personnages en demandant au narrateur d'imiter leur voix, un peu comme un parent lirait une histoire du soir à son enfant. Et bien sûr il y a l'animation, qui permet de rendre Quill particulièrement attachante, émouvante même. Si vous échouez à la protéger, vous serez fou de tristesse.

Moss est un jeu très court – probablement un peu trop. On le termine en quelques heures, juste au moment où les mécanismes narratifs deviennent vraiment familiers. Pire encore, l'histoire se termine sur un cliffhanger. Enfin, le système de combat est un peu décevant dans la mesure où il consiste à appuyer sur le même bouton de manière répétée et à esquiver les coups.

Malgré tout, j'ai été bouleversé par ce jeu qui démontre avec brio la puissance de la réalité virtuelle lorsqu’elle trouve son propre mode d’expression artistique et conceptuel. Moss est un pur enchantement.