Le FBI arrive enfin à recruter des hackers qui ne fument pas de weed

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Le FBI arrive enfin à recruter des hackers qui ne fument pas de weed

L'agence affirme qu'elle parvient enfin à atteindre ses objectifs de recrutement, malgré une politique de recrutement qui exclut quiconque a fumé de la weed au cours des trois dernières années - ce qui complique pas mal les choses.

Ces derniers mois, les défenseurs du cannabis ont enregistré plusieurs victoires notables aux Etats-Unis, puisque pas moins de huit états ont légalisé la consommation de cannabis - à titre médicinal ou non. De fait, avant les élections, les sondages indiquaient que 60% des Américains étaient favorables à une légalisation totale du cannabis. Pourtant, la DEA (Drug Enforcement Administration) a choisi de maintenir le cannabis sur sa liste des drogues illégales à l'automne dernier, permettant au passage aux agences fédérales telles que le FBI de continuer à pouvoir écarter des candidats à certains postes simplement parce qu'ils ont consommé de la weed dans les mois précédant leur candidature.

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Mais le FBI a assuré à Motherboard que malgré cette politique de discrimination à l'embauche, il était parvenu à recruter le nombre d'experts en cybersécurité dont il avait besoin. Pourtant, il y a trois ans, le Wall Street Journal rapportait que l'agence envisageait d'assouplir ses restrictions et le directeur du FBI, James Comey, avait laissé entendre qu'il avait du mal à trouver des hackers compétents qui n'avaient pas fumé de weed plus ou moins récemment. Mais après s'être fait sermonner par Jeff Sessions, résolument anti-cannabis, Comey avait fait machine arrière en affirmant avoir simplement voulu plaisanter.

Un porte-parole du FBI a expliqué à Motherboard par e-mail que "le FBI continue à être très exigeant dans son processus de recrutement, lequel inclut une phase d'enquête sur le candidat ainsi que des tests de stupéfiants." Le porte-parole n'a pas souhaité justifier cette politique, mais il a précisé que cette règle s'appliquait également aux personnes qui consomment de la marijuana légalement dans un but médical - il faut impérativement ne pas avoir eu de THC dans le sang depuis au moins trois ans, que ce soit pour des raisons légales ou non.

Quoiqu'il en soit, cette position ferme ne semble pas affecter les embauches du FBI. En 2016, l'agence souhaitait recruter 3000 nouveaux agents et membres du personnel, un objectif qui a été atteint selon le porte-parole. Cette année, le FBI espère recruter 760 agents spéciaux et 1500 collaborateurs, dont 131 seront des "cyber professionnels."

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Mais selon l'association de défense du cannabis NORML, cette politique anti-herbe pourrait bien s'avérer dommageable pour le FBI. Si l'agence souhaite recruter les meilleurs experts pour lutter contre les menaces qui pèsent sur les Etats-Unis, il faudra bien qu'elle s'adapte au changement d'attitude vis-à-vis du cannabis, afin de ne pas mettre la sécurité de l'Etat en danger simplement sur la base d'une idéologie dépassée.

"Ces pratiques excluent des candidats parfaitement qualifiés et ne servent qu'à perpétuer la stigmatisation du cannabis et de ceux qui en consomment de manière responsable"

"Ces politiques de recrutement discriminatoires datent d'une époque révolue, m'a affirmé Paul Armentano, directeur adjoint de NORML. Les endroits où la consommation de cannabis est légale ont vu la productivité des employs progresser et l'absentéisme décroître. Au final, ces politiques sont dommageables non seulement pour les candidats écartés, mais aussi pour les employeurs eux-mêmes."

"Ces pratiques excluent des candidats parfaitement qualifiés et ne servent qu'à perpétuer la stigmatisation du cannabis et de ceux qui en consomment de manière responsable", ajoute-t-il.

Et les choses ne risquent pas de s'arranger avec la nomination de Jeff Sessions au poste de procureur général par l'administration Trump. Sessions, connu pour son hostilité à l'égard du cannabis et de ses consommateurs, avait fortement critiqué James Comey après ses remarques sur l'intérêt des jeunes pour la weed en 2014.

Maintenant qu'il est ministre de la Justice, il y a peu de chances que les hackers souhaitant travailler pour le FBI puissent s'autoriser un petit spliff en toute décontraction. Autant dire qu'une bonne partie d'entre eux feraient mieux de renoncer à combattre les cybercriminels et à protéger leurs concitoyens - ce qui est assez triste, avouons-le.