Un fan fini de « Fast and Furious » vous explique le problème avec « The Fate of the Furious »
Photo : Universal Pictures

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Culture

Un fan fini de « Fast and Furious » vous explique le problème avec « The Fate of the Furious »

Tout d’un coup, on s’ennuie de l’époque où ils faisaient juste crasher des Honda Civic pour l’honneur.

C'est le cœur brisé que je vous informe qu'il ne faut pas chercher la métaphore bien loin pour parler de The Fate of the Furious (2017). Dans une des rares scènes remarquables du plus récent Fast and Furious, la cyberterroriste Cipher (Charlize Theron) prend le contrôle des systèmes de navigation d'une centaine de voitures. Elle y va d'une réplique du genre « It's zombie time » et la horde de véhicules soudainement zombifiés déferle sur les rues de New York, le temps de créer une diversion afin que Dom Toretto (Vin Diesel), tombé momentanément du côté sombre de la force, finisse de faire ce qu'il a à faire.

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C'est excitant, mais trop parfaitement emblématique de l'ensemble : voitures sans conducteur, en perte de contrôle, le tout doublé d'une trahison improbable. Exit l'élégance d'un coffre-fort tiré en tandem par deux Dodge Chargers au volant desquels on trouve les meilleurs amis du monde. Exit les chorégraphies vertigineuses de voitures parachutées du ciel, atterrissant en unisson sur une autoroute enneigée. Dites au revoir à la beauté de ces ensō – symboles du bouddhisme zen – tracés sur l'asphalte d'un stationnement japonais par une Mazda en parfait dérapage contrôlé. Bye bye l'esprit d'équipe ; la camaraderie inimitable entre Diesel, Tyrese Gibson, Michelle Rodriguez, The Rock, Ludacris ; la riche mythologie familiale qui sous-tend tout ce carnage automobile. Non, voici F. Gary « boulet de démolition » Gray qui débarque en trombe après Straight Outta Compton, et nous fait un F&F su'l' pilote automatique, pis tassez-vous de d'là.

Écoutez, on avait déjà accepté que la série ait viré sur le proverbial top. Qu'on était passé de simples voleurs de chars à des super-espions ; de courses de Honda Civic à ces histoires rocambolesques de super-crime carburant au protoxyde d'azote et aux gadgets dignes de James Bond. Il n'est vraiment pas là le problème : après tout, Fast Five (2011) , Fast & Furious 6 (2013) et le tragique Furious 7 (2015) s'avéraient tous être du divertissement de haute voltige, trouvant néanmoins le temps d'approfondir les thématiques de fraternité, de fidélité et de famille unissant les personnages du clan Toretto entre eux.

Le problème avec F8, c'est qu'il s'agit, à l'inverse, d'un film-zombie, d'une production purement mercenaire, mais sans le cœur. Tout au long, Gray semble persuadé qu'il comble les attentes de son public, mais démontre coup sur coup ne rien comprendre des bases de la série : de la chimie qui unit ses acteurs à la riche historique qui les précède. Tous les éléments sont là, certes, mais ils sont détournés, enfilés telle une checklist de blagues qui tombent à plat, de séquences d'actions tirées de meilleurs films d'action ( Hard Boiled, SPL 2, Furious 6) et de réactions défaillantes, voire inexistantes, de la part de ces personnages qu'on a appris à aimer d'un amour sincère au fil des 16 ans (!) de la série.

Et si le véritable décès de l'acteur Paul Walker faisait partie intégrale de l'expérience de Furious Seven (film qui lui était dédié corps et âme) , Universal a même eu l'audace ici de remplacer Walker (puisse-t-il reposer en paix après tout ça), par nul autre que Scott « c'est comme regarder de la peinture sécher tellement c'est plate » Eastwood. Le genre de truc qu'un exec de studio appellerait un bon move pour la pérennité de la série devant un public caucasien. Moi, j'appelle ça tourner le couteau dans la plaie.

Finalement, le plus fâchant avec ce huitième film, c'est qu'il donne tout simplement raison aux snobs et aux haters. Avant F8, j'étais le genre de gars à croire dur comme fer en la franchise : si tu restes insensible aux charmes de Vin Diesel qui pète des yeules en compagnie de The Rock et Jason Statham, je ne sais pas quoi te dire. Mais là, je t'avoue, je sais plus où j'en suis . Ai-je été berné toutes ces années? Qui suis-je? Où vais-je? F. Gary Gray m'a trahi comme Dom a trahi sa famille et après sept films à m'être investi comme je l'ai rarement fait au cinéma, ça fait mal. Le deuil s'annonce difficile. Reste maintenant à savoir si ma relation avec F&F est vraiment comme avec la familia… Peut-être saurais-je trouver dans mon cœur la force de pardonner à mon tour?