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Pourquoi on a autant la dalle pendant les semaines d'examens

On vous explique scientifiquement pourquoi vous vous changez en monstre insatiable pendant vos semaines de révisions et d'exams.

Presque toutes les facs et les écoles fonctionnent selon le même système : d'abord, vous avez entre huit et douze semaines de cours, puis vous vous retrouvez plongé dans l'enfer d'une semaine lors de laquelle vous allez devoir régurgiter tous les trucs que vous avez vaguement appris au cours des deux mois précédents : la semaine des exams. Si vous êtes comme moi (et comme presque tout le monde), vous glandez tranquillement pendant environ sept semaines, avant d'être brutalement frappé par une attaque de panique (« putaiiiiin les exams c'est la semaine prochaine et j'ai toujours pas ouvert les bouquins »). Et donc, à partir de ce moment précis, vous vous transformez en machine à étudier chargée d'emmagasiner tout un tas de connaissances en quelques jours afin de limiter les dégâts.

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Si vous vous reconnaissez dans le paragraphe qui précède, alors il y a de fortes chances que vous bouffiez plus au cours de ces deux semaines (révisions + exams) que ce qui vous paraît humainement possible. J'appelle ça « le binge eating des exams ». Au cours de cette période, la bibliothèque se transforme en temple de la malbouffe, où presque tous les bureaux sont recouverts de chips, de gâteaux et de sachets de bonbons. A priori, il y a de bonnes raisons de se sentir coupable de ce festival du n'importe quoi gastronomique, mais selon la science, ce n'est pas la peine : nous ne pouvons rien y faire.

De nombreux facteurs contribuent à cette faim insatiable, mais pour faire simple, j'en retiendrai quatre.

Tout d'abord, on a constaté que le travail intellectuel entraînait une consommation de calories plus élevée. Des chercheurs canadiens sont arrivés à cette conclusion après avoir demandé à des étudiants de réaliser trois tâches différentes (rester assis tranquillement, résumer un texte simple ou mémoriser des choses complexes) et avoir mesuré quelle quantité de calories ils avaient consommé, c'est-à-dire leur « apport calorique spontané » (ce qu'ils avaient mangé, en gros). Les étudiants qui ont fourni un effort intellectuel ont consommé respectivement 203 et 253 calories supplémentaires que ceux qui étaient restés assis sans travailler.

Ces variations sont probablement dues aux « fluctuations de la glycémie » mesurées chez les étudiants, « peut-être en raison du stress causé par le travail intellectuel », a déclaré Jean-Philippe Chaput, auteur principal de l'étude. Le glucose est en quelque sorte le carburant des cellules du cerveau, et le corps réagit à ses fluctuations en nous incitant à manger davantage – afin de fournir davantage de carburant.

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Le deuxième facteur a trait à la manière dont notre corps réagit au stress. Lorsque les animaux (ou les étudiants) sont stressés, ils ont besoin d'énergie supplémentaire pour traquer une proie (ou une note passable). Par conséquent, leur corps produit plus de cortisol – l' « hormone du stress » - qui fait que l'assimilation du glucose, coûteuse en énergie, est en quelque sorte ralentie.

Par ailleurs, cela nous pousse à rechercher de la nourriture qui offre « davantage de calories (et donc d'énergie) à chaque bouchée », c'est-à-dire des aliments particulièrement gras. Si vous étudiez longtemps, il y a donc de fortes chances que vous ayez une grosse envie de pizza ou de frites à la fin de la journée.

Troisièmement, les semaines d'exams s'accompagnent souvent de troubles du sommeil. Ce qui a deux effets majeurs : vos yeux louchent terriblement sur les pages des bouquins, mais surtout, la quantité de ghréline produite par votre corps augmente. La ghréline est une hormone qui stimule l'appétit, ce qui veut dire qu'en gros, moins vous dormez, plus vous avez faim.

Et les chercheurs ont effectivement constaté que les étudiants faisaient « des nuits particulièrement courtes » lors des périodes d'examens, bien loin des huit heures de sommeil quotidiennes recommandées par les médecins. Quant à la quantité de ghréline supplémentaire produite du fait du manque de sommeil, elle a de bonnes chances de vous faire grossir : on a constaté que les étudiants voyaient souvent leur IMC augmenter après les examens, certainement à cause de leur alimentation plus que douteuse.

Enfin, les révisions sont souvent particulièrement ennuyeuses. Même si vous aimez ce que vous étudiez, il y a de fortes chances que vous ne soyez pas franchement emballé à l'idée de réviser pour vos exams, et cet ennui peut vous pousser à consommer davantage de chocolat et autres sucreries que d'habitude. En gros, quand nous faisons quelque chose qui nous plaît, notre corps sécrète de la dopamine, des endorphines, de l'ocytocine et de la sérotonine, des hormones qui font partie du circuit de la récompense et de la motivation, et qui produisent la sensation de bien-être. Mais quand on ne fait rien d'excitant, voire quand on s'ennuie franchement, notre cerveau cherche d'autres moyens de prendre son pied – et c'est précisément à ce moment-là que le paquet de chips devient soudainement bien plus tentant. Manger des choses grasses et/ou sucrées permet de libérer de la dopamine. Et souvent, cela prend un certain temps, de sorte que nous continuons à manger alors que nous n'en avons plus besoin.

La combinaison de ces facteurs explique en bonne partie pourquoi la semaine des exams nous transforme en monstres insatiables, un paquet de gâteaux dans chaque main. Certes, on brûle plus de calories en étudiant, mais ça ne veut pas dire qu'on peut bouffer n'importe quoi indéfiniment.

« La surcompensation des calories consommées par le travail intellectuel, associée au fait que nous sommes moins actifs lorsque nous réalisons des tâches intellectuelles, pourrait bien contribuer à l'épidémie d'obésité à laquelle nous assistons actuellement dans de nombreux pays industrialisés », explique Chaput. En d'autres termes, cela veut dire que non seulement vous mangez trop en étudiant, mais qu'en plus vous ne faites pas assez d'exercice et que vous avez donc de bonnes chances de devenir trop gros. Mais ce n'est certainement pas un paquet de chips de plus ou de moins pendant la semaine des exams qui va y changer grand-chose.