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Un mec passe sa vie à répertorier tous les pires trucs à vendre sur Amazon

Une interview du type qui tient le blog The Worst Things for Sale, qui liste tous les pires objets qui existent dans le commerce.
Rachel Pick
New York, US
Une gamelle pour chien à l'usage des grands débiles. Image: The Worst Things for Sale

Quiconque a passé un peu de temps sur l'Internet anglophone est sûrement déjà tombé sur les œuvres de Drew Fairweather, qu'il s'agisse de son comic Toothpaste for Dinner ou de Married to the Sea, où lui et sa femme Natalie Dee ajoutent des légendes hyper drôles à des illustrations vintage (ok, ma description est nulle, mais faites-moi confiance, c'est hyper bien). À ma connaissance, Fairweather est l'une des premières personnes à avoir réussi à dépasser le stade de « mec malin et drôle sur Internet » pour devenir « une véritable entreprise ». Il a toujours fait partie de mon univers depuis mes toutes premières connexions, a été plagié un nombre incalculable de fois, et a fait preuve d'une persévérance dans la création rarement vue sur le net.

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Mais son dernier projet en date est certainement mon préféré : un blog intitulé The Worst Things for Sale, sur lequel Fairweather explore les bas-fonds d'Amazon à la recherche des trucs les plus merdiques ou sordides que le site a à offrir. Des choses qui ne servent absolument à rien, ou qui sont très politiquement incorrectes, voire tout simplement des trucs dont on se demande bien qui serait prêt à payer pour les posséder.

J'ai donc décidé d'interviewer Fairweather par email au sujet de The Worst Things for Sale. En général, que ce soit dans ses œuvres ou son comportement sur Internet, Fairweather est à la fois extrêmement drôle et profondément cynique, et j'étais donc curieuse de voir ce qu'il allait me raconter. Je n'ai pas été déçue.

Motherboard : Qu'est-ce qui vous a poussé à ouvrir ce blog ? Est-ce qu'au départ, il y a une découverte horrible ?

Drew Fairweather : Je postais des liens sur Twitter renvoyant vers des trucs affreux que j'avais trouvés sur Internet, et je me suis dit que ce serait plus marrant d'écrire un peu plus longuement là-dessus, par exemple sur un blog. Donc j'ai fait ça, en 2012, et je n'ai jamais arrêté.

Image: The Worst Things for Sale

Quels sont les trucs que tu préfères, parmi toutes les choses horribles que tu as postées ?

Le bouton à Mac'n'cheeseMac'n'cheese est une sorte de condensé de ce tout ce que je cherche. Tu payes 5 dollars pour acheter un bouton connecté à ton wi-fi, et quand tu appuies dessus, Amazon te livre le produit. Il y en a des dizaines, pour de la lessive, de l'eau minérale, des sacs poubelle etc., mais le bouton à macaronis est le plus dingue.

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"The products themselves are a global self-perpetuating emotional and economic problem."

Quelque part, dans une cité-dortoir à des milliers de kilomètres d'ici, il y a un homme qui teste et assemble des petits circuits électroniques. Pas loin de lui, près d'une centrale électrique qui crache de la fumée anthracite, un technicien fabrique une petite plaquette en silicone avec de l'acide fluorhydrique pour 60 centimes de l'heure. Tout ça pour que vous puissiez appuyer sur ce bouton juste une fois, au lieu de cliquer sur la souris de votre ordinateur ou appuyer sur trois touches de votre iPad. Pour des macaronis.

Les réactions à cet article furent très éclairantes. Sur Facebook, sur Twitter et par email, des centaines de gens me répondaient : « Mais c'est super bon, les Mac'n'cheese. »

Comment trouvez-vous toutes ces choses ? À quoi ressemble votre processus de recherche ?

Tout est sur Amazon. Presque tous les produits de consommation peuvent être achetés sur Amazon. Il est donc logique qu'on y trouve les pires choses du monde. Le but, ce n'est pas de trouver les derniers gadgets ou de chercher le « pire » objet qui existe, comme une sorte de Graal impossible. Il faut que les objets en question disent quelque chose sur les gens.

Un bout de plastique n'est rien d'autre qu'un bout de plastique, mais grâce à lui, il y a un mec qui se fait deux milliards de dollars, et deux millions de travailleurs en Asie qui doivent le fabriquer contre quelques centimes. Il y a aussi la personne qui l'achète, et celle qui le reçoit en cadeau. Il y a encore quelqu'un qui doit le mettre en rayon dans un magasin, et quelqu'un d'autre qui doit aller le chercher sur une étagère et l'expédier par la Poste. Qui sont ces gens ? Que pensent-ils ? Qu'est-ce que ça dit de notre futur en tant qu'espèce ?

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Dès lors, il arrive qu'un évier qui émet de la lumière arc-en-ciel soit plus intéressant qu'un déguisement d'Halloween pour chien, ou ce genre de trucs. L'idée, c'est vraiment d'imaginer ce que chaque objet implique, ce qu'il représente. Si vous me filmiez en train de chercher ces objets, vous auriez sûrement l'impression que je ne fais rien.

Vous avez déjà offert l'un de ces objets à quelqu'un ? Est-ce qu'il y en a un que vous recommanderiez pour un Secret Santa au bureau, histoire de terrifier mes collègues et me les mettre à dos ?

Je pense que moralement, il serait difficile pour moi d'acheter la plupart des choses dont je parle sur mon blog. Par ailleurs, les Secret Santa sont une véritable machine à transformer un billet de 20 dollars en haine pure.

Y'a-t-il une part de vous qui trouve ça génial que ces trucs horribles existent, et que quelqu'un, quelque part, les possède vraiment ?

Pas du tout. Ce que j'essaie de montrer, en écrivant tout ça, c'est que notre bonheur et notre joie de vivre nous ont été volés, morceau par morceau, par l'industrie, le travail et la loi, et qu'on nous les revend pour faire du profit. J'ai de l'empathie pour les sept milliards de personnes, partout dans le monde, qui tentent d'oublier leur tristesse en achetant des produits. Mais les produits eux-mêmes sont les symboles d'un problème émotionnel et économique à l'échelle mondiale qui ne fait que s'auto-alimenter.

Quel objet vous a le plus énervé ? Genre, au point de vouloir balancer votre ordinateur par la fenêtre ?

Je ne m'énerve jamais contre des produits. Ils n'ont jamais demandé à être fabriqués ou vendus. Mais les pires personnes sont celles qui font des arnaques médicales. Les homéopathes, les naturopathes, les chiropracteurs, les anti-vaccins, tous ces connards et autres tarés qui profitent des gens les plus vulnérables.

Si tu n'as pas les moyens d'avoir une bonne mutuelle ou une bonne assurance, ou si tu n'es pas en état de prendre une bonne décision à cause de la maladie, ces mecs débarquent et prennent tout ton argent. On se retrouve avec des mères qui donnent de l'eau de javel à leurs gamins autistes, et des gens qui prennent des pilules de cyanure pour traiter leur cancer. J'aimerais écrire sur ce genre d'arnaques tous les jours, mais mes lecteurs préfèrent se marrer devant des pantalons qui donnent l'impression que vous vous êtes chié dessus, donc il faut trouver le bon équilibre.

Vous pouvez suivre Drew sur Twitter : @drewtoothpaste. Et profitez-en pour lire Toothpaste for Dinner et Married to the Sea, tant que vous y êtes.