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Sports

La légende du kickboxing Badr Hari va retourner en prison

L'ancien champion du monde de K-1 est aussi légendaire qu'imprévisible. Suite à de multiples agressions perpétrées en 2012, il devrait bientôt se retrouver derrière les barreaux.
Photo via Instagram/badrhariofficial

Dans le monde un peu spécial des sports de combat, la recherche de la crédibilité et de la notoriété se heurte bien souvent à un ennemi intérieur : la violence que portent en eux-mêmes les combattants. Aussi longtemps qu'ils l'expriment uniquement sur le ring ou dans la cage, les politiques conservateurs et autres rageux n'ont rien à dire à ce sujet et l'intégration culturelle de ces pratiques sportives parfois jugées comme extrêmes se poursuit sans heurts ou presque. C'est le fil rouge de l'histoire d'un sport comme le MMA : la transformation d'une sauvagerie profonde en sport, d'une brutalité enracinée en art. C'est beau, et tout l'argent, la célébrité, et les mauvaises volontés politiques du monde ne pourront l'empêcher.

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Mais le problème, avec les sports de combat, c'est qu'ils se trouvent dans une situation de précarité constante, une épée de Damoclès planant sans cesse sur leur tête. Le risque, c'est de voir cette violence sortir des rings et des cages, de se voir pointé du doigt, et donc de revenir des années en arrière, catalogué comme un sport underground. Et le truc, c'est que parmi les combattants, il y en a toujours quelques uns qui, avant d'être des athlètes, des sportifs de haut niveau avec toutes les contraintes que cela comporte, sont et resteront avant tout des combattants. En clair, des mecs qui trouveront un moyen de se battre même s'il n'y a pas de combat institué et organisé, des mecs qui portent en eux une agressivité innée, qui dépasse leur volonté ou même leur entendement. Ces combattants ont trouvé avec le sport un moyen de canaliser des instincts presque corporels, d'en faire quelque chose de beau et d'admiré. Mais il suffit parfois qu'un seul d'entre eux pète un câble pour donner à toute la corporation une sale réputation.

Personne n'incarne mieux cet exercice d'équilibriste entre professionnalisme et brutalité instinctive que Badr Hari, l'immense champion hollando-marocain de kickboxing. Malgré 15 années glorieuses à briller dans la discipline, Badr est plus connu pour ses nombreuses agressions et autres éruptions de violence que pour son statut d'ancien champion du monde de K-1 ou pour sa finale de World Grand Prix. En octobre 2012, Hari, qui avait reconnu qu'il est parfois « submergé par sa propre violence et prêt à exploser à tout moment comme une tempête, un orage, un désastre », s'est retrouvé inculpé pour huit affaires différentes, entre agression d'une ex, baston contre des videurs ou passage à tabac du businessman hollandais Koen Everink.

Aujourd'hui, un tribunal hollandais a jugé Hari coupable d'aggression aggravée et de trouble à l'ordre public pour son coup de grisou contre Everink à l'Amsterdam Arena en 2012 (le bonhomme a par ailleurs été assassiné dans une autre agression l'année dernière, sans lien établi avec Badr Hari). A l'issue de la rixe, Everink a accusé le coup : un nez cassé, un oeil au beurre noir, et une cheville pétée. Visiblement, Hari n'avait pas vraiment apprécié les commentaires d'Everink au sujet de sa copine de l'époque, Estelle Cruijff. Mais cela n'a pas ému le moins du monde la cour chargée de juger l'affaire, puisque Badr Hari a été condamné à deux ans de prison. Une peine que l'avocate de la défense, Benedicte Ficq, qualifie «d'incompréhensible» à l'époque. Badr Hari ayant déjà passé huit mois en détention provisoire, il ne devrait passer que six mois supplémentaires derrière les barreaux.

Ce verdict couronna une période assez difficile pour Hari. En décembre déjà, à Oberhausen, en Allemagne, le vétéran des rings avait tenté un come-back après plus d'un an d'absence contre Rico Verhoeven, un champion poids-lourd. Résultat des courses, une blessure au bras en marge du combat conclu sur une baston, après avoir tout de même remporté le premier round. Bien qu'Hari n'ait fait aucune déclaration sur son avenir en tant que kickboxer ou sur l'issue du combat, on est en droit de penser que ce genre d'écarts empêche les institutions du MMA telles que Glory et K-1 d'accéder à une crédibilité mainstream. Et aussi que des combattants aussi imprévisibles que Badr Hari, aussi talentueux qu'ils soient, font parfois courir un risque à leur sport.

Peut-être que je suis trop naïf en définitive. Peut-être que les sports de combat, dont l'histoire est émaillée d'agressions et d'irruptions incontrôlées de bruit et de fureur venu du tréfonds des âmes des combattants, seront toujours plus vendeurs grâce à ce genre de personnalités que s'ils étaient pratiqués par des «athlètes» policés.