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Sports

Au Maroc, la chasse est relancée entre les ultras et l'Etat

Le week-end dernier, des affrontements ont eu lieu en marge de deux matches de foot, une preuve supplémentaire de l'échec du plan déployé par le ministère de l'Intérieur pour lutter contre la violence dans les stades.

Vendredi 3 mars. La rencontre comptant pour la 20e journée du championnat qui opposait le Chabab Rif Al-Hoceima (CRA) et le WAC (1-2) n'a pas suscité de tensions particulières. Le vrai événement sportif en revanche était le retour des ultras dans les stades après des mois de boycott.

Alors que le match touche à sa fin et que les supporters des deux équipes s'échangent le salut traditionnel, la foule commence à quitter le stade tranquillement. C'est à ce moment-là que les premières pierres commencent à tomber sur certains supporters. Dans la confusion générale, les ultras du WAC pensent à un guet-apens et ripostent par des jets de pierres. En quelques minutes, les rues de la ville d'Al Houceïma se transforment en un champ de bataille et les magasins et voitures sont livrés à un saccage. En guise de riposte, les jeunes de la ville pourchassent les supporters du WAC qui se dirigent vers la gare routière de la ville pour emprunter les bus. Pire, des individus cagoulés improvisent des barrages routiers pour débusquer les supporters du Wydad. Bilan : 64 blessés, parmi eux des supporters et des agents des forces de l'ordre.

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Le lendemain, c'est la ville de Sidi Kacem qui est le théâtre de faits similaires lors de la rencontre entre l'Union Sidi Kacem (USK) et le Moghreb de Fès (MAS). Par la suite, les médias se déchainent et accusent les ultras d'être les pourfendeurs des violences sans en avancer une seule preuve tangible. En revanche, les médias du pays en tirent des conclusions qui renvoient à l'échec de la politique de l'Etat lancée en grande pompe il y a près d'un an pour endiguer les violences liées au football. Pour rappel, l'Etat a décrété la dissolution des groupes ultras qui, de fait, n'ont plus aucune existence juridique. Du coup, si les fans veulent aller au stade, ils ne peuvent plus porter de "produits" à l'effigie de tel ou tel groupe ultra.

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Premier constat de ce regain de violences : le plan déployé par le ministère de l'Intérieur pour dissoudre les ultras et les neutraliser n'a pas fonctionné. À commencer par la réunion secrète qui a regroupé dans la ville de Kenitra, les représentants des cinq groupes ultras les plus puissants. En plus d'annoncer leur retour dans les stades, ces groupuscules ont déclaré leur intention de se regrouper en fédération. Une déclaration relayée par certains médias qui devait théoriquement mettre les autorités en état d'alerte maximale, surtout que, selon plusieurs témoignages, des délinquants auraient fait le voyage avec les supporters du WAC et seraient les responsables de la mise a sac de la ville.

L'autre constat du regain des violences renvoie aux autorités qui n'ont pas réussi fragiliser les ultras en asséchant leurs ressources. Selon le quotidien Assabah, les ultras, sans avoir le statut juridique d'une association, continuent de manipuler beaucoup d'argent et le nombre de leurs adhérents surpasserait celui de certains partis politiques. Aujourd'hui, les ultras sont au box des accusés à nouveau et l'Etat est bien décidé à frapper de nouveau pour les neutraliser. La chasse est relancée.