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Le joueur de Ligue 1 VICE Sports du week-end : João Moutinho

Dimanche, il nous a laissé entrevoir quel joueur il aurait pu devenir si les règles de Football Manager s'appliquaient au monde réel.

Il existe sûrement une dimension parallèle où toutes les perles de Football Manager ont fait des carrières à la hauteur de leur hype. Où Freddy Adu mène l'attaque du Real, où Giovani dos Santos relègue Mesut Özil sur le banc à Arsenal, où Tonton Zola Moukoko ferait les beaux jours de la Juve. Et où João Moutinho aurait dignement remplacé Xavi dans le tiki-taka barcelonais.

Une dimension parallèle dans laquelle Moutinho aurait explosé à Monaco pour sa première saison sur le Rocher, oui, celle-là même où le monde entier a découvert quelle arnaque était Falcao.

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J'ai souvenir d'une partie de L'Entraîneur-Championship-Manager aux alentours de l'année 2006, quand le jeu bouffait des après-midi entiers de mon été. Moutinho était alors encore un jeune milieu de terrain inconnu du Sporting Portugal. Les plus grands clubs européens virtuels se l'arrachaient et Moutinho avait atterri à Chelsea où il défonçait toute la Premier League du haut de ses à peine 20 ans. Il émargeait à quelque chose comme 30 passes décisives en une saison, une performance impossible en réalité, quand on ne s'appelle pas Mesut Özil en tout cas.

De cette époque-là, j'ai donc gardé en tête l'idée qu'il allait retourner l'Europe, et qu'il serait fin prêt la Coupe du monde 2010 avec le Portugal. C'était certain, il allait la remporter en niquant le reste de la mêlée avec ses compères Ronaldo et Quaresma (on est en 2006 je vous rappelle).

Or, la vie ne se déroule généralement pas comme dans les jeux vidéos, sinon je serais maire d'une ville de 30 000 habitants qui aurait un gros problème avec son réseau de canalisations (j'étais pas très bon à Sim City) et j'aurais été responsable de quelques homicides. João Moutinho aurait lui aussi sûrement espéré que sa vie se déroule comme dans Football Manager. Il n'en était pas loin d'ailleurs.

On l'a encore vu dimanche dans le match face à Lorient. Après une première mi-temps bien loupée des Monégasques, la lumière est venue des pieds de Moutinho. Une transversale vers Thomas Lemar, qui a terminé comme il a pu pour le 1-0 (c'est-à-dire en envoyant le ballon sur la barre, puis derrière la ligne - ce qui fut confirmé par la goal line technology - mais qui donna de faux espoirs à Guido Carrillo, qui crut un instant qu'il était un attaquant potable de Ligue 1).

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Et puis ce fut un autre aperçu du talent monstrueux du Lusitanien quelques minutes plus tard. Un coup-franc direct, un truc improbable, qui passe crème au-dessus du mur, et qui retombe parfaitement dans les filets. « J'ai tiré comme à l'entraînement », dira-t-il dans un français imparfait après la rencontre. Ça s'est vu.

L'année fatale pour João aura sûrement été 2013. C'est l'année du haut de la vague pour Mouti, le top de la hype, le joueur Technikart de l'année. Il permet cette année-là à Porto de remporter son 3e championnat d'affilée. Il est exfiltré vers Monaco comme tout bon joueur portugais qui se doit. Il est même classé 61e joueur de l'année par le magazine FourFourTwo devant des mecs comme Casillas, Paul Pogba, Jesus Navas.

Bref, tout roule pour Moutinho qui signe dans un club de nouveaux riches avec des ambitions pharaoniques. Trois ans plus tard, João doit se dire qu'on lui a faite à l'envers. Il est l'un des derniers rescapés de l'équipe aux ambitions européennes de Rybolovlev et symbolise un peu le Monaco de ces dernières années : talentueux sans être trop séduisant, au-dessus du lot mais pas trop non plus, quelques éclats éphémères par-ci par-là. Un bon club de Ligue Europa en somme.

Ces trois dernières saisons auraient dû être celles de son explosion comme un joueur de classe internationale, comme un milieu de terrain qui aurait enquillé les Ligues des Champions, qui aurait enfin signé au Barça. Mais non, elles ont été celles de la saudade, d'un milieu de terrain talentueux qui n'arrivera jamais à être le franchise player qu'on attendait qu'il devienne après les départs de Falcao et James.

Il est tout juste un peu au-dessus du reste de la meute. A part sur quelques éclairs de génie, comme ce fut le cas dimanche. C'est pour cela, pour nous laisser entrevoir de temps en temps ce joueur qu'il aurait pu devenir si les règles de Football Manager s'appliquaient au monde réel ou si Monaco avait conservé ses ambitions pré-divorce de Rybolovlev, que João Moutino est le joueur VICE Sports du week-end.