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Len Bias, le "nouveau Jordan" tué par la cocaïne

Il était destiné à disputer à la star des Bulls le titre de meilleur joueur NBA. Mais avant même le début de sa carrière pro, la poudre blanche a eu raison de lui.
Foto: Isaac Brekken/AP

La relation entre les athlètes et les produits dopants est presque aussi vieille que l'histoire du sport. Le désir de gagner, l'appât du gain, ou simplement l'égo, ont engendré la mort de la saine concurrence et les sportifs sont prêts à tout pour être les meilleurs.

Les histoires de dopage remontent aux Jeux olympiques de la Grèce antique, quand certains athlètes prenaient des champignons pour améliorer leurs performances. Dans la Rome antique, les cavaliers administraient certaines substances à leurs chevaux pour qu'ils courent plus vite.

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Par définition, le dopage vise à améliorer artificiellement les performances du corps. En d'autres termes, il permet d'obtenir un avantage physique sur la concurrence. Cependant, ces dernières décennies, la popularisation des drogues récréatives à mis sur la table de nouveaux cas de dopage : les athlètes qui se dopent pour le plaisir, sans pour autant en tirer profit dans leur pratique sportive.

Naturellement, le premier cas qui nous vient à l'esprit est celui de Diego Armando Maradona. Un talent incroyable, mais un gars avec une personnalité autodestructrice et un penchant pour les drogues récréatives. Il a fait connaissance avec la cocaïne lorsqu'il jouait à Barcelone et a chargé lors de son séjour à Naples : il a été suspendu en 1991 après un contrôle positif lors d'un match de Serie A.

La scène qui résume bien la relation entre Maradona et les drogues s'est produite lors de la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis. L'image de l'infirmière qui prend par la main Diego après le match contre le Nigeria a fait le tour du monde. L'Argentin fut contrôlé positif à l'éphédrine et n'a plus jamais porté le maillot de l'Argentine.

Il y a d'autres cas de joueurs de football accros à la cocaïne : l'Argentin Claudio Caniggia, la Roumain Adrian Mutu ou encore le Colombien René Higuita qui a déjà affirmé par le passé avoir été pote avec Pablo Escobar.

Mais le cas le plus marrant est probablement celui de l'attaquant de Liverpool Robbie Fowler. Les fans d'Everton, le grand rival des Reds, ont accusé Fowler d'être addict à la cocaïne. Et en guise de réponse, sans réfléchir apparemment, Fowler a célébré un but sur penalty en sniffant la ligne de but, juste devant les fans des Toffees.

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Les footballeurs ne sont pas les seuls à aimer la cocaïne. La joueuse de tennis Martina Hingis a été contrôlée positive à cette drogue en 2007. Même si elle a dit ne jamais en avoir consommé, le Suissesse a été suspendue deux ans.

L'histoire la plus dramatique entre un sportif et la coke est sans aucun doute celle du joueur de basket Len Bias. Vous ne le connaissez pas ? Pas de panique, on va vous parler un peu de lui.

L'Américain Leonard Kevin Bias était le sportif parfait. Du haut de ses 2,03 mètres, il avait un talent exceptionnel. Il a joué pour l'université du Maryland et a rapidement attiré l'attention de tout le monde. Son potentiel physique et sa manière de gérer la pression dans les moments décisifs l'ont amené à être élu joueur de l'année dans l'Atlantic Coast Conference.

Bias, qui portait le numéro 34, était considéré comme « l'attaquant le plus complet jamais sorti d'une université » et a même eu l'honneur d'être comparé à Michael Jordan qui avait été drafté seulement deux ans avant. La comparaison état devenue inévitable au regard des performances de Bias. « C'est peut-être celui qui se rapproche le plus de Michael Jordan sur le long terme, a affirmé Ed Bager le recruteur des Celtics. Je ne dis pas qu'il est aussi bon que Jordan, mais c'est un joueur excitant et spectaculaire comme lui ».

Michael Jordan et Len Bias lors d'un match universitaire. Ils ne s'affronteront jamais en NBA.

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Lors de la draft 1986, Len Bias était un joyaux, un objet de désir pour beaucoup d'équipes. Finalement, ce sont les Boston Celtics qui ont empoché le gros lot : Red Auerbach, président de la franchise, le suivait depuis trois ans et il n'a pas loupé l'occasion de l'ajouter à son roster déjà performant.

La saison précédente, Boston avait gagné le titre de champion NBA et l'incorporation de Bias dans l'équipe laissait place à tous les fantasmes : avec Larry Bird et Len Bias, les Celtics s'apprêtaient à marcher sur la NBA pendant plusieurs années, c'était écrit. « Je vais construire l'équipe autour de lui, il est si bon que personne ne pourra l'arrêter », avait déclaré KC Jones, l'entraîneur des Celtics. Len Bias est choisi en deuxième position derrière Brad Daugherty, l'élu des Cavaliers de Cleveland.

La draft 1986 se déroule au Madison Square Garden de New York. Après l'événement, les séances d'autographes et les obligations publicitaires, Bias revient dans le Maryland avec sa famille. L'ambiance est à la fête, sa vie va changer. Len est désormais un joueur NBA et le candidat numéro 1 pour disputer le trône à Michael Jordan.

Les comparaisons avec Jordan sont immédiates. En réponse au contrat de Nike avec Jordan, Reebok signe Bias : 1,62 millions de dollars sur cinq ans. Comment Bias ne peut-il pas célébrer ce qui lui arrive à ce moment-là ?

Bias lorsqu'il évoluait à la fac de Maryland. Photo vía Icon SMI,Getty Images.

Cette nuit-là, Bias va avec ses amis à la résidence universitaire où il a passé sa dernière année d'étude. Ils font la fête plusieurs heures, boivent beaucoup de bière, énormément d'alcool… et prennent de la cocaïne. Oui, de la cocaïne, quelque chose de nouveau dans la vie de Bias qui pensait que l'occasion valait la peine de tester cette substance.

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La fête est folle. Peu après six heures du matin, Len commence à se sentir mal. Il a d'abord des difficultés à respirer, puis s'évanouit et a commence à convulser. Ses amis réussissent à le calmer mais une deuxième crise se produit tout de suite après.

Brain Tribble, un de ses amis, appelle les secours. Une ambulance arrive et le joueur est transféré à l'hôpital dans un état critique. Les équipes médicales essayent de le réanimer et réfléchissent même à une transplantation cardiaque. En vain, il est trop tard. A 8 h 55, son corps est recouvert d'un drap. Len Bias est mort d'une arythmie causée par une surdose de cocaïne. « Depuis la mort de Kenedy, jamais Boston n'avait vécu un tel drame », déclare Red Auerbach lors de la cérémonie commémorative qui réunit 11 000 personnes.

Même si les gens prennent de la cocaïne depuis le début du XXe siècle, il y a eu un vrai boom de consommation dans les années 70 et 80. La mort de Len Bias a eu un fort impact dans la société américaine. Beaucoup ont découvert que la poudre blanche était très mauvaise pour la santé et l'Etat américain était bien décidé à la combattre. Seulement deux mois après le décès de Bias, les Etats-Unis votent un budget de 1,6 milliard de dollars pour renforcer la lutte contre les drogues. Après ce triste épisode, la NBA prend elle aussi conscience des méfaits de la drogue auprès des basketteurs avec la mise en place d'un programme de prévention contre les drogues.

Le mort de Len, d'ailleurs, n'a pas été le seul malheur qui a frappé la famille Bias : cinq ans plus tard, Jay Bias le frère de Len, également joueur de basket universitaire, est abattu par balles. James et Lonise Bias, les parents des enfants assassinés, ont décidé de dédier le reste de leur vie à combattre la drogue et les armes à feu.

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[Docu] Without Bias [VOSTFR] par J-Kidd29