Dans l’intimité des cheerleaders de France
Toutes les photos sont de Romain Baro.

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Sport

Dans l’intimité des cheerleaders de France

Danseuses, gymnastes et pom-pom girls : plusieurs mois avec les adolescentes les plus américaines de l'Hexagone.

En 2012, tandis que je réalisais le portrait d'une équipe française de football américain pour Le Monde, j'ai rencontré un autre groupe : celui des cheerleaders, les supporters de ces équipes de sport, souvent identifiés en tant que simples « pom-pom girls ».

Intrigué par ces jeunes adolescentes pratiquant une discipline typiquement américaine, je me suis alors documenté à propos d'elles. Très vite, j'ai découvert l'existence de nombreux clubs, partout en France : les Tigers, les Duchess, les Dogs ou encore les Phoenix. Chacun d'entre eux s'est inventé une identité – couleurs, tenues, hymnes et chorégraphies – tout en restant fidèle aux codes préexistants, c'est-à-dire à ceux déclinés dans les universités américaines. C'est comme cela que ma fascination pour ces groupes a débuté.

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En septembre 2014, j'ai démarré une série de photographies nommée À l'américaine. Pour la compléter, j'ai voyagé dans toute la France et ai rencontré beaucoup de ces jeunes, tous animés du même enthousiasme. Dans cette communauté aux allures de famille, les garçons se font rares, victimes des nombreux préjugés qui accompagnent la discipline. Aux États-Unis, leur visibilité est tout autre : ils y occupent des postes clés et sont repérés pour leurs performances au sol.

En France le cheerleading s'est implanté et développé à partir des années 2000, dans plusieurs régions. La discipline dépend toujours de la Fédération française de football américain. Formellement, elle est à la croisée des chemins de la gymnastique et de la danse. Il existe des championnats de France, lesquels ont lieu chaque année. La meilleure équipe est sans doute Cheer Excess (ou CXS), près de Paris. Chaque club a différentes activités : il peut être affilié à un club de sport (football américain ou basket, généralement) ou indépendant. Ce qui veut dire que les clubs s'entraînent d'abord pour les compétitions entre cheerleaders, ensuite en soutien aux équipes de sport locales.

En France le cheerleading est la plupart du temps associé uniquement aux pom-pom girls. Cette image agace profondément les cheerleaders, qui n'utilisent pas leurs pom-poms en compétition.

J'ai passé du temps avec ces filles et ces garçons lors d'entraînements ou de shows. Et peu à peu, ils se sont dévoilés. Ils m'ont ouvert leur intimité et m'ont expliqué leur parcours, leurs motivations. Chaque rencontre est unique. J'ai retrouvé de la légèreté, de la timidité parfois, mais toujours la même ardeur : celle d'un épanouissement personnel dans la solidarité du collectif. Un véritable esprit de groupe, un challenge perpétuel, voilà ce que ces ados sont venus chercher dans le cheerleading.

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Pour eux, le « cheer » est un concentré de leur vie future, dans les victoires comme dans les défaites. Lors de ces longs mois de travail, ma démarche a été de trouver la bonne distance pour les représenter au plus juste.

Plus de photos de Romain sur son site personnel.