La « Ville des mouches » de Madagascar : la vie dans une décharge

La plupart des villes de Madagascar ont endigué une épidémie de peste qui s’est répandue dans le pays en août dernier. Mais les quelque 3 000 personnes qui vivent dans une décharge publique à la périphérie de la capitale, Antananarivo, cohabitent avec la maladie. Les habitants de « Ralalitra » (la « Ville des mouches ») passent leurs journées à fouiller parmi les déchets, les rats et les cadavres. SAMVA, la société privée employée par le gouvernement pour gérer la décharge, nie l’existence de ces squatteurs et a menacé les photographes et les journalistes qui ont tenté de faire connaître leurs conditions de vie.

Les habitants de la décharge les plus chanceux ont un emploi dans la mine de porphyre. Ils travaillent dix heures par jour et gagnent moins qu’avant, mais « la dignité a son prix », expliquent-ils. De là, ils voient la fumée qui s’échappe de la décharge (à la base de l’arc-en-ciel), un rappel constant de la raison pour laquelle ils doivent travailler dur sans se plaindre.

Un homme se protège de la fumée dans un cimetière à Akamasoa, un quartier fondé par des gens qui travaillaient dans la décharge. Un médecin humanitaire qui exerce là a rapporté de nombreux cas de peste pneumonique dans cette région, à cause du brouillard toxique provenant de la décharge.

Le feu brûle constamment au milieu des collines de déchets, qui peuvent atteindre jusqu’à 15 mètres de hauteur, et ce paysage contre nature est constamment couvert de brouillard toxique. Les enfants ne peuvent y rester longtemps : leurs chaussures fondraient à cause de la chaleur.

Le centre de la décharge est parsemé de petites tombes de fœtus et de nouveau-nés non désirés. Ceux qui survivent forment une communauté d’orphelins : les plus âgés veillent sur les plus jeunes.

Près de 3 000 personnes vivent et travaillent dans la décharge. Ils collectent du plastique (vendu 0,05 $/kg) et des métaux (0,44 $/kg). Beaucoup d’entre eux sont venus à Antananarivo en quête de fortune et de meilleures conditions de vie. Ils vivent désormais dans l’un des endroits sur Terre qui compte le plus de cas non signalés de peste pneumonique, extrêmement contagieuse et mortelle.