En 2002, Nickelback n’était pas encore une usine à vannes, Ben Affleck était considéré comme l’homme le plus sexy du monde et le couple Justin/Britney se séparait pour la dernière fois. C’est également l’année où l’Atlantic Seafood Sauce Company fermait très discrètement son usine de St. Mary’s, à Terre-Neuve, laissant plus de 100 cuves de son produit – une sauce aux fruits de mer fermentée que l’on trouve souvent dans la cuisine vietnamienne – en l’état.
Dix-sept ans plus tard, les habitants de la minuscule ville canadienne aimeraient vraiment que quelqu’un – n’importe qui – les débarrasse de la sauce qui a eu le temps de pourrir au-delà du raisonnable. En plus de représenter un potentiel danger pour la santé, elle dégage une odeur pestilentielle qui rend fous les locaux.
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« Quand l’odeur monte, je suis obligé de rentrer, de fermer les fenêtres, les portes et de rester cloitrer à l’intérieur de chez moi comme une prisonnière », déclare par exemple Muriel Whelan à CBC News. D’autres habitants de St. Mary’s expliquent distribuer des masques respiratoires N95 jetables lorsque leurs petits-enfants viennent leur rendre visite ou qu’ils doivent rester avec leurs parents pendant l’été, lorsque la puanteur est à son comble.
Le conseil municipal a tenté de trouver une entreprise capable de retirer les cuves, mais l’opération s’avère plus complexe que « déplacer un dossier vers la corbeille »
Autre élément qui ne rassurent personne : les vêtements de protection complets portés par les responsables gouvernementaux quand ils visitent le site. Selon Radio-Canada, le conseil municipal de St. Mary’s a tenté de trouver une entreprise capable de retirer les cuves de sauce aux fruits de mer de l’usine, mais l’opération s’avère plus complexe que « déplacer un dossier vers la corbeille ».
En 2016, une entreprise privée embauchée pour nettoyer le bâtiment avant de le démolir a commencé à vider les cuves directement dans l’océan. On leur a demandé d’arrêter, sans donner d’explications. Lorsque le maire Steve Ryan a trouvé un autre nettoyeur, ce dernier a jeté un œil au chantier puis refusé le taf.
« Il m’a dit qu’en 30 ans de métier il n’avait jamais vu ça. Autant de déchets et aucun rongeur », se rappelle Ryan. « Ce qu’il m’a confié m’a un peu effrayé : ‘Les rats savent quand quelque chose est toxique.’ » Ryan ajoute que les coûts de nettoyage du site sont estimés à 700 000 dollars canadiens (460 000 euros environ), ce qui dépasse de loin le budget de la ville.
La municipalité a demandé une subvention à la province et attend actuellement une décision ; leur précédente demande avait été refusée. (MUNCHIES a sollicité les commentaires du conseil municipal de St. Mary, mais n’a pas encore reçu de réponse.)
En 2000, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) s’est rendu sur site et a déclaré que la sauce était fabriquée dans des conditions insalubres.
L’Atlantic Seafood Sauce Factory a ouvert ses portes à l’été 1990. Son objectif était de produire une sauce aux fruits de mer utilisée typiquement dans la cuisine vietnamienne. (Le fondateur de la société, Sanh Ngo, a émigré du Vietnam au Canada en 1975).
En 2000, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) s’est rendu sur site et a déclaré que la sauce était fabriquée dans des conditions insalubres. L’usine a suspendu ses opérations en 2002 et Ngo a plaidé devant les tribunaux contre les accusations de l’ACIA jusqu’à son acquittement en 2006. Malheureusement pour tous ceux qui possèdent un système olfactif fonctionnel, l’usine n’a jamais repris sa production et toutes ces cuves de sauce aux fruits de mer ont été laissées à fermenter éternellement.
Service NL, qui effectue des inspections environnementale sur les lieux de travail, a tenté de contacter Ngo à propos des déchets potentiellement dangereux en 2012, mais leurs questions sont restés lettres mortes et aucun représentant de Atlantic Seafood Sauce Co. n’a pu être localisé.
Pour le moment, il semble que tous les habitants de St. Mary doivent attendre pour voir ce qui se passe, ce qui est exactement ce qu’ils font depuis 17 ans. Attendre, se préoccuper de leur santé et collectionner des masques respiratoires. Quelle vie.
Cet article a été préalablement publié sur MUNCHIES US
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