Drogue

Dans l’atelier du souffleur de verre qui fabrique des bangs à 100 000 $

Dans ce nouvel article de la série « La Vie des autres », on a filé un appareil jetable à Josh Opdenaker alias JOP !, un souffleur de verre professionnel basé à Philadelphie. Josh fabrique des bangs et gère sa marque Jop Glass depuis 15 ans. S’il était le premier à se lancer dans le quartier de Fishtown, à Philadelphie, on trouve aujourd’hui cinq ateliers et 18 souffleurs de verre dans sa rue. « J’étais là quand ça ne rapportait rien, explique-t-il. Et je serais toujours là si cette industrie s’effondre. »

En plus de nous faire visiter son atelier, Josh nous a aussi montré sa pièce la plus précieuse : le « bébé Ganesh », qui vaut plus de 100 000 dollars. Il a aussi photographié un bang en verre sur lequel il travaille actuellement et qui ressemble à une grande cassette audio. Voici ce que ce gourou de la fumette avait à nous dire sur son art.

Videos by VICE

VICE : Que faites-vous de vos journées ?
Josh Opdenaker : Le matin, je vais à mon atelier à vélo aussitôt après m’être préparé. Les premières heures de la journée sont celles où je suis le plus productif, donc je fais généralement impasse sur le petit-déjeuner et le déjeuner. J’allume le four, puis je fume un peu de weed. J’utilise la weed comme un outil – ça m’aide à travailler et à trouver l’inspiration, et je ne fume pas quand je ne travaille pas. Je travaille dix à douze heures d’affilée jusqu’à ne plus en pouvoir par manque de nourriture et d’air frais et après avoir fumé trop de cigarettes. Si je suis en plein boulot sur une pièce – ce qui est souvent le cas –, me reposer et manger vient toujours dans un second temps. Après ça, je vais prendre une bière au bar en face, et ma journée se termine.

Comment avez-vous démarré dans cette industrie ?
Après avoir fabriqué à la main des sculptures en pierre pendant plusieurs années, j’en avais assez d’être fauché. Mon copain JAG fabriquait des pipes dans la cuisine d’un pote – ce qui n’est pas à reproduire chez soi –, et réussissait à en tirer du fric. Il m’a laissé tester et, après seulement 15 minutes, j’ai su que c’était ce que je voulais faire pour le reste de ma vie.

J’ai investi le peu d’argent que j’avais et j’ai acheté ma première flamme et un petit four. Puis, j’ai loué un garage et m’y suis essayé. À l’époque, les différentes techniques n’étaient pas très partagées et on ne trouvait aucune information sur Internet. On devait juste se fier à notre inspiration, à notre technique. Ça foirait, il fallait refaire, ça foirait encore, et il fallait répéter le processus.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient comme vous apprendre à fabriquer des bangs en verre ?
Prendre un cours me paraît être la meilleure solution. On en trouve partout aujourd’hui, mais assurez-vous avant de la réputation de l’instructeur. Trop souvent, des gens non-qualifiés en donnent et propagent de mauvais conseils. À l’époque, les techniques n’étaient pas du tout partagées et le secret prédominait. On devait apprendre par soi-même, comme un tatoueur.

Travaillez-vous aussi sur commande ?
Je travaillais souvent sur commande quand ma réputation n’était pas encore établie. Maintenant, je fais ce que je veux. Ça a à la fois des bons et des mauvais côtés : si je suis désormais mon seul instinct, il peut se passer un certain temps avant qu’une pièce fabriquée ne se vende.

Quels sont les clients qui achètent vos œuvres ?
Cela varie beaucoup, étant donné que je fabrique des pièces qui valent de 90 $ à 100 000 $. Avec cette large gamme, on retrouve tous les types de clients : du fumeur lambda qui vit dans le sous-sol de sa mère aux rappeurs réputés.

Quelle est la pièce dont vous êtes le plus fier ?
La pièce dont je suis le plus fier est le « bébé Ganesh » que j’ai fabriqué l’an dernier. Il fait près d’un mètre de haut et compte six bras. La tête et le tuyau sont amovibles. J’ai été complètement absorbé par la fabrication durant deux mois, au point où j’ai négligé de nombreux aspects de la vie comme la nourriture, l’hydratation, le sommeil, la socialisation… En prenant du recul sur cette expérience, je me dis que c’est une pièce comme on en fait qu’une seule fois dans sa vie.

Où les gens peuvent-ils acheter vos pipes ?
Mes modèles sont visibles sur Instagram et peuvent être commandés via mon site.