Dans l’atelier d’un taxidermiste des Vosges

Souvent criblée de préjugés et tournée en dérision par le biais de listes plus ou moins grossières, la taxidermie est une profession qui se raréfie drastiquement au fil des années. Selon le syndicat des taxidermistes, ils ne seraient plus que 200 en France – contre 300 en 2007 –, bien que leur métier fasse partie intégrante du processus de sauvegarde des espèces disparues ou en voie d’extinction.

C’est dans le petit village du Valtin, situé au beau milieu des montagnes vosgiennes que Patrick Liaud a choisi de s’installer pour pratiquer son activité de taxidermiste. Il n’a qu’un seul confrère dans la région, et fait partie des rares personnes capables de vivre de sa profession. Lors de notre rencontre, il m’a expliqué qu’il avait éprouvé l’envie de devenir taxidermiste suite à une partie de pêche entre amis. Après avoir récupéré un brochet de cinquante centimètres, il a souhaité garder un souvenir de la journée, et a progressivement amélioré sa technique en se plongeant dans des livres spécialisés. Il a ensuite passé dix ans au musée de la faune de Lorraine, à Xonrupt-Longemer, avant de décrocher le titre de Meilleur ouvrier de France et de s’installer à son propre compte.

La majorité de ses réalisations sont des trophées de chasse : des gibiers des forêts vosgiennes, mais aussi des animaux plus exotiques issus de safaris en Afrique, lesquels proviennent de chasses très réglementées. Avant la loi sur la protection des animaux de 1976, il était possible de faire naturaliser n’importe quel animal – que ce soit une chouette ou un écureuil malchanceux trouvé sur le bord de la route. Depuis cette réforme, les taxidermistes ont perdu en moyenne 40 % de chiffre d’affaires – selon Patrick, qui est secrétaire pour le Syndicat des taxidermistes – et la clientèle de particuliers est réduite. Les naturalisations d’animaux domestiques, tels que les chats et les chiens, sont plus rares que ce que l’on croit – certains professionnels refusent même ce type de demandes.

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Patrick m’a expliqué que les gens étaient souvent déçus par le résultat, ou choqués de revoir leur animal reproduit de manière trop réaliste. Des bêtes qu’il travaille, il ne garde que la peau. Il réalise des moulages ou des sculptures pour redonner corps à l’animal. Dans un souci constant de réalisme, il définit son anatomie au plus près de la vérité. En général, à la fin de son intervention, les gens ne voient qu’un simple animal mort et n’ont pas vraiment conscience du travail qu’il y a derrière. Voici quelques photos que j’ai prises dans son atelier.

Retrouvez le reportage complet de Gabriel sur son site.