Dans le cerveau génial et tordu du créateur de Black Mirror

Des parents implantent un tracker dans la tête de leurs enfants. Ce tracker leur permet de surveiller les moindres déplacements de leur progéniture, de voir à travers leurs yeux, et même de les protéger des stimulis négatifs. C’est un cauchemar et c’est le pitch d’« Arkangel », deuxième épisode de la saison 4 de Black Mirror, né dans l’esprit génial et tordu du créateur de la série : Charlie Brooker. Autopsie d’un épisode déjà culte.

Attention ! Cette interview contient des spoilers.

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VICE : Comment naissent tous ces concepts futuristes développés dans Black Mirror ?
En général, j’ai un début d’idée. Et je la raconte à toutes les personnes sur le plateau pour les faire flipper ! L’étape suivante, c’est d’en faire un vrai scénario. La série a un côté assez viscéral, ça va souvent beaucoup plus loin que ce à quoi on s’attendait au départ.

Et pour « Arkangel » ? Vous avez eu l’idée en observant vos enfants ?
Charlie Brooker :

C’est vrai, les enfants sont en première ligne du progrès technologique, et ils s’adaptent plus rapidement que n’importe qui…
Complètement ! Mon fils de 5 ans a terminé Super Mario en un week-end, j’en suis extrêmement fier ! Plus sérieusement, oui, c’était un sujet que nous n’avions pas encore traité dans Black Mirror. Souvent, dans la série, nous présentons une sorte de gadget technologique qui confère un immense pouvoir à ses utilisateurs. Le système Arkangel, que le personnage utilise dans l’épisode, est très intéressant. Peu de parents résisteraient à l’envie de l’utiliser ! Dans ce cas-là, franchiraient-ils les limites ? Je crois que les parents trop protecteurs se reconnaîtront.

C’est Jodie Foster qui a réalisé « Arkangel ». Comment cette collaboration est-elle née ?
Des enfants jouent la comédie dans cet épisode et qui de mieux que Jodie Foster pour diriger des enfants acteurs ? Je crois qu’elle joue depuis l’âge de trois ans, c’est dingue. Et puis, elle a déjà mis en scène des épisodes de House of Cards et Orange Is the New Black pour Netflix. Nous lui avons envoyé le script, et elle est revenue avec beaucoup remarques très intéressantes. Elle a énormément d’expérience et elle est pourtant hyper normale, très terre à terre. C’était un plaisir de travailler avec elle.

Vous vous en doutez, cet épisode m’a fait réfléchir. J’ai l’application « Localiser mes amis » sur mon iPhone. Je peux voir où ils sont en ce moment même.
Sont-ils au courant ?

Oui, ils doivent donner leur accord et on se suit mutuellement. Une fois, une amie est allée chez son ex alors qu’elle disait en avoir fini avec lui. Résultat, le lendemain matin, nous étions tous au courant.
Bloody hell !

C’est mal ?
Plutôt, oui ! Mais bon, vous n’avez pas regardé à travers ses yeux et vous n’avez pas vu ce qu’elle faisait avec lui, donc ce n’est pas si grave.

En tout cas, grâce à cette appli, je comprends le sentiment de réconfort que ressent la mère dans « Arkangel ». En voyant mes proches se déplacer sur cette appli, je sais qu’ils sont en vie et en bonne santé. Si j’étais parent, je trouverais ça pratique de m’en servir avec mes enfants.
Vous savez qu’il est déjà possible de suivre vos enfants à la trace grâce à des chaussures GPS ? Cela ne me surprend pas du tout que ces trucs existent, même si, personnellement, je n’en ai encore jamais ressenti l’utilité, mes enfants sont très jeunes. Je peux comprendre ce qui pousse les gens à le faire, mais il faut quand même savoir que c’est tout simplement de l’espionnage. C’est espionner quelqu’un et envahir sa vie privée.

@samwolfson