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Dans les pays en développement, les robots prendront les deux tiers des emplois

Selon un lieu commun, les travailleurs les plus touchés par l’automatisation du travail sont les travailleurs précaires des pays riches. Pourtant, si l’on étudie le sujet à l’échelle mondiale, on observe que la grande menace robotique concerne avant tous les travailleurs des pays en développement, selon un rapport des Nations Unies.

L’automatisation va réduire la marge de manœuvre professionnelle des travailleurs à bas salaire en Amérique du Nord, selon le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Mais les types d’emplois les plus susceptibles d’être éliminés purement et simplement concernent avant tout les pays en développement. C’est précisément parce que ces emplois (dans des secteurs comme l’agriculture et la fabrication) périclitent les pays riches que les entreprises les ont délocalisées, profitant de coûts salariaux plus bas.

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Les pays en développement vont perdre « les deux tiers de tous les emplois environ », selon le rapport. Un chiffre terrifiant, bien au-dessus de la plupart des estimations faites jusque-là sur les pays développés.

« L’usage croissant des robots dans les pays développés risque d’éroder l’avantage traditionnel des coûts de la main-d’œuvre des pays en développement », indique le rapport. « Les effets néfastes pour ces pays pourront être très importants. »

Même si le rapport de l’ONU évoque uniquement les conséquences de l’automatisation, ce qui est vraiment en jeu ici, c’est le comportement des sociétés à la recherche du profit. Dans une économie mondialisée, les changements opérés au niveau de la force de travail ne se font pas sentir uniquement dans les pays riches, mais partout dans le monde. En Chine, par exemple, les propriétaires d’usines utilisent déjà les robots et l’automatisation comme un moyen d’éliminer les travailleurs les moins dociles.

Les pays qui ont le plus de robots connaîtront vraisemblablement le plus gros gain de productivité, note le rapport – en matière d’automatisation, la Chine est actuellement en tête du peloton, selon l’ONU – mais c’est ignorer les pays qui n’ont actuellement pas assez de richesses pour s’offrir des robots compétitifs. En outre, les pays qui disposent d’une importante main-d’œuvre peu qualifiée (c’est-à-dire, au salaire faible) peuvent exceller dans des domaines où les robots ne sont pas encore tout à fait au point, comme le textile. En d’autres termes, le coût de développement et de déploiement des robots peut être plus élevé que celui du recrutement d’humains aux doigts agiles. Or, cette situation pourrait basculer très rapidement lorsqu’un seuil sera franchi en termes d’innovation.

« Les nouvelles technologies apportent toujours leur lot de bénéfices et de risques », indique le rapport. Une réflexion hâtive basée sur l’observation du marché consistera à dire que si les entreprises automatisent certains emplois, l’économie encouragera la création de postes plus qualifiés pour les remplacer, et l’équilibre sera rétabli, stabilisant le chômage. Pourtant, rien n’est moins sûr.

Le rapport recommande de tout miser sur l’éducation : selon les Nations Unies, il faut permettre aux enfants d’accéder aux professions les plus qualifiées possibles, car elles sont davantage à l’abri de l’automatisation. Le bilan de l’étude reste pourtant assez sombre : il y aura moins d’emplois sur le marché dans les pays développés, et beaucoup, beaucoup moins dans les pays pauvres. Ce qui ne change pas, c’est qu’il se trouvera toujours des types pour gagner de la thune aux dépens d’autrui.