Peter Cushing est mort en 1994, 17 ans après avoir interprété l’inquiétant Grand Moff Tarkin dans le Star Wars original. L’hiver dernier, il a “repris” ce rôle dans Rogue One sous la forme d’une simulation 3D. Joyce Broughton, qui a été sa secrétaire pendant 35 ans, a été submergée par l’émotion lorsqu’elle a découvert la version numérique de l’acteur décédé.
Créer des clones en 3D de véritables humains est un exercice compliqué. Ces amas de polygones ne sont pas encore parvenus à s’extraire pour de bon de l’uncanny valley : malgré tous les efforts dont ils font l’objet, ils semblent toujours plus inquiétants que réalistes. Cependant, cela pourrait bientôt changer. Un informaticien de l’université de Colombie Britannique travaille à la création d’un algorithme qui simule les mouvements de la peau, l’un des derniers grands défis de la quête des personnages numériques plus vrais que nature. (Toujours rien du côté de ces yeux en 3D super flippants, par contre.)
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Dinesh Pai et son équipe ont combiné des techniques anciennes et récentes pour capter la manière dont la peau se plisse, s’étire, se ride et rebondit sur le corps. Le procédé ressemble beaucoup à de la motion capture traditionnelle, mais Pai se veut plus spécifique. “En général, quand les gens font de la motion capture, ils n’essaient pas de capter les mouvements de la peau, explique-t-il. Ils essaient de capter les mouvements des os et du squelette.”
J’ai été surpris d’apprendre à quel point ce projet était inédit. “L’un des principaux problèmes est que ça n’a jamais vraiment été fait avant, m’a afffirmé Pai. Du coup, nous développons beaucoup des méthodes de mesure et d’estimation pour la première fois.”
Les clones en 3D sont déjà apparus dans bon nombre de films d’action. En 2010, une version rajeunie de Jeff Bridges a été intégrée à Tron : Legacy. En dépit de son haut niveau de détails, elle semblait très différente des véritables humains du casting.
Cinq ans plus tard, le public a pu découvrir les progrès de la discipline grâce à Ant Man et à sa simulation 3D de Michael Douglas époque Wall Street. La même année, les producteurs Furious 7 ont fait appel à un double numérique de Paul Walker après le décès brutal de l’acteur. La création d’un faux Peter Cushing pour Rogue One coulait presque de source.
Ces fondations sont imparfaites, mais solides. Les recherches de Pai vont permettre d’abattre les derniers obstacles qui nous séparent des personnages en 3D vraiment séduisants. Des rumeurs affirment qu’un nouveau Tron est en préparation et il y a fort à parier que Disney va continuer à jouer sur la nostalgie des spectateurs dans les prochains Star Wars.
N’oublions pas les personnages non-humains. L’entreprise de Pai, Vital Mechanics, a déjà cédé une licence de son logiciel au studio d’effets spéciaux Image Engine Design. Celui-ci l’a utilisé pour créer les monstres des Animaux fantastiques. D’autres longs métrages vont sans doute lui succéder. Si James Cameron souhaite que les suites d’Avatar soient aussi innovantes que le film original, il manifestera sans doute de l’intérêt pour ce genre de peau numérique. (Pour le moment, il a plutôt l’air de se concentrer sur la 3D sans lunettes.)
Pau espère que son travail saura conquérir en dehors du grand écran. “Notre objectif principal est d’essayer de créer des reproductions fidèles de la peau et des tissus mous humains pour plus que les effets spéciaux, m’a-t-il affirmé. Nous aimerions découvrir à quel point notre technologie peut être utilisée par les designers.” Les produits concernés vont des bracelets connectés aux outils de bricolage. D’après Pai, même la chirurgie esthétique pourrait s’en trouver changée à terme.
Les effets spéciaux ont également une fonction pratique. “Dans certains cas, vous pouvez savoir que vous faites une chose bien lorsqu’elle rend bien en version animée, m’a affirmé Pai. Le test “Est-ce que c’est beau sur un écran ?” est très précieux.”