Toutes les images sont tirées de Holidays in Soviet Sanatoriums , disponible chez Fuel Design.
Faites le test. Tapez « post-soviétique » dans votre proprette barre de recherches Google, et constatez. Troisième occurrence : l’auguste média suisse Le Temps évoque « la mode post-soviétique, nouvel empire du cool ». C’est comme ça. Dissertez sur le post-soviétisme, et vous recevrez les regards enjôleurs des plus branchés de vos camarades, collègues, amis et amants. Pourquoi ? Par l’habituel flux et reflux de la hype, qui fait que le cool d’aujourd’hui sera le passé de demain – et inversement.
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Holidays in Soviet Sanatoriums s’inscrit dans un registre différent. Recueil de photos de différents artistes, ce petit ouvrage, publié aux éditions Fuel Design, compile des dizaines de clichés récents, pris dans et autour de sanatoriums construits à partir des années 1920 dans ce qui était alors l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Au lendemain de la Révolution de 1917 – que vous célébrerez d’ici quelques jours de manière plus ou moins critique, selon que vous serez lecteur de Valeurs ou du Monde Diplo –, le nouveau pouvoir décida qu’il en allait de son devoir de permettre à tout un chacun de prendre des vacances, même les plus modestes. Du coup, il imposa – par « il », j’entends évidemment Staline, vu que la séparation des pouvoirs à la sauce Montesquieu ne faisait pas vraiment partie des préoccupations du dictateur – la mise en place d’un « droit au repos » en 1936, 14 ans après l’adoption de deux semaines de congés par an pour de nombreux travailleurs.
Sauf qu’il n’en allait pas des vacances au sanatorium comme du repos à l’occidentale. À rebours de la « décadence » consumériste de nos contrées, l’Union soviétique promouvait une remise en forme du travailleur, en amont d’une productivité renforcée. Logiquement, le sanatorium n’avait rien d’un lieu de liberté. Emplois du temps décidés par les responsables et médecins, règlements intérieurs stricts : la vie n’était pas un long fleuve tranquille dans des bâtiments qui ont alterné entre le modernisme – pour ceux ayant vu le jour dans les années 1920, puis à partir des années 1950 –, et le néo-classicisme, défendu par Staline. Souvent laissés à l’abandon, ces sanatoriums sont aujourd’hui très peu utilisés – et lorsqu’ils le sont, les standards ont drastiquement évolué. C’est pour lutter contre ce relatif oubli que Maryam Omidi a réuni des clichés de différents sanatoriums.
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