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Deathloop se serait-il perdu dans sa boucle temporelle ?

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Si Cervantès écrivait dans Don Quichotte « Il faut donner du temps au temps », c’est qu’il n’a sans doute jamais été bloqué dans une boucle temporelle faite de remastered payants et autres jeux vidéo annoncés qui ne sortent jamais. Au milieu du chaos que semble subir l’industrie vidéoludique (et le monde en général), une lueur d’espoir pointait le bout de son nez : Deathloop. Nouveau titre des Lyonnais de chez Arkane (Dishonored 1 & 2, Prey) et édité par Bethesda, cette exclusivité PlayStation 5 et PC nous promettait un voyage vers un monde où le temps est une prison et les assassins multirécidivistes omniprésents. Si en 2021 les œuvres où le temps se présente comme le personnage principal sont en passe de dépasser les histoires de hackers sur l’échelle du cool, Deathloop arrivera-t-il à s’imposer comme le titre de cette rentrée ? Spoiler : oui et non.

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Dans Deathloop, vous incarnez Colt, un mec qui se réveille amnésique sur une plage de l’île de Blackreef. La seule chose dont il se souvient, c’est qu’il vient d’être tué par une femme à coups de machette. Un peu en état de choc, vous errez alors quelques instants pris d’hallucinations, puis votre personnage réalise très vite que sa journée est une boucle infinie. Qu’il meurt ou qu’il attende la nuit, il est condamné à se réveiller la tête dans le sable, face à la mer. Dans un premier temps, vous allez donc devoir en apprendre plus sur ce lieu, sur vous et sur Julianna. La rencontre avec cette dernière vous fera vite comprendre que si vous voulez sortir de cette prison temporelle, vous allez devoir tuer les huit psychopathes qui dirigent l’île, baptisés “Visionnaires”. Deathloop, c’est aussi et surtout l’histoire de deux protagonistes. Vous, qui tentez d’en finir avec cette boucle, et Julianna qui veut la protéger.

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Le problème, c’est que cette mission est théoriquement impossible. Non seulement vous ne vous vous rappelez de rien, mais ces cibles sont au même moment à des endroits éloignés. Alors comment faire ? Le seul moyen d’avancer dans Deathloop est donc de tout faire pour vous souvenir et ainsi, de boucles en boucles, accumuler les informations et parvenir à vos cibles. De fait, vous allez devoir fouiller des zones semi-ouvertes et de taille moyenne pour découvrir qui vous êtes, qui est Julianna et comment réussir. À chaque nouvel indice, vous pourrez passer à une nouvelle zone. Et ainsi de suite.

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Chassé par Julianna et les résidents de l’île, votre piètre état vous fera vite préférer l’infiltration à l’action, du moins dans un premier temps. Comme dans tous les FPS du genre, vous commencez à poil. Mais sur votre chemin, vous allez bien sûr récupérer des gros flingues, augmenter vos capacités grâce à des modules violets qui brillent jusqu’à devenir un véritable tueur capable pirater des antennes ou des caméras à distance, ouvrir des portes bloquées et piéger tous les PNJ qui occupent la zone et défendent vos cibles. Cette ascension vous permettra de profiter pleinement du jeu et d’étendre votre panel de stratégies d’attaques.

Si ce scénario semble plutôt séduisant sur le papier, Deathloop a en fait une structure assez classique. Vous avez un objectif principal (briser la boucle) qui sera divisé en missions (tuer des gens), elles-mêmes réduites en courtes quêtes (fouiller une zone et en savoir plus) qui s’afficheront sur votre map. Boucle temporelle oblige, il vous faudra néanmoins revenir régulièrement sur vos pas. Un nouveau code, une nouvelle capacité et c’est peut-être une porte jusque-là fermée dans une zone précédente qui pourra s’ouvrir. Ça ne plaira pas à tout le monde car cela peut donner un aspect redondant au titre. La seule différence est que vous reviendrez dans cette zone par exemple de nuit et non de jour.

Ce n’est donc pas à vous de vous creuser le cerveau pour trouver la solution à cette énigme temporelle. Il vous suffira de suivre les marqueurs, et de cette simplicité peut naitre une petite déception.

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Dans Deathloop, Arkane a joué la sécurité en mettant tout en œuvre pour éviter que le jeu devienne un bordel sans nom et ultra punitif. Par exemple, mourir ne signifie pas retourner sur la plage et tout recommencer avec l’envie d’exploser sa télévision 4K à 1500 euros. Vous pouvez décéder trois fois, et “ressusciter” immédiatement à côté de votre corps pour tenter une approche différente de la zone. Vous aurez aussi la possibilité d’apparaître dans le quartier de votre choix à l’heure de votre choix quand vous vous cachez dans le réseau souterrain. Et enfin, c’est une boucle temporelle sans compte à rebours. Comprenez ici que vous n’avez pas de délai pour mener à bien votre mission, à l’inverse d’un Twelve Minutes.

Le studio lyonnais a donc fait le choix d’une grande accessibilité, au risque de perdre l’essence de son jeu ? Car si toutes ces aides sont de prime abord les bienvenues pour fluidifier l’expérience, le revers de la médaille est qu’elles relèguent bien souvent cette histoire de boucle temporelle au second plan, la laissant au rang de prétexte plutôt que de réelle composante centrale du gameplay.

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Pour enrober le tout, Deathloop a joué la carte de “l’ambiance humour noir entre vieux couple” – sorte de tension humoristique entre les deux personnages principaux qui passent leur temps à s’engueuler et à s’insulter. C’est sympa, même si on sent que les jurons sont un peu forcés. Côté graphisme, c’est un peu le quiproquo. Si Arkane montre une nouvelle fois son savoir-faire en level design – les chemins pour accomplir votre mission et tuer votre cible sont nombreux – et aussi en direction artistique – l’ambiance “James Bondienne” fonctionne très bien –, difficile de tomber de sa chaise face à l’aspect technique. Les textures et certaines animations semblent vraiment elles aussi bloquées dans une boucle temporelle. Le jeu n’est pas moche, loin de là, mais il ressemble grandement à un Dishonored 2 sorti en 2016. Et ce n’est pas l’option “raytracing”, sorte d’obsession du moment, qui viendra combler le manque. Au mieux elle fera chuter vos FPS pour un reflet dans une flaque d’eau.

Même chose pour l’IA qui semble parfois désorganisée, rendant certaines attaques trop simples. Il est en effet possible d’égorger un soldat à seulement 30cm de son pote sans que ce dernier ne remarque quoi que ce soit, ou voir un PNJ courir tout droit dans un mur – jusqu’à décéder. Cela ne fera que pousser le joueur à privilégier la manière forte.

De toute façon, forcé ou non, le côté fun de Deathloop réside ici : utiliser les multiples armes et compétences pour détruire des hordes d’ennemis d’une manière excitante. Car là-dessus, Arkane sait faire. Vous pouvez les balancer du toit, les projeter en l’air avant de les faire exploser au shotgun. Sans pour autant être révolutionnaire, c’est assez jouissif un lundi soir en rentrant du boulot. Et plus vous avancez dans l’aventure, plus les combats seront techniques et les possibilités larges. Deathloop se joue de manière bien plus bourrine que ses prédécesseurs Dishonored. L’ambiance s’y prête, les environnements et le scénario. Et on commence très vite à sauter partout tout en jeter des grenades.

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Le multijoueur viendra finir de saupoudrer le tout. Deathloop a ajouté à sa campagne solo un mode multijoueur PvP. En pleine partie, les joueurs pourront se retrouver face à une Julianna incarnée par un autre joueur. Ici on se retrouve davantage dans un mélange “chasse/battle royale” où les portes qui donnent accès aux tunnels (là où vous pouvez sauvegarder) se verrouillent et ne se débloquent qu’en piratant l’antenne radio locale. En hors-ligne, c’est une Julianna dirigée par la console qui viendra vous traquer. Inutile de préciser que dans ce cas, ce n’est pas très palpitant. 

Pour résumer, Deathloop est un bon jeu. Mais pas une bombe. Ses aspects excentrique et fun suffiront à rendre l’expérience plus qu’agréable, mais ils ne pourront malheureusement pas masquer une technique un peu faible et une “boucle temporelle” davantage prétexte marketing et scénaristique que vraie partie prenante du titre.

Deathloop est disponible dès aujourd’hui sur PlayStation 5 et PC.

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