Aussi loin que Jef se souvienne, au moins une fois par mois, ses parents partaient à la recherche d’un vieux café. Enfant, il était souvent traîné aux quatre coins du pays. « Pour moi, ce n’était pas vraiment les excursions les plus agréables qu’il soit », confie-t-il.
Le père, Jan Van den Bossche, a dressé l’inventaire de tous les estaminets typiques qu’il a visités avec son épouse, ses enfants et ses amis. En 2001, il a regroupé les cafés de la province d’Anvers dans le livre In de zoeten inval. C’est la contribution la plus importante du père Jan à ce qu’il appelle la « tavernisation » de l’HoReCa national (le secteur de la restauration locale).
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Quand Jef, 25 ans, s’est mis à chercher de l’inspiration pour son travail d’étudiant en photo au KASK, école d’art à Gand, ça a été vite fait. Presque vingt ans plus tard, il décide de poursuivre le travail de son père.
« J’ai été dans certains endroits seul, dans d’autres avec mon père. Comme je n’ai pas le permis de conduire et que de nombreux cafés sont assez retirés, on y va à deux en voiture. »
Avec les anciennes listes de Jan à la main, Jef a de nouveau parcouru la Flandre, où les cafés et leurs propriétaires ont juste un peu vieilli. « J’ai été dans certains endroits seul, dans d’autres avec mon père. Comme je n’ai pas le permis de conduire et que de nombreux cafés sont assez retirés, on y va à deux en voiture. »
« Pour mon père, c’était l’intérieur du rade qui était le plus important », explique Jef, « alors que moi, j’attache toujours une grande importance aux gens. Et durant notre périple, ces personnes – ou plutôt leur absence – ont souvent posé problème car la plupart des cafés que j’ai visités ne sont plus du tout populaires. »
De nombreux propriétaires étaient d’ailleurs super contents de voir des gens passer la porte de leur rade. Par exemple, Jacqueline, la tenancière d’ In Den Keizer à Bellegem nous a spontanément fait visiter sa maison et nous a raconté pas mal de petites anecdotes croustillantes. « Elle-même a appelé ça des discussions de café » se souvient Jef. Jacqueline est décédée en novembre dernier à l’âge de 89 ans.
« Par contre, il arrivait aussi que le café soit bondé. C’était le cas dans l’Oude Tinnen Pot à Onze-Lieve-Vrouw-Waver. C’était plein jusqu’aux escaliers. Ce jour-là, il y avait une sorte de bingo. Les gagnants repartaient avec une barre chocolaté ou de poulet congelé. »
Généralement, Jef entre surtout en contact avec les personnes âgées. « Sauf au Café America, dans le petit village de Dikkebus (Flandre Occidentale). Je pense que le propriétaire a bien nonante ans, mais la clientèle était dans la trentaine. »
D’après Jef, on n’assiste malheureusement pas à une revalorisation de ce patrimoine culturel. Au contraire. « Beaucoup de ces bars vont être remplacés par de nouveaux projets, comme par exemple le Café De Tijger à Jabbeke, où je me suis rendu quatre fois car il était sur le point d’être démoli, mais il y avait quand même quatre cents personnes à la soirée de clôture. »
Cet article a été préalablement publié sur Vice Belgique
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