Des ados ont hacké l’ordinateur de leur prof pour changer les notes et se faire du fric

tieners hacken schoolcomputer

Quand, en première, je n’ai pas réussi à me connecter à mon ordinateur, ma professeure est venue me donner les mots de passe et identifiants de l’administration. J’ai alors pensé : « Peut-être qu’on peut s’en servir autrement. » J’ai commencé à fouiner et je me suis rendu compte que les identifiants marchaient sur tous les ordinateurs du réseau. J’ai voulu voir si je pouvais me connecter au compte de quelqu’un.

C’est seulement quelques temps plus tard que je suis devenu ami avec quelqu’un qui s’y connaissait bien mieux que moi en programmation. Il a compris comment accéder aux caméras de l’école et comment les faire bouger en se servant d’un programme nommé NetVu Observer. On a découvert ça après avoir déniché les adresses IP des caméras, en cliquant un peu partout sur le grand menu bleu. Ce n’était pas forcément très légal, mais c’était assez amusant à faire.

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On était toujours en train d’essayer de trouver des identifiants pour le réseau. Alors nous avons fixé l’objectif des caméras vers une salle de classe, dont la professeure était connue pour entrer et sortir de la salle sans arrêt. On s’est servi des caméras pour déterminer à quelle heure elle partait avant la fin des cours, et sommes entrés avant qu’elle ne parte. Elle ne s’était pas déconnectée de l’ordinateur, alors nous avons pu y avoir accès.

On y a installé un logiciel espion, qui nous enverrait un mail toutes les 30 minutes, dès qu’elle écrivait. C’est comme ça que nous avons obtenu son identifiant et son mot de passe. Et puisqu’on avait ses identifiants, on avait ainsi accès aux bulletins scolaires. On pouvait donc modifier les notes.

On a d’abord commencé par aider nos amis qui avaient du mal à avoir de bonnes notes, ou qui faisaient des crises d’angoisses à propos de leur moyenne, parce qu’ils ne savaient pas si ces dernières seraient suffisantes pour qu’ils soient acceptés dans les universités qu’ils visaient. Nous augmentions chaque note de cinq points maximum, car nous ne voulions pas que la professeure s’en rende compte. Si quelqu’un avait un 0 et que nous le changions en 20, ça allait être un peu trop évident.

Un jour, je traînais avec un ami à l’heure du déjeuner. Il était plutôt mal en point. Puis il m’a confié avoir fait une dépression nerveuse, à cause de son cours de chant. Il ne savait pas s’il l’avait validé. Je ne comprenais pas vraiment comment quelqu’un pouvait avoir une mauvaise note en chant, mais pour lui, j’étais prêt à prendre un risque, alors j’ai installé un programme d’enregistreur de frappe dans l’ordinateur de la prof. Pour la première fois, nous avons changé le 0 en 17. Ça a marché, parce que la prof n’y connaissait pas grand-chose en technologie, alors elle ne s’est pas posée de question, et cela a propulsé mon ami vers le 12 dont il avait besoin.

On a compris qu’on pouvait rentabiliser ce système si on le voulait vraiment. On a donc demandé à nos amis de contacter certaines personnes qui avaient de mauvaises notes, et à qui ils manquaient deux points environ dans une matière. On leur a proposé un tarif de 20 euros. La première année, on a gagné 500 ou 600 euros. On ne voulait pas arnaquer les gens, et à l’époque, mes deux parents avaient accès à mon compte bancaire. Je ne voulais pas qu’ils se demandent d’où venait l’argent.

Je n’ai changé qu’une seule note dans mon propre bulletin, en Première. C’était le dernier test de maths que j’ai passé. Je n’avais pas vraiment travaillé, alors j’ai changé mon 6 en 9.

Notre ami a continué à scanner les ordinateurs, et il a fini par trouver un ordinateur appartenant aux techniciens informatiques de l’administration. Il venait d’une autre école, et c’est comme ça qu’on a compris que toutes les écoles de notre quartier se servaient du même réseau. On a découvert que pour son travail, un technicien administrateur, en particulier, utilisait le même compte d’administrateur par défaut, ce qui, en soit, est une faille de sécurité. Sur son ordinateur, il avait installé un programme qui pouvait lancer les mises à jour sur tous les ordinateurs de tout le réseau, ce qui fait qu’on avait presque accès à tout ce dont on avait besoin. Il avait aussi un logiciel qui permettait d’installer le système HVAC, c’est-à-dire qu’il pouvait contrôler les températures de tous les lycées. Clairement, on était plutôt contents de nos trouvailles

Une fois, la nuit, à trois heures du matin, j’ai essayé de me connecter sur l’ordinateur, comme je pensais que personne n’y serait connecté à cette heure-là. Mais le système indiquait que quelqu’un était déjà bien connecté, et me demandait si je voulais virer l’utilisateur. J’ai pensé que c’était mon ami, mais en fait, c’était l’administrateur. Ce dernier m’a viré de cet ordinateur-là, et, quand, le lendemain, je suis revenu à l’école, ils étaient en train de changer toutes les caméras de surveillance.

Je suppose qu’au départ, beaucoup d’écoles n’ont pas fait vraiment attention à leur sécurité informatique, parce qu’elles n’imaginaient pas que quelqu’un chercherait à hacker ce genre de choses. Les administrateurs informatiques sous-estiment vraiment ce que les élèves peuvent réellement faire.

Il y aura toujours des failles de sécurité et des possibilités de corrompre les fichiers, dans n’importe quel système. Selon moi, il y a vraiment beaucoup de monde qui triche. Ça se verra dans leurs performances à l’université. J’ai envisagé de tricher à la fac, mais les conséquences n’en valent pas le coup.

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