Vu la vitesse à laquelle avancent les nouvelles technologies, il ne serait pas étonnant que d’ici peu, le barman qui a l’habitude de nous servir à l’apéro soit remplacé par un ordinateur ou un robot. Mais si les environnements dans lesquels nous consommons de l’alcool deviennent de plus en plus dématérialisés, il y a bien une chose qu’un robot ne pourra jamais transmettre naturellement : un peu de chaleur humaine.
Désolé Drinky – ô toi le petit robot créé pour tenir compagnie aux buveurs solitaires – mais le département de psychologie expérimentale de l’Université d’Oxford a travaillé avec des militants de la CAMRA (Campaign for Real Ale, une association qui défend les bistrots depuis 1971) pour pondre une étude très sérieuse qui révèle ce que tous les piliers de bar auraient déjà pu vous dire : il n’y a pas de mal à picoler un petit coup au comptoir.
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L’étude, menée conjointement par des psychologues et des anthropologues, s’intitule « Des amis et de la bière pression : le rôle des bars dans une communauté » (« Friends on Tap : The Role of Pubs at the Heart of Community »). Le but était d’observer les avantages physiques et psychologiques de la fréquentation régulière des bars. Résultat : il y en a plein.
« Nos rapports amicaux et la sensation d’appartenir à une communauté sont les deux facteurs qui influencent le plus notre bien-être et notre santé. Mais pour se faire des amis (et les garder) le meilleur reste les rencontres face à face : la sociabilité sur internet n’est pas un substitut total, explique Robin Dunbar le professeur qui a dirigé l’étude, lors d’une conférence de presse. Étant donné que nous nous occupons de plus en plus de notre vie sociale en ligne, la présence d’endroits de détente accessibles est de plus en plus nécessaire. C’est là où de vieux amis peuvent encore se rencontrer et où de nouvelles amitiés peuvent se former. » En gros, votre bar du coin est peut-être l’un des derniers bastions de l’humanité, période anté-digitale.
Mais les bienfaits d’une fréquentation régulière des bars ne concernent pas seulement votre sociabilité. L’étude souligne que consommer de l’alcool dans un estaminet, de manière raisonnable, peut améliorer les capacités cognitives et certains problèmes de santé.
On peut lire par exemple : « Directement et indirectement (en nous donnant une excuse pour se voir en personne), une consommation raisonnée d’alcool permet de construire des amitiés et aide à se sentir membre de la communauté. » Un autre argument : « Beaucoup d’observations indiquent que plus vous avez d’amis et plus vos relations avec eux sont de qualité, plus ces amitiés vous seront bénéfiques en termes de santé, de bien-être et même de survie. »
La conclusion de cette étude est assez implorante : « Si seulement nous pouvions réussir à persuader les gens de lâcher leur smartphone pour aller discuter dans les bars – car cela a vraiment un impact positif sur la santé mentale, le bien-être et la cohésion sociale. »
Grâce à cette étude, vous verrez donc peut-être d’un œil nouveau (ou ne serait-ce qu’un peu moins dégradant), les piliers de bar qui tiennent les murs au PMU en bas de chez vous. Néanmoins, l’étude du professeur Dunbar est à prendre avec des pincettes et il n’y aura jamais aucun argument qui pourra justifier une beuverie excessive.
Pour info, l’alcool est toujours à consommer avec une grande modération et c’est triste à dire, mais boire comme un trou, rend toujours aussi con. Concrètement, si vous passez vos journées accoudés au zinc à vous torcher la gueule, il y a un grand risque pour qu’une consommation excessive d’alcool ait pour conséquence d’inverser les effets bénéfiques démontrés dans l’étude.
De plus, l’étude note que les buveurs citadins – qui ont pourtant les plus grands cercles d’amis – sont ceux qui ont généralement les conversations les plus courtes et les moins personnelles.
Retenons donc de cette étude cette conclusion : les petits bars de proximité sont plus qu’un endroit où se retourner la tête près de chez soi, ils sont aussi un chaînon important – mais peut-être bientôt manquant – de notre sociabilité.