Des centaines d’étudiants ont manifesté ce jeudi dans les rues de Dacca, la capitale du Bangladesh, après que plusieurs hommes ont tué avec leurs machettes un individu qui avait critiqué l’islamisme sur la toile. Ce meurtre est le dernier assassinat en date de militants laïcs par des partisans islamistes.
L’étudiant en doctorat de 28 ans, Nazimuddin Samad, a été attaqué alors qu’il rentrait de l’université ce mercredi, a fait savoir la police.
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L’officier de police Tapan Chandra Shaha a expliqué que trois ou quatre hommes ont attaqué Samad avec des machettes et lui ont tiré dessus alors qu’il était à terre. Des passants ont entendu les assaillants crier « Allah Akbar [Dieu est grand] » alors qu’ils fuyaient la scène de crime.
Samad avait critiqué la religion d’État bangladaise sur sa page Facebook a fait savoir le Guardian. « L’évolution est un fait scientifique. Les religions et les races sont des inventions d’un peuple sauvage et non civilisé, » pouvait-on lire sur le wall de l’étudiant. Son nom était apparu sur une liste répertoriant 84 « ennemis de l’islam » — une liste rédigée par des religieux rigoristes et largement diffusée dans les médias bangladais en mars 2013.
Il avait désactivé son compte Facebook il y a un mois de ça, a confié son ami Wafi Chowdhury au Guardian.
Imran H. Sarker, le responsable du principal réseau de blogueurs du pays, a dit que Samad était un critique vocal de l’injustice et du militantisme. « Il s’élevait toujours contre les injustices et défendait bec et ongles la laïcité, » a expliqué Sarker à Reuters.
L’année dernière, des assaillants ont tué quatre blogueurs laïcs et un éditeur — dont le militant Americano-Bangladais, Ajavit Roy — et blessé plusieurs autres. Un groupe islamiste désormais dissout, l’Ansarullah Bangla Team, avait revendiqué certaines de ces attaques. La plupart d’entre elles ont eu lieu en pleine journée dans des endroits très fréquentés.
Des hordes d’étudiants de la Jagannath University, où Samad étudiait, sont descendues dans les rues ce jeudi pour demander l’arrestation rapide de ses assassins.
Ils ont bloqué des rues dans les environs de l’université et expliqué aux journalistes, que si ceux qui étaient responsables des précédentes attaques avaient mis sous les verrous, Samad n’aurait pas été attaqué.
« Nous manifestons ici parce qu’un de nos étudiants à la faculté de droit a été violemment assassiné, nous demandons une véritable enquête et la justice, » a dit Billal Hossain, un étudiant présent à la manifestation.
Suite au tollé, le Premier ministre Sheikh Hasina a publiquement annoncé que les tueurs seront activement recherchés — mais la majorité des coupables restent introuvables.
Au lieu d’offrir une protection aux blogueurs ayant fait l’objet de menaces de mort, le parti au pouvoir (la ligue Awami) a régulièrement demandé à ces blogueurs d’arrêter de publier des textes critiquant la religion. Le parti a même engagé des poursuites judiciaires contre certains d’entre eux comme le prévoit la section 57 de la loi bangladaise sur l’Information, les Communications et la Technologie. Cette disposition juridique est de facto une loi sur le blasphème. Elle est notamment utilisée pour réduire au silence les critiques du gouvernement d’après certains observateurs.
Le Bangladesh a été le théâtre d’une vague d’attaque au cours de l’année dernière — dont une série d’attaques à la bombe contre des mosquées et des temples hindouistes.
Certaines de ces attaques ont été revendiquées par le groupe État islamique (EI), notamment les assassinats d’un prêtre hindou, d’un ressortissant japonais, d’un humanitaire italien et d’un officier de police. Le gouvernement nie toute présence de l’EI dans ce pays de 160 millions d’habitants majoritairement musulman.
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