Des bières fraîchement servies, des gens à moitié ivres et des terrasses bruyantes : l’ambiance des bars semble n’être devenue qu’un lointain souvenir. En Belgique, le secteur de l’horeca est plus ou moins à l’arrêt depuis un an, et la réouverture est prévue pour le 1er mai si les chiffres Covid continuent de diminuer. Mais cette potentielle réouverture ne garantit pas la survie des bars pour autant. L’impact financier des mesures prises par le gouvernement fédéral suite à la pandémie est gigantesque.
La Fédération Horeca Bruxelles a tiré la sonnette d’alarme en début d’année en rapportant que les restaurants ont perdu 80% de leur chiffre d’affaires en 2020 et que les bars et boîtes de nuit n’ont plus aucune rentrée depuis des mois. Le gouvernement de la région Bruxelles-Capitale a répondu aux nombreux appels à l’aide et a approuvé un arrêté relatif à une aide aux entreprises des secteurs des hébergements touristiques, des clubs, des restaurants et cafés et de certains de leurs fournisseurs, de l’événementiel, de la culture, du tourisme et du sport. Cette aide, appelée prime « Tetra », s’élève à 111 millions d’euros. Un pas dans la bonne direction, certes, mais une réouverture générale le 1er mai est inévitable et nécessaire.
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Pour sa série photo « Cafés latents », Arnaud Ghys (47 ans) a photographié 18 établissements bruxellois. « Ce sont tous des bars où j’allais parfois prendre un verre avant qu’ils ferment. Je crois que j’ai été bourré dans tous ces bars. » Les photos montrent la solitude de ces bars qui donneraient tout pour une nouvelle tournée générale. Des chaises et des tables vides, des fenêtres poussiéreuses et un comptoir abandonné… N’importe quel vendredi soir avant le Covid, ces bars étaient des foyers bruyants de personnes ivres. Aujourd’hui, ils sont déserts et calmes.
« Ce sont tous des bars où j’allais parfois boire un verre avant qu’ils ferment. Je crois que j’ai été ivre partout. »
C’est cette ambiance d’isolement et de dégradation qu’Arnaud recherchait pour sa série : « Les lumières des cafés étaient toujours éteintes. La seule source de lumière pour les photos venait de l’extérieur, souvent des lampadaires. Parfois, je ne pouvais pas voir ce que je photographiais parce qu’il faisait très sombre à l’intérieur. Mais je voulais que ce soit comme ça, parce que cette esthétique rend justice à la situation actuelle à laquelle sont confrontés les bars. C’est une période sombre pour nos bars préférés. Leur ambiance reste quelque chose d’assez spécial, avec des interactions que l’on ne peut recréer nulle part ailleurs. »
Les rencontres avec des « âmes sœurs d’un soir » qu’on ne reverra plus jamais par la suite, les discussions enflammées sur des sujets qui nous dépassent, la dernière bière qui dégénère en une nuit de souvenirs fragmentés et de semi-évanouissements, et le retour à la maison en titubant alors qu’on ne ressemble plus à rien… Boire un verre en terrasse ou au comptoir, c’est pas pareil que de descendre une bouteille de rosé avec des potes dans un parc avec des drones qui vous disent quoi faire.
Arnaud Ghys a récemment publié son premier livre de photos, Portraits in Jazz. Suivez Arnaud sur Facebook et Instagram.
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