À l’heure où les scientifiques cherchent des moyens de réduire notre dépendance au plastique, une substance improbable s’est révélée être un ingrédient clé pour le remplacer : le sperme de saumon.
Dans un article publié le 14 novembre, une équipe de scientifiques de l’université de Tianjin, en Chine, explique avoir mis au point un plastique biodégradable fabriqué à partir d’ADN de sperme de saumon, entre autres produits chimiques.
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Selon l’article, des brins d’ADN provenant de spermatozoïdes de saumon ont été dissous dans de l’eau et mélangés à des ionomères, un produit chimique que l’on trouve également dans les adhésifs, pour créer un gel qui peut être moulé en différentes formes – un processus que les scientifiques appellent « aquasoudure » – puis lyophilisé.
Le produit final est un matériau qui ressemble à du plastique, mais il produit 97 % d’émissions de carbone en moins que le plastique polystyrène. Selon les chercheurs, ce procédé est plus durable sur le plan environnemental que tous les types de plastique existants.
Dans l’étude, les scientifiques ont moulé une petite tasse blanche et des pièces de puzzle avec ce matériau, appelé plastique ADN.
L’ensemble du processus de production de ce bioplastique innovant est axé sur la durabilité, de l’extraction de la matière première à partir de sources biorenouvelables au fait qu’il peut être décomposé par des enzymes. Le plastique ADN est également recyclable, puisqu’il peut être ramolli à l’eau et remodelé sous d’autres formes.
Le processus de recyclage en circuit fermé du bioplastique permettrait de « faire progresser le développement de matériaux durables », selon l’article publié dans le Journal of the American Chemical Society.
Chaque année, environ 300 millions de tonnes de plastique sont produites dans le monde, dont une grande partie sont des produits à usage unique ayant une courte durée de vie, mais qui restent dans les décharges et les habitats naturels des années après avoir été jetés.
Selon un récent rapport de l’initiative américaine Beyond Plastics, l’industrie américaine du plastique devrait dépasser son homologue du charbon et devenir la principale source d’émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici 2030.
Les bioplastiques sont apparus comme une alternative durable aux plastiques. Fabriqués à partir de matières organiques comme l’amidon de maïs, la sciure de bois et les déchets alimentaires, les bioplastiques sont souvent loués pour leur empreinte carbone réduite et leur biodégradabilité (bien que tous les bioplastiques ne soient pas biodégradables).
Cependant, des doutes subsistent quant à la compatibilité des bioplastiques existants avec l’environnement.
Selon un document sur l’authentification des bioplastiques rédigé par des scientifiques de GNS Science, un organisme de recherche basé en Nouvelle-Zélande, l’écoblanchiment et les fausses déclarations sur le contenu des bioplastiques sont d’une inquiétante banalité. Sur 37 produits étiquetés comme bioplastiques, les scientifiques ont constaté que 19 d’entre eux ne répondaient pas à leurs attentes. En d’autres termes, ils se livraient tout simplement à de l’écoblanchiment.
Mais les créateurs du plastique ADN espèrent que ce matériau pourra un jour entrer sur le marché de masse. Si le sperme de saumon a été utilisé dans le cadre des recherches menées à Tianjin, les scientifiques pensent que le processus de production pourrait s’appuyer sur un large éventail de sources d’ADN, comme les fruits et les algues. La production de masse d’ADN reste un défi, précisent-ils, mais n’est pas impossible.
« Le potentiel de l’ADN qui est produit rapidement et massivement par le marché est d’une grande importance pour les applications futures des plastiques à base d’ADN », écrivent-ils.
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