Cet article a été initialement publié sur VICE Espagne.
Dans la plupart des cultures, une femme doit être fragile et délicate. Celles qui ne collent pas à ce stéréotype affligeant sont souvent confrontées à des regards de travers, à des ricanements, voire à de la violence physique et verbale.
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« Les muscles sont traditionnellement associés à la masculinité, car c’est la testostérone qui permet de convertir les protéines en muscles », explique le physiologiste Piero Galilea. Quatre athlètes féminines nous ont ainsi parlé de la violence qu’elles subissent au quotidien en raison de leur physique et des attentes de la société à l’égard des femmes qui, elles l’espèrent, changeront un jour.
Teresa Pérez, bodybuildeuse
« Les plus mauvaises réactions auxquelles j’ai été confrontée venaient principalement des autres femmes. Par exemple, quand j’avais 15 ans, ma mère a été horrifiée quand je lui ai dit que je voulais faire de l’haltérophilie. Elle m’a dit que ça ferait de moi un homme.
Une autre fois, je suis passée devant un groupe de femmes et l’une d’elles a dit que j’étais dégueulasse. Pendant un moment, j’ai pensé à me retourner et à lui répondre quelque chose, puis j’ai décidé que ça n’en valait pas la peine.
J’ai eu une autre expérience assez désagréable dans un centre commercial. Un couple a commencé à se donner des coups de coudes et à ricaner en me voyant. En général, ça ne me dérange pas que les gens me regardent, je comprends qu’un physique différent attire l’attention. Mais être ouvertement irrespectueux, ce n’est pas la même chose. Si vous n’aimez pas mon apparence, ne me regardez pas, tout simplement. Je ne vous demande pas votre avis. »
« Je pense que c’est un problème culturel plus qu’autre chose. La plupart des gens s’attendent à ce que les femmes soient silencieuses et soumises, alors ils sont surpris lorsqu’ils voient une femme différente. C’est la même chose avec nos corps : ils s’attendent à ce que les femmes soient fragiles. Pourtant, cela semble choquer les femmes plus que les hommes. Le stéréotype macho associe les muscles à la masculinité. Mais personnellement, je me trouve très féminine. »
Ely Merino, prof de Pilates
« Je ne compte plus le nombre de conneries que j’ai dû supporter pour avoir le corps que j’ai. On a déjà demandé à un de mes amis pourquoi il traînait avec “ce travesti”. On m’a surnommée “RoboCop”. On m’a dit que je ferais mieux de ne pas sortir de chez moi vu mon physique. J’ai des jambes très fortes et des abdos, alors les commentaires du genre “tu pourrais me tuer d’un seul coup de pied”, ça m’énerve vraiment.
Je pense que les femmes, en particulier, font des commentaires négatifs parce qu’elles sont jalouses. Le regard des hommes est difficile aussi. Parfois, je cesse même de me sentir féminine. Cela me dérangeait surtout quand j’étais plus jeune, mais avec le temps, j’ai cessé de faire attention aux commentaires. J’ai travaillé dur émotionnellement pour m’accepter comme je suis et aujourd’hui, je me sens bien dans mon corps. »
« Par ailleurs, il est difficile de trouver des vêtements qui me vont. Je ne peux pas porter de bottes hautes, par exemple, car mes mollets sont trop gros. Cela vaut aussi pour les pantalons. J’aimerais bien que la société comprenne que les corps féminins sont divers et variés.
Dans notre société, les hommes ont constamment besoin de se sentir forts. Quand je charge mes planches de paddle dans le coffre, des mecs viennent systématiquement me proposer leur aide. Quand je me retourne et qu’ils voient mes biceps, ils sont un peu pris au dépourvu. Ça fout un coup à leur virilité. »
Rita García Herrera, championne CrossFit
« Mon corps reflète mon travail et mon entraînement. En réalité, je m’entraîne pour améliorer mes performances, pas pour avoir un corps musclé, mais l’un ne va pas sans l’autre.
On me dit souvent que je suis trop forte et que je ressemble à un garçon. Mais je n’y prête pas trop attention. En vérité, j’ai entendu tout et n’importe quoi. Une fois, un mec m’a dit que si sa petite amie devenait aussi forte que moi, il la quitterait. Selon moi, on aime une personne pour sa personnalité, pas pour son physique. Évidemment, le physique est un aspect qu’il faut aimer, mais heureusement, je n’ai jamais eu de problème avec aucun de mes partenaires.
C’est la mode et la culture qui l’entoure qui poussent les jeunes filles à être mince. Mais j’ai l’impression que les choses commencent à changer. Du moins, c’est comme ça que je le vois. »
TJ García, physiothérapeute et pratiquante de Crossfit
« Mon corps me permet de profiter de ce que j’aime : le sport et la thérapie physique. On m’a traitée d’homme, de taureau. On m’a dit qu’aucun mec ne voudrait jamais sortir avec moi. Dans un aéroport, on m’a même pris pour un homme – la personne derrière le comptoir a coché la case du sexe masculin. Ça va vraiment trop loin.
Ces commentaires et comportements reflètent les préjugés et les peurs de la société. Les gens ne comprennent pas que les femmes peuvent avoir des morphologies différentes. Ils ont peur de ce qui est différent et de ce qu’ils ne peuvent pas contrôler, alors ils attaquent. Nous ne devons pas juger les autres et nous ne devons pas nous mêler des choses qui ne nous concernent pas. »