Chaque policier occupe une place dans le spectre des forces policières allant de l’agent de la paix œuvrant pour le bien commun à la machine à neutraliser activée par la mélamine. La plupart sont de bonnes personnes faisant de leur mieux pour gagner leur vie; d’autres franchissent à l’occasion la ligne qui pousse la société à réexaminer le rôle de la police.
En tant que citoyen protégé par ces hommes et ces femmes, vous êtes susceptible d’avoir envie de leur poser quelques questions franches, mais d’hésiter. Il est compréhensible qu’on garde ses questions pour soi quand la personne qui la reçoit a le pouvoir de vous placer en détention si elles ne lui plaisent pas.
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Dans un environnement que l’on a considéré comme sûr, VICE a rencontré le commandant Tom Higgins du service de police de Ventura en Californie et lui a posé les questions que beaucoup d’entre nous se posent.
VICE : Que portez-vous à la ceinture? Est-ce qu’il y a un fusil à pompe dans le coffre d’une voiture de police?
Tom Higgins : Deux magasins avec des munitions supplémentaires. Une radio, une matraque, des menottes, un porte-clés et un pistolet. Dans le coffre, oui, il y a un fusil à pompe. Mais mon coffre est différent de ceux des agents de patrouille. Eux, ils ont des trousses de premiers soins, des fusées éclairantes, des contenants et des sacs pour conserver des pièces à conviction. Ce genre de choses.
Est-ce que vous avez déjà profité de votre statut pour obtenir des cadeaux ou des passe-droits?
Non, mais on a parfois droit à des rabais. Quand ça arrive, on laisse normalement un pourboire de la même valeur que le rabais. Si on va dans un café qui nous donne un petit rabais, disons un dollar, on laisse un dollar en plus du pourboire.
Est-ce que vous êtes en faveur de l’obligation de porter une caméra en service? Pourquoi est-ce qu’il y a une controverse?
Oui, ça me va. Je ne sais pas pourquoi d’autres sont contre. Je pense que c’est pour des raisons personnelles. Ils se disent peut-être que ça fait Big Brother. Il y a des années, on a installé des émetteurs sur les voitures pour les repérer. On entendait : « Pourquoi ils installent ça? Ils veulent savoir où on va ? » Je pense que ça dépend de ce qu’on pense de l’idée de Big Brother qui regarde tout ce qu’on fait. Mais je pense aussi que ce n’est plus un problème. En général, si vous posez la question aux agents de notre service, ils vont répondre qu’ils sont contents d’avoir des caméras.
Que pensez-vous des policiers qui dénoncent un collègue aux Affaires internes? Est-ce que vos collègues ont un avis différent du vôtre? Avez-vous eu à dénoncer quelqu’un?
Ça ne me pose aucun problème. Je pense qu’ils doivent le faire, et qu’ils ne respectent pas leur serment s’ils ne le font pas. C’est peut-être plus dur pour d’autres de le faire. Chacun a son point de vue. Mais tous ceux que je connais ont eu à le faire à un moment ou à un autre. Moi aussi d’ailleurs.
Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans ton travail?
Ce n’est pas un emploi très positif. Les gens ne nous appellent pas pour nous dire qu’ils ont une bonne journée ou pour nous inviter à dîner. On s’occupe surtout de choses négatives jour après jour. Pour certains d’entre nous, à long terme, ça devient difficile à supporter. Je dirais que c’est ce qui est le plus difficile. Ça ou, si on travaille dans un secteur en particulier, le fait d’avoir souvent affaire aux mêmes personnes. On dirait que certains sont abonnés.
Quelle est l’importance de la couleur de peau dans vos interactions avec les citoyens et que pensez-vous du mouvement « Black Lives Matter »?
La couleur de la peau n’a pas vraiment d’importance. Ce n’est pas du tout un critère. Black Lives Matter… Je ne peux pas vraiment dire comment ils se sentent. Si des personnes ressentent le besoin de faire ça, c’est leur droit. En ce qui me concerne, personnellement, je traite tout le monde équitablement.
Est-ce qu’il y a quelque chose de vrai dans la théorie selon laquelle on élimine les candidats les plus intelligents aux tests des écoles de police?
Non, je ne sais pas, je ne peux pas répondre à ça. J’ai été instructeur dans une école pendant un an, et c’est la première fois que j’entends parler de ça.
Pour quels crimes est-ce que vous n’aimez pas arrêter les gens? À l’inverse, quel fléau de société est selon vous négligé?
Les agents peuvent s’en remettre à leur jugement. Il y a la lettre de la loi et l’esprit de la loi. Idéalement, on veut que les gens respectent l’esprit de la loi. On ne peut pas toujours respecter la loi à la lettre. C’est pour ça que les agents doivent s’en remettre à leur jugement. C’est leur décision. Je ne donne pas de contravention à tous ceux que j’arrête quand ils n’ont pas respecté un panneau d’arrêt ou la limite de vitesse. Mais il n’y a rien que je n’aime pas. Les fléaux… Pour ce qui est de la Californie, je pense que les sentences réduites n’ont pas facilité le travail dans notre profession.
Qu’est-ce qui n’est pas réaliste dans les séries ou les films policiers?
La simplicité. Il y a beaucoup de travail derrière nos succès. Les séries et les films donnent beaucoup trop l’impression que c’est simple. Mais certaines séries montrent bien les effets de la profession sur les agents. Je n’ai pas tout vu, mais je dirais que Blue Bloods, c’est du bon travail. L’effet sur les familles et ce genre de choses, c’est réaliste. Ça montre qu’il y a de bonnes équipes de production et que des professionnels des forces policières les conseillent.
Est-ce que vous aimez vraiment tous les beignes?
Ha, ha! Non. C’est faux de dire que la plupart des policiers adorent les beignes. Moi, je n’aime pas ça. J’essaie de manger santé, comme de plus en plus de policiers ont commencé à le faire au fil des ans. Quand j’ai commencé, il y a 23 ans, je ne dirais pas que c’était le cas. Mais, en général, dans les dernières années, les policiers ont vraiment pris conscience de l’importance d’être en bonne condition physique.