Elle a passé des guitares à la tronçonneuse. Elle a défoncé des télés à coup de masse. Elle a explosé des Cadillacs et des voitures de police sur scène. Elle a fait peur à tous les labels qui comptent, aux forces de l’ordre du monde occidental et à l’Amérique de Ronald Reagan. Et elle a fait tout ça torse nu, avec une crête, du scotch sur les tétons et une mitrailleuse dans le cœur. Elle s’appelait Wendy O. Williams, et c’était mon type de meuf.
Aujourd’hui, le Grand Concours International de la Chanteuse la plus Controversée de l’Univers ne propose plus aucune Wendy O, pas même une Karen O, mais seulement Lady Gaga ou Miley Cyrus. Entendons nous bien : je suis sûr que ce sont des meufs réglo. De ce que j’en vois, il se peut même qu’elles croient vraiment en ce qu’elles font. Ce dont je suis sûr par contre, c’est que Wendy O était mille fois plus sexy, vivante et dangereuse que ces deux filles réunies. C’était une vraie femme, qui savait provoquer son public sur tous les tableaux. Ok, elle ressemblait à un mec, avait quelques problèmes de chant et avait les seins constamment à l’air. Mais on était loin de la pop star préfabriquée se sentant obligée de faire des trucs « scandaleux » à la télé pour faire oublier que sa musique ne sert à rien et que son public réel est essentiellement consitué d’adolescentes et de types de cinquante ans pas hyper stables.
Passons rapidement sur l’évidence : le message que véhiculent Miley, son twerk, et son duo de langues pendues avec Robin Thicke aux Virgin Music Awards est à peu près équivalent à celui exprimé par « Who Let The Dogs Out ? ». Wendy O avait nettement plus de goût dans le choix de ses partenaires. Elle a par exemple repris « Stand By Your Man » de Tammy Wynette avec Lemmy de Motörhead. Un titre qui figure sur un EP sorti en 1982, et sur la face B duquel on pouvait entendre des reprises croisées des deux groupes, les Plasmatics saccageant « No Class » de Motörhead et Motörhead reprenant « Masterplan » des Plasmatics. Les sessions d’enregistrement se sont tellement bien passées que Fast Eddie Clarke, le guitariste de Motörhead, a planté le groupe en plein milieu du truc.
Vous savez que les Plasmatics ont été un des premiers groupes américains à mélanger punk et metal ? Ce fut aussi le premier groupe à arborer un total look post-nucléaire à la Mad Max. Rien, mais alors rien à voir avec la crête en polystyrène de Miley ou les conneries en plastique que Lady Gaga nous sort à la moindre occasion. Mais peut-être que tu t’en tapes du punk rock ou des coupes de cheveux débiles. Peut-être que ce qui t’intéresse vraiment, c’est de parler de cul, tout simplement. Ok. Dans ce cas, tu peux oublier les allusions au sexe illégal de Miley ou les invitations au coït spatial de Lady Gaga. Parce que Wendy O y est allé méga-franco bien avant tout le monde avec des titres comme « Put Your Love In Me,» « Sex Junkie » et « Fuck That Booty ».
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Wendy et Miley ont tout de même un point commun : toutes les deux ont débuté leur carrière dans des programmes télé pour enfants. On ne va pas revenir sur la carrière télévisuelle de Miley. Tout le monde est au courant. Ce qu’on sait peut-être moins, c’est que Wendy O, à l’âge de six ans, était membre de la « Peanut Gallery » dans Howdy Doody, un programme télé américain aussi patriote que flippant. Ça devait être genre en 1955. Peu de temps avant de devenir la grande prêtresse du punk, elle a aussi joué dans une obscure comédie interdite aux moins de 18 ans, Candy Goes To Hollywood, dans laquelle elle tenait le rôle d’une performeuse qui explusait des balles de ping-pong de son vagin. Sérieux, tu branles quoi, Miley ?
Wendy O était super balèze aussi. Dans la vidéo de « It’s My Life », elle fait ses propres cascades, saute d’une bagnole lancée à pleine vitesse – une bagnole qu’elle conduisait l’instant d’avant, tranquille – attrape une échelle de corde dégringolant d’un putain d’avion et s’envole à plusieurs mètres du sol. Tout ça sans aucun harnais, que dalle. En 1981, Wendy O a survécu à un viol et un passage à tabac de la police de Milwaukee, durant lequel un flic de 150 kilos lui a envoyé plusieurs coups à la tête alors qu’elle était maintenue au sol par ses co-équipiers. Mais tout ça n’est rien comparé à ce que Wendy s’est infligée elle-même : en 1993, elle a tenté de se suicider en se clouant un couteau dans la poitrine. C’est tellement taré que je vais le répéter une deuxième fois: elle a tenté de se suicider en se clouant un couteau dans la poitrine.
Si Wendy était encore vivante aujourd’hui, elle aurait 64 ans. Ayant à de nombreuses reprises fait état de son aversion pour des gens comme Boy George ou Duran Duran durant les années 80, elle aurait très certainement haï Miley Cyrus et Lady Gaga du plus profond de son thorax. Malheureusement, nous ne connaîtrons jamais son point de vue sur le sujet : Wendy s’est tirée une balle dans la tête en 1998, pile dix ans après avoir abandonné la musique. L’ultime leçon qu’elle a voulu nous donner, et qui reste toujours aussi difficile à accepter dans notre société de merde, c’est : à un moment, il faut savoir s’arrêter. Wendy O. Williams y est arrivée. Mieux que personne.