Je manage le compte Instagram de mon bébé de deux ans
Photos : Melanie Metz

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Culture

Je manage le compte Instagram de mon bébé de deux ans

Angelica Calad a propulsé sa fille au rang de micro-célébrité Internet, s'attirant 131 000 followers, pas mal de partenariats et un sacré tas de critiques.

La ville de Davie, en Floride, n'est pas réputée pour ses célébrités. Située aux abords de Fort Lauderdale, elle ressemble à un décor de western. Les policiers patrouillent à cheval, on y trouve des écuries sur les parkings des supermarchés, et la plupart des jeunes traînent au Sawgrass Mills, un centre commercial en forme d'alligator. Néanmoins, la ville a vu naître une nouvelle célébrité en 2016 : une mannequin Instagram de deux ans prénommée Taylen.

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Il y a deux ans et demi, sa mère, Angelica Calad, lançait le compte Instagram @taylensmom pour que ses amis et sa famille aient régulièrement des nouvelles de sa fille. Au fil du temps, elle a gagné plus de 131 000 followers et se sert actuellement de la plateforme pour promouvoir sa ligne de vêtements pour enfants, POMP Kids, qu'elle gère depuis son domicile. Angelica a donné naissance l'année dernière à sa deuxième fille, Aleia, et a également commencé à poster des photos d'elle. Elle affirme ne pas mettre en scène ses photos. « On se rapproche d'un Instagram lifestyle, ces images représentent vraiment notre quotidien », ajoute Angelica.

Cette soudaine célébrité a aussi apporté son lot de controverses. En novembre 2015, la section style du New York Times publiait un papier ironique en présentant Angelica et les autres « Instamoms » comme des mères prêtes à tout pour que leurs enfants deviennent célèbres. Angelica n'approuve pas cette description, et m'assure utiliser Instagram pour s'amuser et rencontrer d'autres mères. J'ai appelé Angelica pour discuter de son activité, et de sa manière de gérer la célébrité croissante d'un enfant de deux ans tout en la protégeant.

VICE : Comment avez-vous lancé ce compte Instagram ?
Angelica Calad : Taylen avait seulement trois mois quand j'ai décidé de poster des photos d'elle tous les jours, histoire de les partager avec mes amis et ma famille. C'était ma petite échappatoire. En plus, j'étais très fière, heureuse et excitée par ce nouveau chapitre de ma vie, et c'était un bon moyen pour moi d'exprimer tout ça.

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Quand avez-vous réalisé que votre enfant était devenu une célébrité sur Internet ?
Les choses se sont accélérées quand Taylen avait environ six mois. Une de mes photos a été reprise sur le compte Fashion Kids – qui est à l'heure actuelle la plus grande plateforme de mode enfantine sur les réseaux sociaux – et je suppose que la personne à l'origine du compte a eu un petit coup de cœur sur cette image. C'est la photo la plus likée sur son compte. Après cette étape, j'ai pu mesurer le poids des réseaux sociaux et j'ai vraiment compris de quoi il était question – c'est à partir de ce moment-là que j'ai vu à quel point Taylen allait devenir populaire.

Avez-vous monétisé votre compte ?
Je ne dirai pas monétiser, parce qu'aujourd'hui je me sers surtout d'Instagram pour des collaborations. Ce n'est pas comme si je recevais de l'argent de la part des créateurs. C'est une collaboration à double sens : je les contacte pour leur dire « Eh, j'adore ce vêtement » ou je demande à des marques de m'envoyer leur nouvelle collection. Il est trop tôt pour parler de monétisation, mais mes filles ont toutes deux des agents qui gèrent leur carrière de mannequin.

Cette popularité a-t-elle changé votre manière de prendre des photos ?
Évidemment, il faut se montrer vigilante quand on commence à voir le nombre de followers grimper. Ça a profondément changé ma vie privée. Aujourd'hui, je ne peux plus partager tout ce que je veux – mais je suis aussi devenue plus inspirée pour marier les couleurs et les vêtements au mieux.

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Pensez-vous au rendu sur Instagram lorsque vous achetez des vêtements ?
Non. J'ai toujours suivi ma propre mode. Lorsque les créateurs sont à la recherche d'inspiration pour leur prochaine collection, ils me contactent et me demandent ce que je voudrais, ce que je recherche, ce qui m'inspire en ce moment et des choses dans le genre – il s'agit plus d'un cycle que d'une course après les likes sur Instagram.

Instagram vous aide-t-il à promouvoir votre propre ligne de vêtements ?
Je vends des justaucorps, des t-shirts, des sweats – des vêtements très graphiques. Évidemment, je ne pourrais pas présenter ma marque ou la commercialiser si mes filles n'étaient pas là pour porter ces vêtements. Ce travail fait partie de notre quotidien, mais bien sûr, je les mêle toujours avec d'autres créations ou des marques que j'adore.

Considérez-vous cette activité comme votre métier ?
En fait, je suis à la fois une mère active et une mère au foyer. Je gère toutes mes affaires à domicile, et je travaille tout en prenant soin de mes filles.

Votre clientèle est-elle exclusivement composée d'autres mères ?
En réalité, j'ai trouvé d'excellentes amies par le biais d'Instagram. Je crois que j'ai inspiré d'autres mères à créer leur propre marque. J'ai vu le compte de deux mères, qui fabriquaient des vêtements chez elles. Je leur ai dit « Envoyez-moi vos créations. J'adore le résultat. » Aujourd'hui, elles gèrent une affaire importante depuis leur maison parce que j'ai publié un de leurs articles sur mon compte Instagram.

Selon vous, quel est le plus gros malentendu sur les « Instamoms » ?
Que nous vivons nos désirs de célébrité à travers nos enfants. Je dois souvent faire face à de telles remarques, et même lorsque je rencontre des gens d'Instagram, ils me disent : « Oh mon Dieu, tu es tellement différente de ce que j'imaginais. Tu es si humble, tu ne portes pas de maquillage, je ne m'attendais pas à ça. » Effectivement, comme je l'ai dit tout à l'heure, je considère Instagram comme un moyen de m'échapper de mon quotidien de mère.