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La vie de danseuse nue dans une ville minière subarctique

Quand les nouvelles filles arrivent, il y a beaucoup de clients qui veulent voir les nouvelles. Comme de la viande fraîche.
A week's worth of pay in a subarctic strip joint. Photo courtesy of Miranda

Quand une de mes sources dans l'industrie des bars de danseuses (appelons-la Sonia) m'a dit qu'elle avait fait plus de dix heures de bus pour se rendre à Fermont, ville minière de la Côte-Nord, je n'ai pas compris. Elle m'a envoyé une photo pour me montrer combien elle faisait pendant son voyage annuel — à peu près 5 000 $ — et j'ai commencé à comprendre.

Fermont n'est pas une ville ordinaire. À cause du vent et du froid du climat subarctique, la plupart des gens vivent dans un mur géant qui comprend des appartements, une épicerie, un salon de quilles, des écoles, un bar ouvert pour les 5 à 7, un coin pour les premières rencontres. Et un bar de danseuses. En dehors des danseuses comme Sonia, parce qu'elles y font des affaires d'or, personne ou presque n'a de raison de visiter Fermont.

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Entre deux numéros, Sonia a pris le temps de me parler des bars de danseuses de petites villes, de la vie à Fermont et des ressemblances entre les travailleurs des mines et les danseuses.

VICE : Comment es-tu devenue danseuse dans une ville minière?
Sonia : Je viens ici depuis environ huit ans. J'ai commencé à danser à 19 ans et j'ai entendu dire qu'on pouvait faire beaucoup d'argent ici parce qu'on envoie juste quelques filles à la fois. C'est une agence qui s'occupe de tout. Ils nous prennent à la maison, nous emmènent ici, et nous ramènent après. Chaque semaine, il y a des filles différentes. L'agence veut de la variété parce qu'il y a pas beaucoup de monde ici.

Comment as-tu entendu parler de l'agence?
Des danseuses m'en ont parlé et j'ai appelé l'agence. C'est vraiment bon pour nous ici parce qu'il y a juste un bar. Même les femmes qui vivent ici, si elles veulent sortir un samedi soir, elles doivent venir au bar de danseuses. Et je ne connais pas les vraies statistiques, mais il y a à peu près huit hommes pour chaque femme parce que tout le monde est là pour l'industrie minière. Des mécaniciens aux soudeurs, ils gagnent tous environ 45 $ de l'heure. Ils ont beaucoup d'argent, mais pas grand-chose à faire. Tout le monde vient tous ici pour faire de l'argent, y compris les danseuses.

Fermont, Québec. Photo : Wikimedia Commons

Est-ce que des filles épousent des hommes rencontrés à Fermont?
Oui, elles tombent amoureuses à cause des hommes qu'on trouve ici. Il y en a de toutes sortes. Des jeunes de 18 ans qui font 150 000 $ par année et d'autres qui vivent ici depuis les années 1970, presque à la retraite. Il y en a vraiment de toutes sortes. Est-ce que tout est normal au bar?
Les hommes sont très polis. En fait, il y a juste deux choses à faire ici : travailler et aller au bar de danseuses. C'est le gros lot pour nous. Et beaucoup sont accros à la drogue ou au jeu. Où vis-tu quand tu es ici?
À l'hôtel. Il y a une section pour nous. Nous sommes traitées comme des moins que rien quand nous sommes là. Il faut vraiment mettre son ego de côté. Ils nous détestent. Les quelques femmes nous voient comme une menace, comme si on était ici pour voler leurs hommes. Et l'agence a envoyé des filles qui en réalité sont des prostituées et font des heures supplémentaires, elles baisent pour l'argent. Les règles de l'hôtel sont très strictes. Par exemple, quand nous sortons de notre chambre, nous ne pouvons pas passer par l'entrée. Nous ne pouvons pas utiliser les téléphones. Sauf quand on est au bar, on doit presque toujours rester cachées.

Est-ce que c'est un hôtel comme les autres?
Tout est vraiment kitsch et démodé parce qu'ils n'ont pas changé grand-chose depuis les années 1970. Nous sommes trois par chambre en ce moment. Ce sont des chambres très simples mais confortables. C'est bien. Je ne suis pas sortie dehors une fois depuis que je suis arrivée, il y a un mois.

Est-ce que tout ce temps à l'intérieur te rend folle?
Oui, c'est sûr! Quand j'avais 19 ans, j'étais vraiment stupide et je prenais beaucoup de cocaïne. Je restais ici et sortais avec un gars. C'était il y a huit ans, et il est encore ici. Les hommes plus vieux m'attiraient beaucoup, je suis restée quelques mois et ça m'a vraiment rendue folle. Es-tu mal à l'aise quand tu tombes sur lui en ville?
Tout le monde connaît tout le monde ici : c'est comme une école secondaire. Quand les nouvelles filles arrivent, il y a beaucoup de clients qui veulent voir les nouvelles. Comme de la viande fraîche. Quand ils vont dans la mine le lendemain, ils disent « Il y en a une qui est tatouée, une autre qui est comme ci… », et tout le monde est au courant de tout. Tout le monde sait avec qui j'ai baisé. Et les 20 ou 30 femmes célibataires peuvent baiser tous ceux qu'elles veulent — c'est juste qu'elles se font une réputation.

Être danseuse dans une ville minière, c'est purement une décision d'affaires?
Oui, c'est qu'une décision d'affaires. Je pense que tous ceux qui viennent ici, les danseuses et les mineurs, viennent pour une seule chose. Parce que ce n'est pas un endroit le fun. On vient ici pour l'argent. C'est la seule chose qui compte et c'est ce que tout le monde a en tête.

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