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Modern Warfare 2 va enterrer votre couple une bonne fois pour toutes

Notre avis ultra-tranché et ultra-clivant sur le nouveau Call of Duty : campagne bof, excellent multi.
Modern Warfare 2 va enterrer votre couple une bonne fois pour toutes
Toutes les images sont publiées avec l'autorisation d'Activision Blizzard. 

Des cris retentissent dans les chaumières. Des mots regrettables fusent dans des pièces aux volets fermés. Des conjoints se sentent délaissés. Vous avez remarqué : Call of Duty : Modern Warfare 2 est arrivé. Ce dix-neuvième épisode du plus AAA des AAA est déjà le plus vendu de sa licence avec un milliard de dollars de recettes en dix jours, avant même le lancement pleine vapeur du magasin de skins payants. La question est : Modern Warfare 2 a-t-il les épaules pour justifier un tel déluge de pognon ? 

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Commençons par parler de la campagne solo. On savait qu’il allait être difficile de faire mieux que celle du précédent opus, Modern Warfare. Trois ans plus tard, son enchaînement de tableaux sombres et fignolés nous revient encore aisément : son introduction nocturne avec bombardement au phosphore, son attentat terroriste en plein cœur de Londres, le « nettoyage » silencieux du pavillon de banlieue rempli de terroristes, la survie dans la peau d’un enfant dont les Russes viennent de gazer le village. 

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Estas fatigandas cabròn

Malheureusement mais sans grande surprise, Modern Warfare 2 peine à rivaliser. La formule des « scènes marquantes » fonctionne moins. On pense tout même à la plateforme pétrolière et aux côtes espagnoles hérissées d’éoliennes mais sans véritable frisson. On saute de continent en continent comme dans tout bon Call of Duty mais sans se sentir emporté par une histoire au rythme et aux reliefs étranges. Après tout, toutes les campagnes de la licence ne peuvent pas être aussi prenantes que celle de Modern Warfare 2019 ou trépidantes que celle du premier Black Ops

On a un peu plus de mal à défendre la campagne de Modern Warfare 2 quand sa quête éperdue des moments forts la pousse à devenir tout simplement chiante. Oh non, une roquette vient de percuter mon hélicoptère et je bascule par-dessus bord ! Retenu par ma corde d’assurage, je me retrouve tête en bas à quelques dizaines de centimètres du sol alors que me frôlent des méchants enturbanés mais streetwear en motocross. Me voilà parti pour une session de tir à l’envers assez longuette à laquelle succèdera une interminable course-poursuite émaillée de mines, de véhicules en feu et de drones-kamikazes.

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Les gros lourds genre Faze Swag trouvent sans doute ça nul mais nous autres gamers moyens trouvons ça plutôt bien : désormais, celui qui gigote de la façon la plus erratique est un peu moins garanti de gagner les duels.

Ces moments longuets se multiplient dans la campagne. Avec une touche de conspirationnisme, on dirait presque qu’ils ont été conçus ainsi pour allonger artificiellement la durée de cette dernière, un peu comme ces ennemis blindés qui ne lâcheront leur dernier souffle qu’au prix d’un chargeur entier de fusil d’assaut (et qui débarquent souvent par trois, bien sûr). On refuse tout de même de croire que les développeurs se seraient laisser aller à une telle facilité, notamment parce que la campagne de Modern Warfare 2 reste une aventure soignée et prenante, voire innovante. On parle d’innovation de AAA mais quand même. 

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Chasser le naturel

Call of Duty lorgne de plus en plus ouvertement vers de nouveaux pâturages. Sa campagne introduit ainsi le « crafting » dans la licence : privé de vos armes à feu, vous pouvez parfois bricoler des bombes fumigènes et des pièges chimiques avec des breloques genre tapettes à souris et eau de Javel. Ces passages sont réussis, particulièrement au niveau des animations, mais toujours un peu gadget : tout joueur normalement constitué les traverse en trépignant à l’idée de récupérer son flingue. Plus intéressant, on retrouve ces breloques dans les premières vidéos de gameplay du fameux mode multijoueur DMZ

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DMZ est un mode multijoueur qui sortira le 16 novembre prochain, avec la première saison de Modern Warfare 2. Directement inspiré du terrible Escape from Tarkov, il demande au joueur d’accomplir des missions et looter sur la même map que Warzone 2, qui sortira le même jour. En dépit de l’agitation considérable et des critiques démesurées que suscitent les premières vidéos de gameplay, nous ne savons encore rien de ces modes de jeu. En attendant un nouvel article sur la question, nous allons vous parler de ce que nous connaissons : le multijoueur classique de Modern Warfare 2.

Nous avons considérablement poncé le multijoueur de Modern Warfare 2019. Camouflage damas voire obsidienne, tous les défis de saison accomplis, plusieurs centaines d’heure de jeu et ainsi de suite. Forcément, nous avons eu le temps de développer de solides habitudes de gameplay, basées surtout sur la grande fluidité de mouvement permise par cet avant-dernier opus. Pour le dire clairement : sur le tard, nous avons été ce sweat de bas-étage qui multiplie les slide-cancel et les doubles-sauts en faisant du quickscope sur Shipment exclusivement. Nous ne pouvions pas être plus mal préparé pour Modern Warfare 2 et son gameplay plus lent voire plus tactique. 

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Modern Warfare 2 : Les Flots Bleus 

D’abord, on court moins vite dans le dernier Call of Duty. Le « sprint tactique » est toujours présent mais il est moins avantageux car le délai entre arrêt de la course et mise en position de tir a été allongé : si quelqu’un vous attend derrière un angle que vous négociez un peu trop vite, vous allez finir découpé avant même d’avoir pu tirer une seule balle. Les gros lourds genre Faze Swag trouvent sans doute ça nul mais nous autres gamers moyens trouvons ça plutôt bien : désormais, celui qui gigote de la façon la plus erratique est un peu moins garanti de gagner les duels. Fini le slide cancel, également. Enfin. 

Ces changements sont minimes sur le papier mais ils changent tout au gameplay. Certes, ils ont tendance à faire le jeu des campeurs, mais qu’importe. On ne peut pas tout avoir. (Cold War faisait la guerre aux campeurs et finalement, il était super chiant.) Désormais, il faut être un peu plus prudent et « checker ses corners » comme un véritable opérateur. Et ce qui est fascinant, c’est que les nouveaux déplacements comme le plongeon au sol ou la suspension aux rebords influencent nettement moins l’expérience que quelques millisecondes de délai entre course effrénée et grosse rafale.

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Six millions de tubes qui font boum, choisis-en un 

À propos de rafale, Modern Warfare 2 brille de mille feux par son gunplay. De la petite arme de poing au fusil de précision anti-véhicule, toutes les armes développent une « personnalité » unique et réussie. Les animations sont impeccables, tous ces engins de mort ont du poids, leurs parties mobiles se comportent comme le veut la nature, et quel bonheur de voir son personnage effectuer un « rechargement iraqien » avec sa kalashnikov. Aucun reproche non plus vis-à-vis du sound design : tout est parfait, des petits cliquetis des culasses qui glissent aux échos caverneux des mécanismes pour gros calibres. Mention spéciale pour les mitrailleuses lourdes, particulièrement pesantes et bruyantes. Techniquement, on est au firmament. (50 millions de dollars de frais de développement, quand même.)

À notre humble avis, Modern Warfare 2 fait l’inverse : il se présente au monde avec une campagne un peu branlante mais un multijoueur largement au point.

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Parlons désormais du sujet qui fâche : l’équilibrage. Clairement, certaines armes ont besoin d’un petit nerf (AUG, AK, MP5) et d’autres d’un bon buff (TAQ-56). Mais globalement, ça va. On est bien loin du grand délire des premiers jours de Modern Warfare 2019, quand le fusil à canons superposés tuait d’une décharge à 50 mètres et que les claymores avaient une zone efficace de trois pâtés de maisons. Pour le moment, notre expérience indique que vous pouvez jouer avec l’arme qui vous plaît et vous en sortir. La méta arrivera sans doute plus tard, on espère le plus tard possible, car elle a fait énormément de mal à Warzone premier du nom. À moins que les développeurs ne soient parvenus à trouver le moyen de la contrer ? Le nouveau système de personnalisation des armes nous donne bon espoir. 

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Mort à la méta 

Dans Modern Warfare 2, plus besoin de cravacher pour débloquer les mêmes bidules pour chaque arme, encore et encore : quand vous obtenez un nouveau gadget, celui-ci est immédiatement utilisable sur toutes les armes avec lesquelles il est compatible. Cette méthode nous plaît bien car elle force les joueurs à découvrir de nouvelles armes et donc de nouvelles méthodes de jeu. Cependant, nous aimons encore plus la façon dont tous ces gadgets ont été équilibrés. Rares sont désormais les add-ons qui apportent un avantage décisif sans contrepartie sérieuse. Pour caricaturer, les adeptes du « run & gun » peuvent dire adieu au contrôle du recul et les amateurs de canons lasers ultra-stables vont devoir se résoudre à bouger tout doucement. Tout ceci a manifestement été pensé avec soin. 

Nous ne gloserons pas sur le mode troisième personne qui nous donne le mal des transports ni sur le mode coopératif que nous n’avons pas encore eu l’occasion de tester, mais qui remplit manifestement très bien son rôle de puits à points d’expérience. Signalons néanmoins que le nouveau mode de jeu « Libération de prisonnier » est excellent : moins punitif que le « Search and destroy » mais plus tendu que les modes classiques, il est parfait pour votre bande de copains agressifs et irrespectueux.

Au lancement, Modern Warfare 2019 possédait la meilleure campagne jamais vue dans un Call of Duty et un multijoueur un peu foireux mais porteur de progrès considérables et de grandes choses, invariablement ruinées par Warzone (que Dieu maudisse la fusion avec Cold War et Vanguard). À notre humble avis, Modern Warfare 2 fait l’inverse : il se présente au monde avec une campagne un peu branlante mais un multijoueur largement au point. On le lance avec plaisir en attendant avec impatience la sortie de Shoot House et de Shipment, voire de Rust et de Terminal. Des heures de fun et de vannes douteuses devraient nous arriver en même temps qu’une belle récession globale, exactement comme à la sortie du premier Modern Warfare 2 en 2009. Accrochez-vous, ça va secouer.

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