J’ai voulu voir la Russie sous la Coupe, entreprendre un voyage hors du jeu, photographier en contre-jour, sans les joueurs et à l’extérieur des stades. Traîner dans les rues, au pli des foules, dans le flux des drapeaux, à la lueur des écrans et, bien sûr, sous les néons truqués de la FIFA.
Elle était un peu tordue, sans doute, mon idée de découvrir Moscou, Saint-Pétersbourg, Sotchi et Volgograd pendant le Mondial 2018. Fatalement, j’ai traversé un pays temporaire, une fiction, une Russie d’exception que les locaux ne connaissent pas ou trop peu.
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Mais hors des couloirs touristiques, en périphérie du Moscou lisse et fluide, j’ai surtout vu la vie qui ne tourne pas rond. Pour les supporters étrangers, la FIFA avait dessiné une carte postale, des zones sous contrôles, comme la place Rouge, devenue une vitrine à filmer, le Disneyland des nations et de leurs fans. Rien qui déborde mis à part quelques verres. Peu d’ivresse, trop de mauvaises bières. J’ai peiné à sortir de l’impasse, hormis un soir peut-être, dans la banlieue de Rostov, à voir un match sur un drap suspendu contre une porte de garage. Poisson séché et vodka artisanale au menu.
Je n’étais pas certain de faire un livre en rentrant en France. Et puis, il y a eu ce 15 juillet, cette page dorée du grand roman national, ce contrechamp. Contre Allez est une parenthèse, qui commence donc en Russie et se termine à Paris. J’ai photographié la finale boulevard de Clichy, avant d’aller vers la place de l’Étoile les yeux fermés, dans un ville soudainement sans limite. Le foot est loin, alors, le terrain s’est étendu. Pour un soir, chacun prend au sérieux la promesse d’avoir, enfin, tous gagnés.
Les photos ci-dessous :
Contre Allez, l’ouvrage photographie d’Alexis Berg est disponible ici.
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