Derrière l’une des romancières les plus populaires d’Espagne se cachaient en fait trois hommes. Cette révélation est intervenue après que « Carmen Mola », qui a vendu plus de 400 000 livres, a remporté le prix littéraire Planeta d’un million d’euros et que les écrivains Agustín Martínez, Jorge Díaz et Antonio Mercero se sont présentés pour recevoir la récompense tant convoitée.
Il était de notoriété publique en Espagne que Mola, célèbre pour ses thrillers adaptés à la télévision, travaillait sous un pseudonyme, mais son site web la présentait comme une professeure d’université d’une quarantaine d’années, mère de trois enfants et attachant une grande importance à sa vie privée. L’Institut espagnol de la femme avait même inclus La Nena de Mola dans sa liste des livres qui « nous aident à comprendre la réalité et les expériences des femmes ».
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En réalité, il s’agissait d’une bio fictive destinée à protéger l’anonymat de trois hommes, tous des auteurs et scénaristes reconnus.
Dans une interview accordée au journal espagnol El Pais après la cérémonie, Martínez, Díaz et Mercero ont nié s’être consciemment cachés derrière un nom de femme dans le but de vendre plus de livres. Ils ont choisi le nom de Carmen après « une minute et demie à balancer des noms d’hommes, de femmes, d’étrangers », selon Martinez.
« Je ne sais pas si un pseudonyme féminin se vend plus qu’un pseudonyme masculin, je n’en ai pas la moindre idée, mais ça ne me semble pas être le cas, a ajouté Mercero. Tous les trois, nous ne nous sommes pas cachés derrière une femme, mais derrière un nom. »
Les auteurs affirment également que s’ils avaient su que leur trilogie connaîtrait un tel succès, ils auraient choisi un pseudonyme plus approprié, mais avant qu’ils ne sachent ce qui se passait, dit Díaz, « Carmen Mola s’était transformée en une vague à laquelle nous ne pouvions pas échapper ».
Si le collectif nie avoir eu de mauvaises intentions, de nombreuses personnalités du monde littéraire espagnol y voient une campagne délibérée visant à utiliser la biographie particulière de Mola pour vendre des livres. « Ce n’est pas seulement le nom, c’est aussi le faux profil qu’ils ont utilisé pour attirer les lecteurs et les journalistes, a tweeté l’écrivaine et ancienne directrice de l’Institut de la femme Beatriz Gimeno. Ce sont des escrocs. »
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