Laissez-moi vous dire plusieurs choses au sujet du foot lors de l’automne 1997. Manchester City se battait contre la relégation en deuxième division, une bataille que les Citizens ont perdue, Barcelone n’avait qu’une Ligue des champions dans son armoire à trophées, tandis que Lionel Messi, âgé de 10 piges, n’avait pas encore mis les pied en Catalogne. Sans oublier Sepp Blatter, qui n’avait pas encore commencé ses petites magouilles à la FIFA.
Les 20 années qui ont suivi ont changé toutes ces choses (avec l’aide de l’argent, de Leo Messi, et encore de l’argent). Mais ce qui n’a pas changé, c’est le statut de gardien de classe mondiale de Gianluigi Buffon. En octobre 1997, Gigi a fait ses grands débuts en équipe d’Italie. 167 sélections et une Coupe du monde plus tard, il est toujours là.
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Buffon était déjà habitué à jouer à haut niveau dans son club lorsque Cesare Maldini a fait appel à lui en équipe nationale. Pur produit de la formation parmesane, Buffon a débuté en équipe première lors de la saison 1995-1996 face au grand Milan AC de Roberto Baggio et George Weah. Imperturbable face à ces deux Ballons d’or, il a ce jour-là réalisé son premier clean sheet à l’âge de 17 ans seulement, les deux équipes se quittant sur un match nul et vierge.
Lors de la saison 1996-1997, Gianluigi Buffon, âgé de 18 ans, était le gardien numéro 1 d’une équipe de Parme qui a terminé à la deuxième place de la Serie A. C’est au début de la saison suivante qu’il a été appelé en équipe nationale pour la première fois, pour une confrontation face à la Russie dans le cadre des barrages pour le Mondial 1998, en tant que doublure de Gianluca Pagliuca. La première manche s’est jouée sous la neige russe et après une demi heure de jeu, Pagliuca est sorti sur blessure, précipitant les début internationaux du jeune Buffon, encore inexpérimenté, dans un match ô combien important pour toute l’Italie du football. Le défi était immense pour l’adolescent.
Mais Buffon a joué comme un vétéran, faisant des arrêts décisifs et concédant seulement un CSC d’un coéquipier qui débutait lui aussi sa carrière internationale, le défenseur Fabio Cannavaro. Ironie de l’histoire, ce sont ces deux joueurs qui ont conduit la défense de fer de l’Italie championne du monde en 2006.
Le match aller s’est achevé sur le score de 1-1 et l’Italie a remporté la deuxième manche à domicile, synonyme de qualification pour la Coupe du monde 98. Et Gianluigi Buffon a participé au tournoi, comme doublure de Pagliuca.
Pour avoir une idée de la longévité de Buffon, il suffit de regarder la listes des joueurs italiens convoqués pour le Mondial français : des vétérans de 1994 comme Costacurta, Maldini, Baggio. Tous ont pris leur retraite depuis de nombreuses années.
Depuis ses débuts, Gianluigi Buffon a compilé 167 sélections pour la Squadra Azzura. Il est le joueur italien le plus capé devant Fabio Cannavaro et ses 138 sélections. Ensemble, ils ont soulevé la Coupe du monde 2006, en Allemagne, et durant le tournoi, le portier transalpin a passé 453 minutes sans encaisser un but.
Ces faits d’arme en club ne sont pas moins impressionnants. Depuis sont transfert à la Juventus pour 52 millions d’euros, un record pour un gardien, Buffon a remporté neuf Serie A et pas mal de récompenses individuelles. La Ligue des champions est le seul trophée qui lui manque malgré deux finales en 2003 et en 2015. Au milieu de tout ça, Buffon a combattu la dépression et a évoqué publiquement ce sujet tout en étant numéro 1 en club et en sélection.
Pourtant, Buffon n’a toujours pas pris sa retraite, comme il l’a dit à la presse : « Jouer en 2018 est toujours un de mes objectifs ».
« Depuis mes 32 ou 33 ans, chaque année compte pour sept ans, comme pour les chiens. Comme si j’étais un jeune homme, la passion effrénée pour le football est ce qui me pousse. Quand tu grandis, tu te rends compte que ce qui te stimule le plus est le défi. C’est pour ça que j’aime jouer chaque match. »
S’il est toujours en forme en 2018, Buffon pourrait disputer une sixième Coupe du monde et s’octroyer un record – il est également à égalité avec Lothar Matthäus et Antonio Carbajal. Même s’il n’est pas titulaire, ce qui est peu probable, il fera partie de la liste des 23 à coup sûr.
2018 est un objectif réaliste pour Buffon. Il aura 40 ans et fera ses adieux à l’occasion du plus grand tournoi de football du monde, ce qui est le rêve de beaucoup de joueurs. Surtout si l’Italie retrouve son niveau de 2006 et parvient à se hisser en finale. Tirer sa révérence en soulevant le graal.
Quand le légendaire gardien dira stop, ça va nous faire tout drôle. Buffon représente tellement le gardien titulaire de la sélection italienne qu’il est difficile d’imaginer quelqu’un à sa place. Bien sûr il a manqué des grandes compétitions en raison de blessures, mais il est toujours revenu à son niveau, clouant le bec à celles et ceux qui le pensaient fini pour le très haut niveau.
Buffon n’est pas une singularité en Italie, pays qui a déjà connu un gardien presque éternel avec Dino Zoff qui a cumulé 112 sélections entre 1968 et 1983. Trouver un successeur à ces deux-là n’est pas facile, mais l’Italie tient peut-être son ‘heureux élu” avec le jeune portier du Milan AC Gianluigi Donnarumma, un autre prodige connu sous le surnom de ”Gigi”.
Le 25 octobre 2015, Donnarumma est devenu le plus jeune joueur à commencer un match professionnel, à l’âge de 16 ans et 8 mois. Mieux encore, à 17 ans et 6 mois, le 27 août 2016, il est le plus jeune joueur convoqué en équipe nationale depuis 1911. Annoncé comme le successeur du Turinois, le Milanais est encore trop jeune pour qu’on en soit complètement convaincu. D’ailleurs, il n’était même pas né lorsque Gianluigi Buffon s’est imposé à nous sous la neige russe.