Je m’appelle Mack et je suis une de ces honteuses personnes qui encouragent les Raptors maintenant que ça va bien pour eux.
Jusqu’à ces dernières semaines, je n’avais jamais vraiment regardé le basket de ma vie. Maintenant, par contre, je suis insatiable. Je dévore le plus de contenu possible sur les Raptors. Je suis un bandwagoner, quelqu’un qui devient fan au meilleur moment possible. Je n’ai cependant pas honte d’être l’une des créatures les plus répugnantes pour le monde qui gravite autour du sport. En fait, je peux me défendre.
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Soyez attentif.
Je ne suis pas nouveau à Toronto, mais je ne suis pas là depuis très longtemps. Quand je suis arrivé dans cette ville, à la fin 2016, je ne connaissais personne, pas une âme en dehors de mes patrons avec qui j’avais des échanges uniquement par courriel. Néanmoins, dans l’intérêt de ma carrière, j’ai mis dans un Grand Caravan 2004 mes piètres affaires et mon chat, et j’ai fait le long et pénible trajet vers l’est depuis Edmonton.
Je n’avais passé qu’une seule journée à Toronto avant d’y déménager. Comme beaucoup d’autres personnes qui déménagent loin, mon cadeau de bienvenue a été une dépression. Je ne sortais pas. Je n’explorais pas la ville. J’étais dans cette ville gigantesque avec des millions d’autres, mais ça ne faisait que me rappeler que tous ceux qui comptaient pour moi étaient à des milliers de kilomètres, dans des villes de taille normale. Comme beaucoup de gens l’ont dit avant moi, l’une des grandes ironies à propos de la vie dans une ville si populeuse, c’est l’impression d’être seul.
Mon chez-moi me manque encore désespérément, même après tout ce temps. Ma famille me manque. Le quartier dans lequel j’ai grandi me manque. Ma ville natale, Fort Saskatchewan, qui compte 24 000 âmes, me manque. Mes amis me manquent. Mes concitoyens d’Edmonton me manquent. Regarder les matchs des Oilers au Hilltop Pub avec mon pote de longue date, Joe, me manque particulièrement. Les ailes, qui ne sont même pas si bonnes, me manquent, et me dire à chaque année que cette fois-ci, ce sera l’année des Oilers me manque également. C’est un souvenir simple, mais chaleureux, qui me donne un sentiment que je n’ai que rarement ressenti depuis mon déménagement. Un sentiment que je n’ai retrouvé, en fait, que ces dernières semaines.
Pour être franc, au cours de ces séries éliminatoires des Raptors, c’est la première fois que je me sens chez moi à Toronto. La première fois que je ressens un quelconque lien avec cette ville.
Je ne m’attendais pas à devenir accro quand j’ai finalement accepté le plaidoyer d’un bon copain qui voulait que je regarde le basketball : j’allais adorer, disait-il. J’ai d’abord commencé avec la partie à la fin de la série contre Orlando. Je n’avais jamais vraiment regardé le basketball professionnel auparavant, mais j’étais conquis par le jeu, et aussi par l’histoire de l’équipe. Je suis sûr que ça aide, de m’être laissé emporté par l’enthousiasme des fans au cours de la meilleure saison de l’histoire des Raptors, mais au risque de tomber dans le cliché, il y a plus que ça. Il y a Kyle Lowry, spectaculaire après des années de difficultés; il y a les gens qui paniquent devant Drake; il y a ceux qui hurlent dans les rues après les victoires; il y a Kawhi Leonard, qui est simplement Kawhi Leonard; il y a le banc qui retient Kawhi dans le quatrième match après une performance incroyable en double prolongation. Il y a les verres que j’ai bus avec des inconnus dans des bars; il y a le revirement de Fred Vanvleet en finale de la Conférence de l’Est; il y a mon ami Sasha qui fait la tête lors du troisième match contre Philadelphie, et qui m’a envoyé un texto en majuscule après le septième match. C’est tout ça.
J’ai rapidement commencé à regarder les matchs avec qui je pouvais.
La fébrilité qui s’est répandue dans la ville est omniprésente, elle coule dans les veines des Torontois. Ça a transformé Toronto d’une façon que je ne crois pas avoir vu auparavant. J’étais jeune lorsque les Oilers se sont rendus à la finale, en 2006, donc je ne peux pas vraiment comparer les deux. Mais les gens vivent et meurent pour cette équipe, et remplissent les bars, les rues et les conversations pour elle. Les propriétaires de bars sportifs doivent être en train de se vautrer dans l’argent.
Les fans, avec une subtile grâce, ont été absolument cool avec moi, mais je suis resté nerveux pendant un moment, étant donné que les fans de hockey ont la réputation d’être des enculés au sujet des amateurs qui le sont seulement quand tout va bien. Quand j’ai regardé le sixième match des finales de la Conférence de l’Est dans un petit bar japonais de Dundas West avec mon voisin, c’était un pandémonium. Lorsque les Raptors ont fait leur retour, les quelque 50 personnes présentes dans le bar ont crié de façon assourdissante. Les gens chantaient, criaient et buvaient… ensemble. Lors du match précédent, j’étais à une fête avec des collègues sans télé et je devais courir ailleurs pour regarder le dernier quart. J’ai fini par le regarder avec quelques personnes à la télévision devant un café à chicha de Yonge et Dundas avec quelques autres fans.
Quelques semaines auparavant, j’étais à Dock Ellis, un bar sportif de premier rang dans l’ouest de la ville, pour The Shot. Lorsque le ballon a rebondi de l’anneau du panier dans la dernière seconde de la septième partie, toute une série de 336 minutes se résumaient à ceci : un seul lancer. L’oxygène a été aspiré hors du bar alors que le ballon rebondissait, et toute la salle a explosé de passion lorsque ce foutu ballon est entré dans le panier, presque contre les lois de la physique. Ç’a été le moment sportif le plus cool que j’ai jamais vécu (je suis né quelques mois après la dernière victoire des Oilers en finale de la Coupe Stanley.)
C’est comme si on venait d’ouvrir la ville à des gens comme moi. Je suis sûr qu’elle n’a jamais vraiment été fermée, mais pour la première fois depuis que je suis à Toronto, j’ai l’impression que l’Alberta est l’endroit d’où je viens et que Toronto est la ville où je suis chez moi. L’importance de ce sentiment est une chose qu’on ne reconnaît pas vraiment tant qu’on n’est pas parti de chez soi, et c’est peut-être pour ça que je me suis joint sans aucune réserve aux fans des Raptors.
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Mon histoire n’est ni unique, ni nouvelle. Toronto est pleine de personnes d’ailleurs – dont beaucoup sont venues de beaucoup plus loin et ont beaucoup plus à faire que moi. Toronto est une ville d’immigrants, et les fans des Raptors en témoignent. Écoutez, j’adore mes compatriotes fans des Oilers, et j’aime toujours Edmonton, donc ce n’est pas une insulte, mais disons simplement qu’il serait difficile de trouver une telle foule au match des Oilers. Pour les Raptors, les origines ne comptent pas : si vous voulez participer, vous pouvez encourager l’équipe locale.
Pour moi, à tout le moins, le fait que le basketball m’ait donné ce sentiment, c’est magique. Cela dit, je ne suis pas assez intelligent ni assez éloquent pour expliquer complètement pourquoi le sport ou d’autres activités peuvent également rassembler une communauté, mais on sait tous que c’est le cas. Au cours des trois dernières années, j’étais plutôt opposé à Toronto, même si j’étais à peu près sûr que je ne retournerais pas chez moi, dans le centre de l’Alberta, de sitôt. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de penser que rester à Toronto pendant un encore un bon moment pourrait ne pas être la pire chose au monde. La ville est bouleversante, la nourriture est excellente et les gens sont un peu plus gentils que je le pensais au départ. Je pense que je dois remercier les Raptors de m’avoir montré ça.
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