Cet article vous est présenté par Canal +, qui diffusera le documentaire Showtime ! le mardi 8 novembre à 22h50. Cliquez ici pour plus d’informations.
Dernier samedi de septembre, à l’étage de la brasserie François Coppée, boulevard de Montparnasse, Paris. Le Comité Trump France tient sa première réunion publique. Georges Clément, 72 ans, président de ce groupe de soutien à Donald Trump et chef d’entreprise, est là pour poser les jalons de son association : « réinformer » sur le candidat à la Maison Blanche et porter ses thématiques de prédilection dans le débat public français. L’islam, la France aux Français, l’oligarchie politique et économique, entre autres.
Videos by VICE
Depuis plusieurs mois déjà, le Comité Trump France – qui réunit 50 adhérents et ne se revendique aucune place sur l’échiquier politique, sinon celui de « patriote » – met en avant sa rhétorique sur les réseaux sociaux. Le compte Twitter comptabilise 2 600 abonnés et sur Facebook, quelques 1 600 likes. On y voit l’agrégation des mouvements identitaires ou de l’extrême droite plus classique : Robert Ménard, Henry de Lesquen, Aymeric Chauprade ou Karim Ouchikh (du Rassemblement Bleu Marine) sont régulièrement retweetés par le Comité qui diffuse aussi les discours du candidat et ses attaques contre « Crooked Hillary ».
Mais concrètement, hors du Comité, la « Trumposphère française » sur le net, c’est surtout les principaux sites de la fachosphère. Sur Fdesouche ou Égalité et Réconciliation, on trouve une tripotée d’articles sur le milliardaire, promouvant surtout ses critiques contre l’establishment et l’immigration. « La France, ou plutôt les Français pourraient respirer avec un gouvernement américain qui ne serait plus un ennemi ni un partisan du grand remplacement de la population française. La politique de mise en avant des « élites » de banlieue et de leur formation par l’ambassade américaine prendrait fin et la liberté pour nous de retrouver une souveraineté afin résoudre le problème de notre survie en tant que peuple deviendrait une réalité », notait Georges Clément dans une interview à Riposte Laïque, où il est également auteur. Nous avons voulu le rencontrer pour parler concret et discuter du fond des propositions de Donald Trump.
VICE : Pouvez-vous raconter la genèse du mouvement et expliquer le but du Comité Trump France ?
Georges Clément : À partir du moment où Donald Trump s’est déclaré candidat et s’est exprimé sur un certain nombre de sujets qui nous semblent cruciaux, notamment en France, l’idée a émergé. Ces sujets, ce sont l’immigration, le front contre le terrorisme islamique, un retrait par rapport à la ligne socialiste-démocrate ouverte par Bill Clinton.
Comme en Europe, nous avons un combat qui est né contre le politiquement correct, il est évident que tant que les États-Unis auront des gouvernements Démocrates, il n’y a pas grande chance de pouvoir s’en libérer sans persécution. Quand je dis persécution, je parle du passage de tous ceux qui s’élèvent devant ce politiquement correct sans passer devant les tribunaux depuis une dizaine d’années.
Qu’est-ce que Donald Trump apporte contre le politiquement correct ?
Il a pris la parole aux États-Unis de manière totalement libre, en disant que tout ce qui est en train d’arriver ne peut plus continuer. Une grosse partie du peuple américain souffre et ne veut pas de la situation actuelle. C’est la même chose en Europe : les peuples ne veulent pas de la manière dont un certain nombre d’élites ont pris l’habitude de vivre et de gouverner. Donald Trump ayant pris cette voie, il est évident que si les États-Unis prennent cette direction, l’Europe se trouverait bien ennuyée d’avoir d’un côté une Amérique qui a retrouvé le bon sens politique et une Russie qui l’a gardé.
Vous parlez aussi d’une « trumpisation » de l’Europe. Qu’est-ce que c’est, au juste ?
Actuellement, il y a un cordon ombilical entre un certain nombre de gouvernants mondiaux qui sont reliés les uns aux autres et dont la tête est à Washington avec Obama. « L’interface » – si je puis dire – de ce cordon se situe à l’ONU. Tant que ce cordon est en place, les gouvernants européens financés, tenus à bout de bras et appuyés par l’ONU empêchent le peuple de s’exprimer concernant des sujets vitaux comme celui de « l’immigration-invasion » ou des conflits à l’est de l’Europe.
Donald Trump, c’est l’inverse de cela. Il dit : « Je me présente, parce qu’il n’est plus possible de voir notre frontière piétinée tous les jours ». Il dit également que les États-Unis n’ont pas comme ennemi principal la Russie.
Vous présentez Donald Trump comme le candidat anti-establishment. Malgré ses sorties médiatiques, c’est quand même un oligarque.
C’est une erreur majeure. Je sais pourquoi vous dites ça. Lui-même ayant plusieurs entreprises internationales, il est forcé de participer à ce « repas des ogres » auquel participent Warren Buffet, Bill Gates, le patron de Google, etc. Ou Pinault, en France. Mais Trump, à la différence des autres, n’est pas un patron hors sol. Trump est un homme, comme il y en avait encore en Europe il y a encore trente, qui a fait lui-même son entreprise et qui en fait sa chose.
Entre le patronat, le vrai, qui crée son entreprise et lui donne son nom, et les financiers, les holdings, il y a une énorme différence. Ces derniers n’ont aucune attache, ils sont totalement mondialistes. Trump et ceux qui fonctionnent comme lui sont, tout en ayant des entreprises internationales, profondément ancrés dans les États-Unis. Ce n’est plus du tout le cas pour la majorité des grands patrons Français.C’est ça qui trouble les choses pour les gens qui ne sont pas avertis. Les gens disent « C’est un gros, donc il voit les choses comme les autres » : ce n’est pas vrai !
En terme de patriotisme économique, je vois bien votre idée. N’empêche que les révélations du New York Times tendent à prouver que Donald Trump a évité de payer des impôts durant longtemps.
Ce n’est pas vrai, monsieur ! C’est un faux à l’usage des non fiscalistes. Ça met en colère les patrons ce genre d’assertion. Il y a un droit fiscal. Et là, il y a deux hypothèses : soit on l’enfreint, on fraude, soit on utilise le droit en toute légalité. Et ce n’est pas une faute, ni un crime. Maintenant, si le vulgus pecus, celui qui n’y comprend rien, on lui explique la chose de manière simple, il ne dira pas « il n’a pas payé ses impôts pendant dix ans ».
D’abord, qu’est-ce que vous en savez ? Dans votre formulation, vous n’auriez pas du dire qu’il n’a pas payé d’impôts. Vous auriez dû dire : « l’affaire fiscale où il a eu le droit de ne pas payer à cause de ses pertes ». Aux États-Unis lorsque vous avez des pertes d’exploitation dans des entreprises, vous avez droit à la déduction de ces pertes jusqu’à extinction des pertes. C’est comme ça. La loi a comme idée que des pertes (si l’exploitation continue, qu’il n’y a pas de dépôt de bilan) sont des pertes nettes et qu’il n’y a pas de bénéfices. Puisque vous avez des dettes concernant ces pertes, mais que vous continuez votre exploitation, l’année d’après ces pertes et toutes les années qui suivent le bénéfice est nul. Même si vous avez un bénéfice comptable, ce n’est pas du bénéfice économique. Et donc, à partir de là, vous pouvez reporter une partie de vos impôts, qui viendra en déduction de vos bénéfices dans les années à venir.
Il n’y a jamais eu d’actions de l’État contre Trump sur cette question, tout simplement parce que c’est légal. Qu’est-ce qu’on vient faire du battage médiatique dessus ? D’autant plus que les Américains s’en foutent éperdument. Ce genre de chose fait simplement monter le bourrichon en Europe.
Photo via le groupe Facebook Donald Trump France
Sur le plan international, ce qui ressort le plus, c’est la volonté de rapprochement de Trump avec la Russie. En quoi cela vous semble être une bonne chose ?
C’est essentiel. Qu’est-ce que les États-Unis actuels combattent en Russie ? Avec la Russie soviétique, c’était clair et précis : le communisme. Il y avait une confrontation qui avait des raisons idéologiques et économiques. Aujourd’hui, la Russie n’a pas l’intention d’imposer une idéologie quelconque. Que reste-t-il ? Elle défend ses intérêts de nation. C’est la moindre des choses. On tombe dans l’absurdité presque psychiatrique de l’Europe, qui considère que défendre ses intérêts de nation c’est être xénophobe. La Russie n’est pas une menace pour les États-Unis.
La Russie est mis au ban de la communauté internationale par l’Amérique d’Obama parce qu’elle est en dehors du mouvement sociétal prôné par l’Europe et qui consiste à transformer la société. Pour un certain nombre d’organismes privés aux États-Unis, comme ceux de Georges Soros, qui ont un projet mondial très précis, la Russie est un obstacle, comme la Chine, pour l’instauration totale d’un régime de gouvernance mondiale. Or, c’est bien contre ça que les souverainistes en Europe ou Trump se battent. C’est contre le mondialisme.
On est donc en train, lorsqu’on est un pays comme les États-Unis avec un possible dirigeant comme Trump, de se confronter à un pays avec qui l’on partage des idées de souveraineté et de société que l’on n’a pas à détruire. Objectivement, les États-Unis de Trump n’ont pas de raison de s’opposer à la Russie. Le parti de Trump dit : « Nous n’avons pas d’ennemi en Russie. Nous avons un adversaire en Chine, mais pour des raisons économiques. Et nous avons un adversaire mondial qui s’appelle l’islam. »
Quels sont les projets futurs du Comité Trump France ?
Je n’en sais rien. D’abord, parce qu’on attend les résultats des élections. S’il est élu, on gardera des rapports, puisque nous avons déjà des contacts étroits avec la campagne de Trump. On les maintiendra, ils auront un sens. S’il n’est pas élu, c’est une tout autre hypothèse et nous verrons bien. Ensuite, nous ne sommes pas dans un combat populaire pour la France. Notre travail n’est pas de faire une organisation de masse mais de nous exprimer sur le fond, autour de Trump, à chaque fois qu’on nous donne la parole.
Cet article vous est présenté par Canal +, qui diffusera le documentaire Showtime ! le mardi 8 novembre à 22h50. Cliquez ici pour plus d’informations.