Ukraine Somalie
Un chauffeur assis sur le toit du camion-citerne qui pompe l'eau depuis un point d'eau. Toutes les photos sont de Joost Bastmeijer.
Food

La guerre en Ukraine menace des millions de vies en Somalie

Le pays, qui importe du blé d’Ukraine et de Russie, connaît actuellement sa pire sécheresse depuis quarante ans et risque la famine.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie aggrave encore un peu plus les conséquences d’une sécheresse historique qui touche actuellement ce pays d’Afrique de l’Est, la pire depuis quarante ans.

Dans les semaines à venir, la Somalie s’apprête à subir une saison des pluies quasi inexistante pour la quatrième année consécutive, exposant environ 28 millions de personnes à une grave famine. Certaines régions du pays n’ont pas vu une goutte de pluie depuis plus de deux ans. 

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A man fixes a puncture in the tube that sends the truck's water into a large storage bag. After the bag is full, the inhabitants of the Luglow IDP  settlement can collect water by using a small valve.

UN HOMME RÉPARE UNE FUITE DANS LE TUYAU QUI ENVOIE L’EAU DU CAMION-CITERNE DANS UN GRAND BIDON DE STOCKAGE. UNE FOIS LE BIDON REMPLI, LES HABITANTS DU CAMP DE LUGLOW POURRONT RÉCUPÉRER L’EAU EN UTILISANT UNE PETITE VALVE.

Alors que la Somalie importe traditionnellement la quasi-totalité de son blé d’Ukraine ou de Russie, le conflit ne fait qu’aggraver une crise alimentaire déjà dévastatrice. À côté de ça, la Somalie s’inquiète du manque d’attention accordée à la crise humanitaire qui se déroule dans la Corne de l’Afrique. « Il y a tant de crises concurrentes », a déclaré Mohammed Ahmed de Save the Children à VICE, « et nous pouvons déjà constater que la situation en Ukraine a détourné l’attention internationale. Cette guerre risque de submerger l’agenda et priver la Somalie de dons à un moment critique pour le pays. » 

For miles and miles, the side of the road is strewn with animal carcasses. Goats, cows, camels and donkeys die en masse due to the lack of water  and food. This is a disaster for pastoral communities, that make up around 60 per cent of the Somali population, as they rely on their livestock to  generate income and food.

SUR DES KILOMÈTRES ET DES KILOMÈTRES, LE BORD DE LA ROUTE EST JONCHÉ DE CARCASSES D’ANIMAUX. CHÈVRES, VACHES, CHAMEAUX ET NES MEURENT EN MASSE À CAUSE DU MANQUE D’EAU ET DE NOURRITURE. C’EST UN DÉSASTRE POUR LES COMMUNAUTÉS PASTORALES, QUI REPRÉSENTENT ENVIRON 60 % DE LA POPULATION SOMALIENNE ET DÉPENDENT DE LEUR BÉTAIL POUR SE NOURRIR ET GAGNER LEURS VIES.

Presque toutes les régions de Somalie sont touchées par la sécheresse, mais dans le sud du pays, la situation est particulièrement grave. Dans un camp de déplacés internes situé près de la ville de Luglow, des travailleurs luttent pour fournir suffisamment de nourriture et d’eau aux populations. Alors que la sécheresse a tué leurs animaux et asséché leurs parcelles agricoles, de nombreuses personnes se retrouvent contraintes de marcher pendant des jours pour trouver de quoi se nourrir. 

“Before the drought, the rains were sometimes late,” Haleema Abdullahi Abdi remembers. “But we never had three consecutive seasons without  any rain. Because of that, we have lost all of our livestock. We came here to survive. We used to be a happy, dignified family. We had enough money  to not only support our own family, but also other families. It saddens me that now, I’m begging from other people.”

« AVANT LA SÉCHERESSE, LES PLUIES ÉTAIENT PARFOIS TARDIVES », SE SOUVIENT HALEEMA ABDULLAHI ABDI. « MAIS NOUS N’AVIONS JAMAIS EU TROIS SAISONS CONSÉCUTIVES SANS PLUIE. MAINTENANT, NOUS AVONS PERDU TOUT NOTRE BÉTAIL. SI NOUS SOMMES VENUS ICI, C’EST POUR SURVIVRE. NOUS ÉTIONS UNE FAMILLE HEUREUSE ET DIGNE, AVANT. NOUS AVIONS ASSEZ D’ARGENT POUR AIDER NON SEULEMENT NOTRE PROPRE FAMILLE, MAIS ÉGALEMENT D’AUTRES. DEVOIR MENDIER ME REND TRISTE ».

Des enfants somaliens ont confié à VICE qu’ils ne mangeaient qu’un seul repas par jour, un bol de riz blanc le matin. Le soir, ils sont affamés. Au cours de la semaine dernière, seize enfants du camp situé près de Luglow sont morts, conséquence directe de la sécheresse.

Before the water trucks arrive, inhabitants of Luglow IDP settlement already line up their empty jerrycans. Most people tie a piece of cloth to their  jerrycan, so they can recognize theirs when they have to fill the canister with water.

AVANT L’ARRIVÉE DES CAMIONS-CITERNES, LES HABITANTS DU CAMP DE LUGLOW ALIGNENT DÉJÀ LEURS JERRYCANS VIDES. LA PLUPART DES GENS Y ATTACHENT UN MORCEAU DE TISSU AFIN DE POUVOIR RECONNAÎTRE LE LEUR UNE FOIS REMPLI.

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