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Crime

L'organisation « État islamique » est-elle présente à Gaza?

Des explosions mercredi devant le centre culturel français de Gaza ont été revendiquées par un groupe se réclamant de l'EI.
Photo via AP/ Khalil Hamra

Un groupe se revendiquant de l'organisation « État islamique » (EI) dans la bande de Gaza a affirmé mercredi être à l'origine de deux explosions au centre culturel français de Gaza mardi soir, avant de se rétracter. Les autorités gazaouites mettent ces explosions sur le compte de réservoirs de carburant défectueux.

Mais à Gaza, où les habitants commencent à peine à se remettre de la campagne militaire israélienne de cet été, qui a tué plus de 2 100 personnes, ces revendications ont été accueillies avec indifférence et scepticisme.

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L'organisation auto-proclamée de l'« État islamique », dont beaucoup à Gaza affirment n'avoir jamais entendu parler, a revendiqué, via un flyer posté sur les réseaux sociaux, la pose de 200 kg d'explosifs près des camions-citernes et des générateurs électriques du bâtiment.

Le flyer dépeint le centre culturel français, géré par le consulat de Jérusalem, comme un « centre de corruption morale », d'après le journal israélien Haaretz. Le quotidien affirme que « Des sources à Gaza […] soupçonnent que des mobiles religieux et politiques ont motivé l'explosion ».

— ??…? ?????? (@WeTeachLifeSir_)October 8, 2014

J'ai lu qu'on avait trouvé ce flyer.

L'explosion n'a fait aucun blessé. Le centre était vide quand la déflagration a eu lieu, car les gazaouites célébraient l'Aid-el-Kebir. Elle a tout de même provoqué un incendie qui a duré plusieurs heures, endommageant principalement le restaurant de l'établissement.

Quelques heures plus tard, le même groupe se revendiquant de l'EI a publié une autre déclaration, disant cette fois-ci qu'ils n'étaient pas à l'origine de l'explosion. La mission du groupe est « d'appliquer la charia dans les terres de l'Islam et de tuer les enfants de Sion », rapporte le deuxième document.

— Yousef M. Aljamal (@YousefAljamal)October 8, 2014

Quelqu'un a posté cette déclaration, qui dit qu'ils ne sont pas responsables. Il a le tampon de l'EI

Les Gazaouites sont restés sceptiques quant aux deux déclarations - il est dit qu'elles ont attiré beaucoup plus d'attention en Israël que dans les territoires occupés. Plusieurs personnes ont relevé qu'elles étaient mal écrites, qu'elles contenaient des fautes de grammaire, et que même leur date était fausse, ce qui pose la question de l'authenticité du groupe qui en est à l'origine.

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« Personne n'en parle » a confié à VICE News Mohammed Sulaiman, qui vit près du centre culturel, et qui a entendu les explosions. « Personne ne s'en inquiète, à part les médias. Ça détourne l'attention de problèmes plus importants, comme le blocus de Gaza ».

Ce sentiment est partagé par beaucoup, certains allant même jusqu'à dire que cet incident a « volé la vedette » à d'autres problèmes, comme le renouvellement des efforts pour une réconciliation palestinienne, avec la visite de leaders du Fatah à Gaza, mais encore les affrontements entre manifestants palestiniens et la police israélienne dans la vieille ville de Jérusalem.

« L'explosion d'hier n'est rien comparée à la violence déployée par Israël contre Gaza au cours des 51 jours de guerre qui ont fait plus de 2 100 morts, dont 500 enfants », a expliqué à VICE News Samer Badawi, analyste du Moyen-Orient. « Benjamin Netanyahu voudrait justifier cette attaque en liant le Hamas à l'EI, mais le manque de réactions à l'attentat d'hier dans la bande de Gaza démonte encore davantage cette affirmation sans fondement du Premier ministre israélien ».

Samer Badawi fait référence à un discours prononcé, le 20 août par Benjamin Netanyahu dans lequel ce dernier déclarait « le Hamas est comme l'EI, l'EI est comme le Hamas. Ce sont deux branches du même arbre ».

Les autorités du Hamas à Gaza aujourd'hui ont minimisé ces explosions, disant qu'il s'agissait d'un accident, rien de plus. Sur sa page Facebook, le porte-parole du ministre de l'intérieur Iyad al Bozum aurait écrit que le feu avait été déclenché par des « camions-citernes défectueux », et que les autorités enquêtaient sur cet incident.

« Le Hamas a rapidement réagit par la désapprobation aux rapports qui disent qu'un groupe affilié à l'EI était derrière l'explosion, ce qui montre bien que le groupe palestinien envisage l'EI comme un facteur de déstabilisation et non comme un soutien », ajoute Samer Badawi.

Les rumeurs qui parlent de cellules de l'EI dans les territoires occupés ne sont pas nouvelles. Quand les colons israéliens ont disparu, puis ont été assassinés en juin, un groupe se revendiquant de l'EI en Cisjordanie a dit être à l'origine de l'enlèvement. L'authenticité de ce groupe, comme celui qui a affirmé être à l'origine de l'explosion à Gaza, n'a jamais été prouvée.

Suivez Alice Speri sur Twitter: @alicesperi