FYI.

This story is over 5 years old.

Musique

Avec « Nearer, My God », Foxing tente le tout pour le tout

En prévision de son passage à Montréal ce week-end, on a jasé avec les membres de Foxing de Donjons & Dragons et de leurs plus grandes peurs.

Pour son nouvel album, le groupe emo du Missouri Foxing s’est donné tous les moyens. Nearer, My God, son troisième opus, montre un côté de la personnalité de ses membres beaucoup plus assumé et exempt de limite. Surtout connus pour avoir été parmi les premiers groupes de la quatrième vague de emo à avoir su percer au-delà de leur scène, les gars de Saint-Louis sont aujourd’hui prêts à affronter un public plus large.

Publicité

Sur Nearer, My God, les influences emo, disco et synth-pop se côtoient sans jamais donner l’impression que le résultat a été forcé. Comme dans tous les albums de Foxing, on y trouve de l’expérimentation avec des modules analogues, des séquences et des bruits dissonants, qui ajoutent à l’aspect frénétique du projet. Moins mélancolique que Dealer, l’album précédent, celui-ci aborde des thèmes très actuels comme les maladresses tragicomiques de Trump sur Slapstick ou la perte d’amis proches, victimes de la crise des opioïdes, dans la chanson titre.

Fraîchement revenu d’une tournée de promotion européenne pour Nearer, My God, Foxing sera de passage à Montréal ce samedi au bar Ritz PDB pour jouer les chansons de son nouvel album. On a parlé avec Conor Murphy, chanteur et auteur principal du groupe, pour parler de ses peurs, de Donjons et Dragons et d’amis morts.

VICE : Salut Conor! J’ai l’impression que vous vous êtes donné beaucoup plus de libertés avec ce nouvel album, est-ce que je me trompe?
Conor Murphy : Je pense que c’est surtout que nous avons pris notre temps avec celui-ci : ça fait presque trois ans qu’on travaille sur ces chansons. Aussi, on s’est dit qu’il fallait qu’on tente le tout pour le tout. On est tous maintenant dans la mi-vingtaine et on a réalisé qu’il fallait qu’on donne tout ce qu’on avait si on voulait réussir, sans quoi on aurait été forcés de se trouver de vrais jobs. Sans pour autant vouloir dire que le groupe se serait séparé, autrement.

Publicité

Et puis, pour être honnête, ça a toujours été notre but de pouvoir intégrer autant d’instruments sous-utilisés dans le rock que possible. On voulait y mettre beaucoup d’orchestration, de cuivres, de synthés et d’échantillons . On a même une cornemuse, à un moment. Je crois qu’avec cet album, on a ouvert la porte à toutes les suggestions et on ne s’est pas imposé de limites.

Vous avez recruté Chris Walla [ancien guitariste et compositeur de Death Cab For Cutie] pour produire l’album. Comment c’est arrivé?
Ryan Wasoba est le gars qui a produit plusieurs de nos enregistrements. Chris agit un peu comme son mentor depuis un moment, et il a appris à connaître notre musique à travers Ryan. Un jour, nous étions à Seattle, et Chris nous a invités au studio où plusieurs des albums de Death Cab for Cutie avaient été enregistrés, et on était super contents et excités. C’était impressionnant de voir toutes ces reliques en vrai. Ça a bien cliqué et on a forgé une bonne relation.

On lui a simplement demandé s’il était disponible, et au début, il n’allait que s’occuper du mixage et Eric [le guitariste du groupe] allait être le producteur. Mais au final, Chris est un peu devenu le producteur d’Eric, et l’a guidé dans tout le processus; ils sont devenus une équipe incroyable.

Votre premier album, The Albatross , traitait surtout de relations interpersonnelles, alors qu’avec Dealer , vous avez exploré le thème de la religion. Quel est le fil conducteur de Nearer, My God , d’après toi?
Mes peurs, surtout. Ma peur du monde, du système politique en ce moment, de la religion. J’ai encore utilisé beaucoup de langage catholique, car la Bible est d’après moi le livre le plus épeurant de tous les temps. Donc, en essayant d’aborder la peur et l’apocalypse, je crois que le livre des Révélations est un excellent livre d’horreur. L’album traite surtout de ma peur qu’on soit en train de vivre le début de la fin.

Publicité

Et quelle était ta plus grande peur, au moment de la sortie de l’album?
Je crois que ma plus grande peur vient du fait que c’est le projet dont je suis le plus fier, et c’est la première fois que ce groupe a composé des chansons que j’aime profondément et que je suis content de jouer en concert. On a tous très bien travaillé ensemble, mais j’avais peur que personne n’aime ça. Je me disais : « Et si les gens n’aimaient pas le meilleur de nous-mêmes? »

Je me demandais si les gens préféreraient qu’on se déteste et qu’on fasse de la musique qu’on n’aime pas. Je savais que, peu importe les critiques, je serais fier de cet album, mais si les gens ne l’avaient pas aimé, j’aurais été très triste. J’avais très peur qu’on ait à faire des chansons que je n’aime pas, pour le prochain album.

Une des phrases sur l’album qui m’a beaucoup touchée était très simple : « Unfollowing my dead friends » (« me désabonner de mes amis morts »). Peux-tu m’expliquer le sens derrière cette phrase?
On a perdu beaucoup d’amis durant l’écriture de cet album. Ç’a été une période de trois ans très bizarre, qui a ralenti le processus parce qu’on a perdu des gens très, très proches, souvent de manière tragique. Et il y a quelques personnes en particulier qui sont décédées de manière si subite que c’était flippant.

Tu les vois toujours sur les réseaux sociaux, tagués dans les photos d’autres personnes. Ça provoque un sentiment très viscéral. Je ne sais pas si tu as déjà eu à surmonter ce genre d’épreuve, mais à l’ère des médias sociaux, c’est comme si ces gens ne mouraient jamais vraiment.

Publicité

Ça m’est arrivé avec des amis proches, et constamment les voir en ligne me rendait très triste. Toutefois, je ne pense pas vraiment m’être désabonné de qui que ce soit, mais il y a une partie de moi qui aurait bien voulu le faire, juste pour oublier un peu.

Pourquoi y a-t-il autant de références à Donjons et Dragons sur l’album?
C’est drôle que tu en parles, je viens de sortir d’un magasin de jeu à Grand Rapids. J’ai acheté le module Tales from the Yawning Portal, dont je suis certain que des références se tailleront une place sur le prochain album!

La troisième chanson de l’album s’appelle

Lich Prince

, et c’est une référence à une campagne que j’ai écrite il y a longtemps et à laquelle on a joué souvent avec le reste du groupe. Un jour, la partenaire d’Eric jouait avec nous et elle avait un

owlbear

, un petit animal de compagnie mi-ours, mi-chouette. Le personnage de Lich Prince dans le jeu a tué le

owlbear

, et la partenaire d’Eric a fondu en larmes, elle était incontrôlable. J’ai trouvé intéressant que, bien que le jeu soit entièrement imaginaire, les réactions qu’il provoque soient très sincères. C’était si profondément touchant qu’on s’est dit que ça valait une chanson.

Pour plus d'articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.

L’album a une qualité très théâtrale qui se prêterait bien à un spectacle d’amphithéâtre. Par contre, vous faites en ce moment une tournée de clubs plus petits. Comment comptez-vous transposer cet effet spectaculaire sur scène?
En premier lieu, on utilise un système de lumières qu’on n’a pas les moyens de se permettre! Ça rentre un peu dans l’attitude de cet album, d’en faire plus que ce qu’on est capables.

On essaie de reproduire tous les éléments de l’album et de les rehausser pour créer une expérience de concert mémorable. Pour moi, un spectacle doit toujours être meilleur que l’album, sans quoi les gens ne paieraient pas pour venir au concert et resteraient simplement chez eux à écouter le disque.

On a aussi des uniformes dans cette tournée, mais on n’arrive pas à déterminer si c’est cool ou ringard!

Foxing seront en spectacle le samedi 1er septembre au Bar le Ritz PDB.

Billy Eff est sur internet ici et .