Le propriétaire du Cinéma Dollar veut devenir maire de Montréal
Crédit photo : Justine de l'Église

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Le propriétaire du Cinéma Dollar veut devenir maire de Montréal

« On est assis dans le cinéma le plus merdique, et il est numéro un. On va être la ville numéro un. »

Vous en connaissez beaucoup, des hommes de 76 ans qui s'appellent Bernie et qui veulent révolutionner le monde de la politique? À ma connaissance, il y en a deux : Sanders, le sénateur et militant qui voulait être président, et Gurberg, le propriétaire du Cinéma Dollar qui aspire à devenir maire de Montréal.

J'ai rencontré ce dernier quelques jours après qu'il a annoncé sa candidature à ses clients dans une infolettre. On a discuté sur son lieu de travail, ce cinéma un peu miteux niché au fond d'un centre commercial tout à fait déprimant, à 600 mètres au sud de la célèbre et immense boule de l'Orange Julep.

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On y présente des films à rabais, après leur vraie sortie au cinéma, mais avant la sortie en DVD. Vous le connaissez peut-être parce qu'il a fait la manchette en 2014 pour avoir été le seul cinéma de la province à présenter The Interview, farce controversée sur la Corée du Nord. Ou encore pour le passage encore plus marquant de Tommy Wiseau, créateur du légendaire The Room.

Ce cinéma, c'est l'icône de ma jeunesse et du Carré Décarie. Je me devais d'aller à la rencontre de son propriétaire à l'humour pince-sans-rire dans l'antre de son cinéma légèrement crade mais chaleureux.

« Si je ne suis pas élu, on ne sera pas numéro un. »

VICE : Pendant combien de temps avez-vous considéré vous lancer dans la course à la mairie avant de le faire?
Bernie Gurberg : Ça s'est fait assez rapidement. Il y a eu un rallye ici, il y a quelques mois, pour un conseiller municipal. Je parlais aux gens, et ils n'étaient pas du tout heureux avec le climat politique actuel. Ils me disaient : « Bernie, tu pourrais être candidat! » Une chose en a mené à une autre, et peut-être que tout ceci a été orchestré.

Orchestré?
Tu connais le grand gars, là-haut?

Le gars? Le grand gars? Vous parlez de Dieu?
Oui, lui. Il a peut-être dit : « Tu sais quoi, je vais arranger quelque chose. » Peut-être qu'il m'a mis dans ce siège pour que j'aie une chance. Parce que je ne suis pas dans un parti. Je suis seul. Les autres, ils ont quoi, 50 personnes qui vont aller accrocher des pancartes sur les arbres, cogner aux portes, embrasser des bébés, produire un million de macarons. Je ne suis rien, personne. Mais j'ai ma famille, d'une douzaine de personnes, mais aussi celle du cinéma, des centaines de milliers de personnes.

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Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer?
À cette étape de ma vie, je veux redonner à la communauté et je voudrais faire quelque chose de constructif pour notre ville. Tout ce que je vois à la télévision, c'est des gens se chicaner comme dans une cour d'école, s'insulter. Et des politiciens promettre des choses juste parce qu'ils ont calculé combien de votes ça leur donnerait. Je me dis : c'est quoi, ça? Je suis gêné d'être canadien, d'être montréalais quand je vois ce genre de choses au gouvernement.

C'est quoi la prochaine étape?
Si ma candidature est approuvée, je vais inviter ma « famille » du cinéma à venir dans une salle. Je serai sur le podium et je vais leur demander : « Comment on procède? » Ils vont distribuer des tracts pour moi, par exemple. Je ne vais pas dépenser d'argent. Ma famille va tout faire.

Crédit photo : Justine de l'Église

Qu'est-ce qui ferait de vous un bon maire?
[Pause] Parce que je suis moi! J'ai accompli quelque chose avec ce cinéma, qui est le mieux coté à Montréal. [Nous n'avons pu confirmer cette information ni sur Yelp ni sur les évaluations Google, mais il est certainement un des plus appréciés, NDLR.] Et je n'ai pas les moyens des grandes entreprises. Je ne sais pas ce que je fais. Mais je le fais. L'argent que je vais dépenser, ce ne sera pas le mien, mais bien le tien. Je vais être plus prudent avec ton argent qu'avec le mien.

Denis Coderre est en train de se monter une grosse équipe. Quelles sont vos chances de l'emporter, selon vous?
Je pense que je vais gagner. J'ai souvent gagné en étant sous-estimé. J'ai gagné des tournois de golf quand je n'aurais pas dû. Je n'avais pas pratiqué, mais j'ai gagné! Trois fois! Je ne sais pas pourquoi! Mais mon cœur était là. Et pour cette job, mon cœur y est. Si j'ai la job, vous allez voir des résultats extraordinaires.

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Quel est votre plus grand rêve pour Montréal?
Je ne vais pas te le dire. Ce qu'on m'a dit, c'est que j'ai pas le droit de faire campagne avant que ma candidature soit approuvée, le 22 septembre.

Ce n'est pas faire campagne!
Ce cinéma, c'est le meilleur, sans argent. C'est ce que je veux faire pour Montréal.

Donc vous voulez appliquer le concept de l'accessibilité du Cinéma dollar… à la Ville?
Bien sûr, ce n'est pas la même chose! Mais je veux que les gens aient une chance de survivre. J'ai lu un article dans le Suburban qui dit que 34 % des Montréalais vivent sous le seuil de la pauvreté. Savais-tu ça? Ça m'attriste. Je vois des réponses dans le Cinéma Dollar, mais je ne veux pas en dire trop pour l'instant.

Donc vous n'avez pas encore de plan avec vos objectifs?
Je t'ai dit mon plan. On est assis dans le cinéma le plus merdique, et il est numéro un. On va être la ville numéro un, après mon passage. Si je ne suis pas élu, on ne sera pas numéro un.

Vous ne croyez pas que les gens vont vous attaquer, en disant que vous n'avez pas de plan précis?
J'en ai un! J'en ai un, et il va fonctionner.

Il est écrit?
Non.

Et vous ne pensez pas que les gens vont vous attaquer sur ce point?
Ils peuvent m'attaquer. Et ils peuvent gagner. Et continuer. Mais si tu veux la meilleure ville, je vais le faire. J'ai plein d'idées.

C'est votre slogan, « Faire de Montréal la ville numéro un » ?
C'est un bon slogan! Je viens tout juste d'y penser. Ou en fait c'est ton idée.

Je ne suis pas censée aider les politiciens.
Tu pourrais être ma directrice de campagne.

Cette entrevue a été traduite et légèrement abrégée par souci de clarté et de concision.