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Vice Blog

Des Filles dodues et des clochards qui gueulent : une interview avec Jonny Negron

Dans le domaine des comics, Jonny Negron est l'un des mecs les plus canons du monde. Comme la majorité des génies, c'est quelqu'un qui déteste se montrer et qui ne s'est jamais étendu sur sa vie privée. En interview il ne parle pas beaucoup, et même si j'ai réussi à le faire un peu sortir de sa coquille, le mystère qui entoure Jonny Negron est pour moi toujours aussi épais. Vous n'en apprendrez pas beaucoup plus sur lui en lisant ce qui suit, mais vous pourrez au moins apprécier ses jolis dessins.

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VICE : Jonny Negron, c'est ton vrai nom? Tu viens d'où?

Jonny : Ouais, c'est mon vrai nom. Je suis né à Porto Rico, j'ai grandi à Long Island et je vis aujourd'hui au Texas. Ma famille s'est installée à New York quand j'avais deux ans et j'ai déménagé à Austin en 2007 parce que j'en avais marre de vivre sur la côte est. Là je suis artiste indépendant, mais au début de l’année j’étais acheteur d’or.

Depuis combien de temps t'es dans les comics ?

Je baigne dans l'univers des comics depuis que je suis gosse. J'adorais les super héros, surtout les X-Men. La première fois que j'ai vu des mangas, ça devait être autour de mes neuf-dix ans, et ça a été vraiment ouf pour moi. On ne voyait pas ce genre de trucs partout comme aujourd'hui ; la première fois que j'ai découvert les comics japonais ça a tout chamboulé. J'aimerai toujours Akira, Neon Genesis Evangelion et les trucs d’Hayao Miyazaki.

Dans mon top il y a : Matt Furie, Suehiro Marua, Masami Teraoka, Yuichi Yokoyama, Angie Wang et Chris Ware. Ce sont toujours de grandes sources d'inspiration pour moi.

Quand est-ce que c'est devenu ton vrai boulot ?

J'ai dessiné toute ma vie, donc je suppose que mon style est en fait une accumulation de différentes sources d'inspiration. En tant qu'artiste, je dois toujours être à la recherche de trucs nouveaux, donc j'essaie de ne pas trop me focaliser sur le style.

Votre couverture de Thickness me fait penser à du Franck Miller. Est-ce que tu es conscient de tes influences ?

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Personnellement, je ne suis pas un grand fan de Franck Miller, mais je trouve ça hyper intéressant que mon travail soit parfois comparé à des personnes dont je n'ai jamais entendu parler. Je suis influencé par beaucoup de choses et je ne sais jamais par où commencer, mais en général quand je remarque qu'un de mes dessins me fait penser au travail de quelqu'un d'autre, je me rends compte que c’était pas intentionnel. Normalement quand je travaille sur un dessin avec un artiste particulier à l'esprit, les résultats sont très différents de ce que j'avais prévu.

La couverture et les dessins de Thickness étaient vraiment cool. On aurait dit que la grande majorité de ces illustrations provenaient de vieux fantasmes sexuels inassouvis.

Merci. Dans Thickness, l'histoire de Grandaddy Purple n'est pas vraiment basée sur des fantasmes. Je suppose que ça vient plutôt de rêves que j'ai faits. Des rêves très étranges.

Grandaddy Purple est une variété de weed, il me semble. Vous aimez vraiment l'herbe ou vous écoutez juste beaucoup de rap ?

Haha, si j’aime la weed ? Je crois que je préfèrerais que ça reste un mystère. J'écoute du hip-hop oui, mais de façon modérée.

Parle-moi un peu de la création de Grandaddy Purple. Il doit y avoir d'autres choses que tes rêves derrière tout ça.

Eh bien, quelques-unes des images que j'ai dessinées proviennent réellement de rêves très étranges. Pendant un long moment, mes dessins pouvaient largement être catalogués dans la catégorie « pornographie ». Mais un jour, alors que je regardais une pub pour un tournoi d'U.F.C où l'on voyait un montage montrant un homme à moitié nu en train de se mordre, je me suis demandé « comment ça, ça peut être bien? ». Si autant de violence concentrée en une seule image ne choque pas plus que ça – une violence que personne n'aimerait jamais avoir à subir – alors mettre en scène la sexualité devrait pas poser plus de problèmes que ça.

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Ton comic sur Jay Jay le sans-abri me fait beaucoup penser à Sof'Boy.

Oh. Sof'Boy est génial.

Est-ce que ton comic Jay Jay était une parodie de Hutch Owens?

Jay Jay est un vrai mec en réalité. Quand j’ai emménagé à Austin, c’était le seul sans-abri de mon quartier. Comme la plupart des clochards, il se saoulait et s'endormait un peu n'importe où.Tout ce qu'il dit dans le comic sont des choses qu'il m'a vraiment dites.

Les meufs que tu dessines sont toutes assez rondes. Tu aimes quel genre de filles ?

Je dessine ce genre de femmes principalement par ce qu'on ne les voit pas souvent dans l'art ou les medias. Plus je les dessine, plus j'exagère les proportions. Mais il ne s'agit certainement pas d'une quelconque préférence personnelle. La plupart des filles avec qui je suis sorti sont minces. Je crois que ma façon de dessiner les filles est un clin d’œil à Crumb. Crumb dessinait ce type de femmes exclusivement. J'aime tous les genres de filles.

Les meufs avec lesquelles tu sors ont un avis sur les filles que tu dessines ? Et ta mère, elle en pense quoi ? Une fois, ma mère a grillé sur mon bureau une fille à poil que j'avais dessinée, et elle m'a engueulé comme jamais.

La plupart des femmes ne disent pas grand chose et si jamais elles donnent leur avis, il est plutôt positif. Donc bon, elle s'en fiche en gros. Puis je montre à ma mère environ 5% de mon travail, haha.

Tu pourrais nous décrire le processus auquel tu es confronté pour faire un comic ou une image, comme dans Extra Credit.

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Je dessine depuis l'âge de deux ans. Pour les comics, parfois j'ai une idée précise, comme pour Jay Jay, mais je ne reste jamais « collé » à mes idées. J'aime bien que les images et l'histoire viennent naturellement durant le processus de création. Comme ça je ne me déçois pas. Je fais confiance au hasard.

Parle-moi de la façon dont tu fais un dessin.

Ça dépend de ce que je fais. Pour les dessins et les peintures, je préfère dessiner à main levée avec un stylo. Je ne fais pas de brouillons ni de croquis avant, et j'utilise principalement des aquarelles et des marqueurs.

Lorsque je bosse sur des comics, mon approche est différente. Je fais presque toujours des dessins au brouillon. Si je le faisais pas, j'utiliserais beaucoup trop de papier. J'aime faire tout ce que je peux à la main. Par exemple j'adore me faire chier à reprendre les ombrages à la main alors que je pourrais créer les mêmes effets avec des logiciels. Je préfère décliner chaque ton à la main. Malheureusement, ce n'est que sur le net que je ne peux trouver les différentes déclinaisons d’ombrages, et ça commence à me revenir cher. C'est tout, le processus est assez simple en fait. J'imagine qu'il n'est pas différent de celui de beaucoup d'autres artistes.

Où vos comics et autres œuvres ont été publiés jusqu'à présent ?

À part pour Thickness, j'ai travaillé pour Diamond #6, Gang Bang Bong #2, Meathaus SOS’, et Demongodfoblinheaven, une auto-publication qui est le fruit de ma collaboration avec Jesse Balmer.

Sur quoi vous travaillez en ce moment?

Je bosse sur pas mal de projets free-lance, dont un fanzine que je prévois de publier à l'automne. Je travaille également sur un roman depuis 2009. Mon but pour 2012 serait de finir ce roman graphique que j'ai commencé il y a beaucoup trop de temps.

http://www.flickr.com/photos/jonnynegron/