La Vie sans électricité

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La vie des autres

La Vie sans électricité

Le quotidien d'une petite communauté autosuffisante de l'Oregon qui fabrique son propre fumier à partir d'étrons humains.

Bienvenue dans La Vie des autres, notre nouvelle colonne photo – en gros, on prête des appareils jetables à de parfaits inconnus afin qu'ils documentent leur quotidien. La plupart des personnes en question ne sont pas des photographes confirmés, et on se contrefiche du fait que leurs photos soient « jolies » ou non. On veut juste que ces contributeurs ponctuels nous montrent ce qui les intéresse, ce qu'ils ont tenu à immortaliser, et comment ils vivent.

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Pour cette première édition, on a refilé deux appareils à Eve, membre d'une communauté fondée sur le développement durable et basée dans l'Oregon. Une petite quinzaine d'habitants y vivent sans électricité et subsistent uniquement grâce aux matériaux qui se trouvent sur leurs terres de vingt hectares.

Après avoir vécu en ville, où elle officiait en tant qu'architecte, Eve s'occupe désormais de créer des structures durables, recycle des micro-ondes pour protéger sa nourriture des ratons laveurs du coin, et fabrique du fumier à partir d'étrons humains. Elle a passé un week-end à prendre des photos pour nous et j'ai brièvement discuté avec elle pour qu'elle me raconte sa vie sans électricité.

VICE : Comment s'est déroulée la première journée de ton week-end ? Qu'est-ce que tu as fait quand tu t'es réveillée ?
Eve : Je dors dans une petite cabane, sur un lit fait de palettes en bois contreplaqué. J'ai pris un café et un thé sur mon porche, qui offre une très belle vue sur différentes toilettes sèches. À 9 heures, j'ai assisté à une réunion avec quelques étudiants qui vivent actuellement avec nous et notre éducateur, qui nous a donné quelques leçons sur le plâtre et la peinture naturelle.

Ensuite, on a déjeuné à partir des restes de lentilles de la veille, qu'on a accompagnés d'œufs. J'ai nourri les poules et récupéré leurs œufs. J'ai coupé un arbre pour récupérer du bois, et je suis allée me baigner dans une rivière. Enfin, j'ai conclu la journée avec un petit feu de camp.

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Qu'est-ce qui t'a donné envie de vivre dans cette commune ?
Je suis venue pour m'éduquer, faire évoluer mes connaissances et aptitudes dans le domaine du design et de la construction. J'aimerais voir à quel point la construction peut être économiquement, environnementalement et socialement durable. Je sais que je peux le faire ici.

Quel type de personnes vit avec toi ?
En ce moment, il y a environ quinze personnes : des résidents, des étudiants et des travailleurs. Certaines personnes restent seulement une semaine, d'autres plus longtemps selon la raison de leur venue – ça peut être un cours, un atelier, ou un travail à accomplir en échange d'un logement et d'un peu de nourriture. Nombre des membres de la communauté sont à un carrefour de leur vie. Il y a par exemple cet informaticien de 50 ans qui a vécu en ville toute sa vie et veut redevenir étudiant et travailler sur des projets qui n'impliquent pas d'écran.

Qu'est-ce que vous mangez ?
Nous mangeons toutes sortes de graines et des légumes qu'on peut récolter ou acheter dans le coin. À chaque nouvelle vague de travailleurs et d'étudiants, on nous assigne un groupe de cuisine pour le matin et le soir. C'est l'occasion d'apprendre à manger et cuisiner différemment.

Tu coupes un arbre sur une de tes photos, ce qui n'a pas l'air hyper « durable ». Pourquoi ?
C'est la réaction que j'aurais eue avant de déménager ici. Ici, on nous apprend à vivre de manière auto-suffisante tout en étant connecté à la terre. Abattre des arbres est une manière de comprendre les systèmes et les demandes de la forêt. On laisse les arbres moins dominants tranquilles pour encourager la biodiversité forestière.

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Qu'est-ce qui te manque le plus de la ville ?
La vie est agréable ici. J'ai plus ou moins tout ce dont j'ai besoin. Mais c'est vrai que ça me manque de ne pas retrouver des crottes de souris sur mon lit à chaque réveil.

Est-ce que tu comptes déménager ?
Oui. En général, le temps est assez limité ici. Pour avoir sa place ici, il faut faire quelque chose – répondre à un besoin. Je ne compte pas déménager tout de suite, mais qui sait. J'ai emménagé ici avec l'intention de rester seulement quelques mois, mais ça va faire bientôt un an que je suis arrivée.

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