Hey les Yéménites, boire de l'urine de chamelle est mauvais pour votre santé

Les habitants de la péninsule arabique boivent de l'urine de chamelle depuis des temps immémoriaux. Les communautés bédouines l’utilisaient déjà pour soigner leurs malades, ainsi que comme traitement pour les problèmes capillaires ; le prophète Mahomet en personne l’aurait par la suite conseillé à ses disciples, les incitant à boire de l’urine de chamelle « jusqu’à ce que leur corps soit pur à nouveau ». Depuis le VIIe siècle, les Yéménites suivent ce précepte. Les statistiques sur le sujet sont rares, mais si vous passez un peu de temps dans la campagne yéménite, il y a peu de chances que vous rencontriez quelqu’un qui n’ait jamais bu d’urine de chamelle, au moins dans un but thérapeutique. Des chercheurs originaires de pays musulmans ont récemment tenté de fonder scientifiquement cette coutume millénaire. En février, une équipe de la faculté du roi Abdulaziz de Djedda, en Arabie saoudite, a prétendu avoir extrait de l’urine de chamelle une substance nommée PMF 701, laquelle pourrait guérir du cancer. D’autres études auraient démontré que cette même urine pouvait également servir à soigner l’eczéma et des cas de psoriasis. Pour autant, aucun centre de recherches officiel n’a eu le droit de fouiller plus avant dans cette direction. De fait, plusieurs scientifiques de la région ont publiquement condamné le fait de siroter de l'urine de chamelle. Des intervenants de l’université de Sana’a, la capitale du Yémen, ont largement protesté, rappelant notamment que l’urine était mauvaise pour le système digestif. Le docteur Rida Al-Wakil, professeur dans une école de médecine égyptienne, a confié à Alraï, un journal du Koweït, que les publicités en faveur de la consommation de pisse de chamelle étaient « trompeuses » et potentiellement dangereuses. Tandis que je me trouvais près de Ta’izz, la troisième ville du pays, j’ai décidé d’aller voir moi-même ce qu’il en était. Selon les bergers avec lesquels j’ai discuté, l'urine de chamelle vierge est réputée pour la finesse de son goût et sa puissance thérapeutique. Elle est vendue au tout-venant pour la somme de 15 euros le litre. J’ai cependant préféré acheter un litre émanant d’une chamelle non-vierge recueilli par un berger du nom d’Ahmed ; celui-ci m’a coûté 3,50 euros. J’en ai bu une longue rasade. Âcre et chaude, l'urine a bien entendu un goût infect. Mais lorsqu’elle est, comme ce jour-là (et comme le veut la tradition yéménite), mélangée à du lait provenant également d’une chamelle, c’est bien pire. Il est impossible de se débarrasser de l’arrière-goût musqué, tenace, qui s’empare de vous dès la première gorgée. À défaut de me sentir mieux, j'aurai perdu l'appétit pour quelques jours. Et la foi dans la médecine traditionnelle de ce pays.