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LE NUMÉRO ÉTÉ INDIEN

Hyper chimique

Koudlam fait la meilleure pop atmosphérique de France et personne n’est au courant.

Photo : Victoria Thomson

Koudlam fait la meilleure pop atmosphérique de France et personne n’est au courant. Ça vise les amateurs de Brian Eno qui pensent que tout ce qui s’est ou se fait en pop éthérée est gay ou réservé à un public composé de mecs efféminés. En fait, c’est un genre de world music anti-intello et c’est pas moi qui l’affirme, c’est lui. On a descendu une bière ensemble et il m’en a dit plus sur son obsession à propos des Indiens d’Amérique morts et des civilisations éteintes. Rien à battre des profs d’histoire : ce mec est la vérité. Vice : J’ai ouï dire que t’étais un peu malade ces derniers temps, ça va mieux ? Koudlam : Ouais, j’étais crevé. En ce moment, je fais de la musique, c’est à peu près tout. C’est quoi cette question, t’as vraiment écrit un truc comme ça ? Ouais. C’est un peu chelou tout ton délire sur les Incas, tu trouves pas ? À la base, c’est plus les Indiens d’Amérique du Nord qui me fascinaient, un peu comme tous les gens de ma génération, je crois, via les BD et l’imagerie que ça véhicule. Je suis hyperfasciné par les civilisations disparues et par la grandeur déchue. À un moment je me suis beaucoup documenté sur les premières cultures américaines, les cités, les pyramides et tout ça… T’es une sorte d’historien des choses auxquelles seuls les nerds de l’Histoire s’intéressent, en fait. Non, je suis musicien et non pas historien. Ce que j’aime, c’est retirer des éléments des musiques traditionnelles, des flûtes, des xylophones, et les associer à des trucs qui pourront paraître un peu incohérents au début, mais novateurs par la suite. En plus toutes ces sonorités sont très chimiques et collent avec la musique que je fais. Tu parles comme un prêtre indien, là. C’est parce que j’ai vécu 6 mois au Mexique. Remarque, je suis pas sûr que ça ait quelque chose à voir. J’aime plein de trucs antagonistes, et que ça se ressente dans ce que je fais. Mais ouais, faut savoir que je suis hypermystique comme mec ! C’est pour ça que ta musique ressemble un peu à ces trucs d’illustration sonore un peu hippie des années 1970 ? Ouais, en fait tout vient même carrément de là. Au début, Cyprien Gaillard voulait que je fasse des morceaux dans un délire à la National Geographic pour la BO de son film. Il voulait que je me réapproprie des sons de documentaires animaliers. Ce n’est qu’après que je me suis spécialisé dans la civilisation aztèque. D’ailleurs, ce que tu fais maintenant ne ressemble pas à ce que tu produisais il y a 2 ans… Dès que je me spécialise trop sur quelque chose, je change de direction. Sur l’album de 2006, il y a des morceaux comme « Electro Elvis Club » qui sont plus électroniques que ce que je fais maintenant. J’aime épuiser l’idée sur laquelle je travaille puis passer à autre chose. J’ai même fait du rap à une époque. Ton blaze de caillera « Koudlam », ça vient de ce temps-là ? Ouais exactement, j’ai fait pas mal de gueta à un moment et c’est une bonne méthode pour trouver des blazes sans avoir à se forcer. Je me sens toujours caillera, même si j’en ai plus trop l’air. « Koudlam », c’est un hommage à toute cette période agressive et adolescente. J’ai 29 balais mais je skate encore, mec. Son nouvel album Live at Teotihuacan est disponible sur Pan European