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Culture

En Australie, on scanne les Drag Queens pour en faire des oeuvres de réalité augmentée

Avec le projet Virtual Drag, le Deakin Motion Lab veut repousser quelques barrières.
Art Simone for Virtual Drag. All images and GIFs courtesy the artists

Les drag queens font une entrée flamboyante dans une nouvelle ère : celle du numérique. Désormais, leurs délicieuses performances sortent hors des murs des bars queers grâce aux médias sociaux, et notamment Youtube. La réalité virtuelle s'apprête à bouleverser les limites de la retransmission digitale auxquelles se heurtent tout performer : celles du corps, qui peine à trouver un véritable écho en version pixelisée.

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Par le biais de leur projet Virtual Drag, trois artistes australiens, Mark Payne, Alison Bennett et Megan Beckwith, respectivement finaliste et lauréate du Australian Post Art Prize, ont trouvé  au cours de leurs recherches au Deakin Motion Lab, le moyen de briser ce plafond de verre grâce à la création de scans tridimensionnels.

« Un jour j'ai lâché : je veux scanner des corps de Drag Queens! Et tout le monde a rétorqué : Mais OUI ! » raconte Bennett. Je suis fan du travail photogramétrique de Mark Payne, je l'ai donc invité sur le projet avec Megan pour qu'on travaille ensemble à le rendre possible. »

« Nous avons créé une cabine constituée de 143 caméras capables de balayer tous les angles possibles », nous explique Payne. Lui et Bennett ont « utilisé un logiciel de photogramétrie afin de réaliser le réseau 3D et les textures; Megan a ensuite ajouté l'animation et inséré les scans 3D animés dans Unity." poursuit Bennett. Le résultat final peut être expérimenté avec un casque Oculus Rift.

Le monde — encore assez neuf — de l'art numérique pourrait presque sembler déjà trop homogène. Dans le dossier de presse Virtual Drag, Alison Bennett le déplore, « Tant de projets de réalité virtuelle n'ont fait que présenter des corps féminins dénudés à un public essentiellement masculin » Ceci est peu étonnant, puisque le domaine est nettement dominé par des artistes masculins et hétérosexuels, ce qui laisse une place presque inexistante aux autres. La jeune femme nous explique les nombreuses barrières à franchir pour les artistes féminines et/ou gay avant d'entrer dans le très élitiste cercle de l'art numérique et de s'y faire une place. « Aussi bien Megan que moi-même avons vécu des situations où nous étions délibérément exclues des conversations, ou bien où l'on nous demande qui s'occupe de l'aspect technique de nos créations. C'est un travail constant pour défendre notre vision et faire entendre notre voix. »

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En dehors de son aspect militant en faveur d'une meilleure représentation dans le milieu des minorités sus mentionnées, Virtual Drag met la lumière sur l'art du transformisme, et ce, de manière interactive et envoutante. "Nous sommes très fiers du résultat (…) nous sommes parvenus à traduire l'enthousiasme de ces incroyables artistes et leur avons offert un nouveau moyen de diffuser leur travaux. »

Tout ce que vous voulez savoir sur Virtual Drag, ici.

Traduction : Alexandra Marmo