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Des chercheurs ont appris à un robot à traquer des proies

C'est le début de la fin.

Ok, les voitures autonomes de Google sont mignonnes, avec leur style quelque part entre la voiturette pour enfants et le papier tue-mouches, mais si elles veulent survivre dans le monde réel, il va falloir qu'elles apprennent à se comporter comme des prédateurs.

C'est en tout cas ce que pensent quelques chercheurs de l'Institut de neuroinformatique de l'université de Zurich. Récemment, ils ont appris à un robot à se comporter en prédateur et à chasser sa proie – en l'occurrence, un autre robot contrôlé par un humain – grâce à une caméra spéciale et à un logiciel qui permettait au robot d'apprendre à trouver ses marques.

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Mais l'idée n'est pas seulement de créer des robots capables de s'affronter dans des combats sanglants. Les chercheurs souhaitent développer un logiciel permettant à un robot d'évaluer son environnement et d'y trouver une cible en temps réel. Si les robots doivent un jour sortir des labos et s'introduire dans nos vies quotidiennes, cette aptitude leur sera indispensable.

"On peut imaginer des valises qui vous suivraient dans un environnement très peuplé comme un aéroport"

« Évidemment, cela sera utile aux voitures autonomes et aux drones, mais on peut aussi imaginer des valises qui vous suivraient dans un environnement très peuplé comme un aéroport, m'a expliqué Tobi Delbruck, qui enseigne à l'Institut de neuroinformatique, par e-mail. Il s'agit donc moins de leur apprendre à se comporter en prédateurs qu'en troupeau capable de suivre un berger, ou un enfant qui apprend à repérer et suivre ses parents. »

La structure externe du robot, à l'instar de son comportement, est modelée sur celles des animaux. Sa capacité à « chasser » repose essentiellement sur une « rétine en silicone » - inventée par Delbruck, entre autres, dans le cadre du projet VISUALISE financé par l'Union Européenne – qui imite l'œil humain et est capable de traiter instantanément de grandes quantités de données visuelles. On peut consulter un article décrivant son fonctionnement sur ArXiv.

Si un robot traquait sa proie à l'aide d'une caméra classique, la fréquence de trame trop lente donnerait une série d'images qui ne représenteraient pas réellement sa trajectoire de déplacement, surtout si la proie en question se déplaçait rapidement. La rétine en silicone, elle, ne produit pas de trames ; elle contient des pixels qui détectent individuellement et automatiquement des changements de lumière et transmettent ces informations en temps réel, ce qui produit un flux constant d'information visuelle au lieu d'une série d'images décousues.

Les données sont ensuite traitées par un réseau de neurones convolutifs – un programme qui ingère de grandes quantités de données afin « d'apprendre » quoi faire la prochaine fois qu'il aura affaire à une situation similaire. Autrement dit, plus le robot s'entraîne à traquer une proie, plus il en sera capable le moment venu.

« Les robots guidés par des réseaux de neurones sont très performants dans des situations qu'ils ont apprises grâce à un entraînement intensif, m'a expliqué Diederik Moeys, doctorant et auteur de ces travaux, par e-mail. Mais quand ils se retrouvent dans une situation nouvelle ou inconnue, les résultats sont parfois inattendus, voire franchement drôles. »

Autrement dit, si des prédateurs robotiques parcourent nos routes dans un futur proche, ce ne sera pas forcément une mauvaise chose.